Chapitre 1

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D'un coup, sa vue était revenue laissant voir la pierre de la ruelle et un mur de brique plongée dans l'ombre. Mais ça n'avait duré qu'une seconde. Elle avait l'impression de perdre contact avec ce qui l'entourait, comme si un brouillard s'infiltrait en elle. Une brume devenue trop épaisse enveloppait ses sens. Plus un son, plus une lumière, plus une sensation. Puis, plus rien.

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Elle se réveilla avec un violent mal de tête. Toute étourdie, Éliane tenta de remettre en ordre les derniers événements.
Elle était arrivée sur la scène de ce qui semblait être un accident. Un ruban jaune entourait la petite bâtisse. Une équipe s'affairait déjà, sûrement pour déterminer la cause de l'accident.

Elle cherchait alors Miré. Son frère lui avait donné rendez-vous dans le petit restaurant.

Lentement, l'adolescente s'était  rapprochée pour mieux voir. Ce qu'elle avait vu l'avait laissée bouche bée. Un troue béant encore fulminant ouvrait un des murs de brique. De la poussière et d'autres saletés avaient été soulevées lors de ce qui devait être une explosion. L'air était sale, des débris jonchaient le sol. Les derniers rayons du Soleil reflétaient dessus, rendant la scène de plus en plus sinistre durant son déclin vers l'autre côté de la Terre.

— Est-ce que je peux savoir ce que tu fais ici, jeune fille? lui avait demandé sèchement un homme en la tirant de sa contemplation.

Vivement, elle s'était retournée. Devant elle se tenait un homme dans la trentaine. Sur son complet noir, elle pouvait voir son badge reluisant. Mais ce n'était pas ce logo dorée qui lui avait attiré l'œil, mais ce qui se trouvait au bout de la chaîne d'or autour de son cou. Ce pendentif... elle le connaissait que trop bien.

Cette pierre grise légèrement nuancée d'un bleu pâle... elle la détestait. Mais ce qu'elle détestait le plus, c'était ce symbole gravé, un léger rouge feu remplissait la fente. Les courbes des flammes montant vers le haut entourant un triangle équilatéral lui procuraient un sentiment de haine profond. 
Cette haine n'avait pas la même profondeur que la blessure en elle que cette marque avait occasionnée. Cette dernière était plus grande. Et la peur dominait la colère.
Devant elle se tenait un Owal. Ses semblables chassaient ceux comme elle depuis longtemps. Quand ça avait commencé? Pourquoi? Elle en était totalement dans l'ignorance. Une chose était certaine, ça l'avait privé d'une multitude de choses. C'était à cause d'eux qu'elle était là, seule, à attendre son frère et non en train de réviser ses examens de fin d'année.

Instinctivement, sa main avait cherché la breloque de son bracelet. Il ne pouvait pas savoir qui elle était...

Non, il lui avait seulement demandé ce qu'elle faisait là.

Éliane avait détourné son regard du symbole pour le diriger sur les yeux noisette de l'homme.

Qu'est-ce qu'elle pouvait bien répondre? Elle ne voulait pas paraître suspecte, cette personne pouvait la tuer... s'il savait qui était cette personne devant lui.

— Je... je...

Ses yeux étaient fixés sur ses pieds.

Ressemblant un peu de courage, question de ne pas paraître déstabilisée, elle avait répondu :

— Je m'étais perdue... est-ce que vous pouvez me dire par où je dois aller pour rejoindre le fleuve? avait-elle ajouté en relevant la tête pour replonger ses yeux bleus dans ceux noisette.

Elle avait tenté un léger sourire. L'homme avait hoché la tête.

— Si tu prends la rue à ta droite, tu vas finir par voir la rue Ruisseau à gauche, tu tournes et continues jusqu'à l'interception, puis tu vas à droite, sinon c'est un cul-de-sac à gauche, avait-il expliqué. Puis... je sais plus.

Ne sachant pas quoi répondre, Éliane s'était contentée de hocher la tête.

— Ou si t'es pressée, tu peux emprunter la ruelle entre l'épicerie et la pharmacie, tu devrais tomber sur une rue très peu fréquentée, mais t'as juste à tourner à droite et suivre le chemin, renchérit le Owal. Sinon, regarde ton cell ou demande à quelqu'un d'autre.

Il lui avait désigné la ruelle en question. Une atmosphère sombre y régnait. Elle aurait préféré éviter cette place, mais s'éloigner de cet homme était sa priorité.

— Et... avait commencé l'homme.

— Désolé, mais je dois vraiment y aller, s'était-elle empressée de dire en se dirigeant vers la direction indiquée par le Owal.

Elle avait souri à son interlocuteur avant de s'engager dans l'ombre du passage. « Et si c'était un piège? » n'avait-elle pu s'empêcher de penser une fois happée par l'obscurité. Bien qu'elle appréhendait ce qu'il pouvait y avoir, elle ne voulait absolument pas rester plus longtemps avec cet homme.

Lentement, elle avait avancé. Tous ses sens étaient aux aguets. C'était dans des moments comme celui-ci qu'elle aurait bien aimé avoir une capacité plus développée. Si elle avait été comme Miré, elle n'aurait pas à s'inquiéter ou du moins, un peu moins. Sa vision était restreinte à un ou deux mètres. À son plus grand étonnement, le chemin tournait. La jeune fille avait hésité. La peur nouait son ventre. «Piège... Piège...», lui soufflait une partie de sa conscience. Alors que cette moitié voulait rebrousser le chemin, l'autre trouvait que l'homme était encore plus dangereux.

En même temps, s'il s'agissait d'un piège, c'était lui qui l'aurait fait, donc ça revenait à aller le voir. Elle pouvait peut-être retourner en arrière, en longeant le mur et en rentrant dans la première bâtisse avant qu'il ne la voit... Elle avait peut-être une chance. Peut-être... Voulait-elle courir ce risque? S'il la voyait, elle aurait l'air encore plus suspecte.
En jetant un coup d'œil à la continuité du passage, elle s'était dit: «qu'est-ce que j'ai à perdre? Si on m'attaque, je peux toujours faire demi-tour et courir».

D'un pas prudent, elle s'était engagée dans le tournant.

                                                                                             

Premier chapitre de Zoniac,
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