2. des larmes anciennes

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Faussement sûr de lui, Paco reprend sa tirade. Le cœur tremblant, il continue à parler de lui, sa vie, ce qu'il fait ici. Mais ses lèvres semblent évoluer dans une réalité alternative, les yeux fixés sur un point devant lui il n'arrive plus à regarder son public curieux.

Il pense à son regard. Ce qui l'étonne le plus, n'est pas sa réaction mais celle de cette inconnue, le désespoir mêlé à la passion qui ont résonné le temps de leur rencontre.

Les applaudissements mettent fin à la transe de Paco, et comme un automate il retourne s'asseoir, tout en fixant la place où la brune se tenait quelques instants plus tôt.

Elle est encore partie.

Encore ?

Le blond pousse un gémissement, semblant contenir toute la frustration du monde et les doigts gourds, il caresse ses lèvres. Des réminiscences sucrées lui montent à la tête.


Mélusine est partie.
Elle a finalement réussi à quitter cet enfer, mais si Paco avait continué à la fixer, elle n'aurait même pas pu faire un pas.

Haletante, elle s'est cachée dans un couloir de l'université, et son casque sur les oreilles, elle écoute de la musique. Les notes font valser son cœur, et sa voix s'élève malgré elle, argentine dans l'air frais de ce mois d'octobre. C'est seulement quand elle voit que son pantalon a des traces de goutte d'eau qu'elle sent les larmes dévalant ses joues.

Des torrents de larmes, de blessures et de peur continuent à couler des fenêtres de l'âme de Mélusine.

Quelle heure est-il ? Elle manque de s'étouffer quand elle voit que ça fait presque deux heures qu'elle est dans son petit coin.

Une main se pose sur son épaule.

Les épis se dressent sur sa peau, et haletante elle s'apprête à lui faire face. Le cœur battant elle lève les yeux vers... quelqu'un qui n'est pas lui.

Déception.

Tristesse.

Ce n'est pas celui qu'elle attendait. Mais qu'est-ce qu'elle pense ? Elle ne le connait même pas. La personne qui est face à elle est Hélio, une âme fraîchement rencontrée avec qui étrangement elle s'amuse parfois.

On a cours dans la même salle tu sais ?

Oui elle le sait. Mais elle aurait, pour une fois, voulu sécher.

Mais elle a été prise au piège et n'a plus d'échappatoire et c'est, éprise de sentiments contradictoires, qu'elle suit le gentil Hélio.

Mélusine ?

La brune arrive au cours pile au moment où le professeur appelle son nom. Oui c'est bien moi.

Vous deviez me rendre un travail.

Elle l'a ce travail, farfouillant dans le désordre qu'est son sac la brune trouve une copie légèrement froissée.

Légèrement, est un euphémisme et c'est ainsi que Mélusine se trouve à travailler dans l'amphithéâtre, 18 heures passées, alors qu'elle devrait être sur le chemin du retour.

Paco et MélusineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant