1. les yeux sont le reflet de leur amour

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Mélusine ne sourit pas souvent, les yeux baissés, la mine terne, elle s'efface avec le décor ambiant. Elle est loin d'être la muse idéale, elle et ses façons négligées, être inscrite au groupe de théâtre ? Bien loin de ses idées habituelles. Le dos courbé, les bras croisés, elle attend que l'heure se meurt, dans un vain espoir de fuite auprès du sommeil.

Les paroles prennent du temps, les gens de la place et elle, de l'oxygène. Bien loin de comprendre que son tour arrive, la noire s'impatiente. Elle n'est pas à l'aise.

Mélusine ?

Elle lève les yeux, intriguée, qui donc est assez observateur, pour avoir pu noter sa présence ? Elle voulait pourtant se faire plus petite qu'une souris.

Mélusine !

Encore une fois la brune regarde de gauche à droite, sans pour autant déterminer de qui proviennent ces petits cris.

Elle se rend alors compte qu'elle se trompe sur l'origine de ces appels. Ils ne proviennent pas du commun des mortels mais de là-haut. Là où se trouvent les petits soleils artificiels. Le prof est sur scène. Et il l'appelle.

Elle ne veut pas.

Elle reste bloquée sur place. C'était une idée atroce ce club de théâtre, et tous les évènements qui l'ont entraînée à cet endroit et à ce moment précis se succèdent à toute allure dans sa tête. Elle devrait vraiment partir. Fébrile, les yeux baissés, elle ne fait pourtant pas un geste. C'est désormais au prof d'être agacé. Il veut vite terminer ces petites présentations pour aborder le vif du sujet, et cette gamine qui se pense au club de thé lui fait perdre de précieux instants.

Monsieur ! Je peux passer d'abord ?

Une voix juvénile s'est levée, les yeux toujours en bas, Mélusine ne sait pas de qui il s'agit, mais elle lui est infiniment reconnaissante. Le professeur, content, félicite ce jeune homme d'avoir pris l'initiative, et Paco monte sur scène et s'y installe comme s'il n'y avait jamais bougé.

Quand il commence à parler, Mélusine sait qu'elle devrait partir. Ses pieds restent cependant bloqués sur le sol et ses yeux ne peuvent s'empêcher de chercher qui est donc son mystérieux sauveur.

Leurs regards se croisent, et Paco s'arrête, seulement le temps d'un battement de cœur, seulement le temps d'un battement de cils, et pourtant cela semble leur durer une éternité. Toutes sortes d'émotions se mêlent entre eux ces âmes fraîchement retrouvées. Les yeux bleus de Paco percent ces yeux sombres qui le regardent avec timidité, il a l'impression de l'avoir toujours connue, pourquoi est-ce que son cœur se gonfle-t-il ? Pourquoi est-ce que sa gorge est-elle si sèche et que ses yeux se sont-ils remplis de larmes ? Pourquoi ces tremblements le prennent-ils et pourquoi est-ce qu'un immense sentiment de soulagement le tient-il en haleine ?

Mais d'abord...

Pourquoi est-ce que son cœur lui crie de l'embrasser jusqu'à n'en plus finir ?

Paco et MélusineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant