Chapitre 4

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Les secondes passèrent, interminables.

— Comment tu t'appelles? finit-il par demander.

Éliane fut prise de cours, elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui parle aussi doucement. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Finalement, elle regarda celui qui lui avait parlé. Il la regardait patiemment. Son regard semblait moins dur. Les secondes passèrent.

L'adolescente prit une longue respiration avant de murmurer dans un souffle presque inaudible:

— Éliane.

La peur parcourait chaque centimètre de sa peau. Le calme de l'autre la troublait. Elle l'aurait imaginé plus violent.

— Très bien, moi c'est Éloi, répondit-il en opinant légèrement la tête.

Il se retourna et pointa l'autre garçon.

— Lui, c'est Anselm

Il  dirigea son doigt vers la fille.

— Et...

— Ezna, l'interrompit-elle.

Éloi hocha la tête en silence. Il donnait l'impression de faire ce geste en réfléchissant.

Il refit face à Éliane. Le bracelet glissa au bout de ses doigts. La jeune fille regarda son balancement presque hypnotisée. Il était moins pénible de se concentrer sur le petit bijou que sur ce qui l'entourait. Éloi la sortie de sa rêverie en lui demandant d'une voix plus brusque:

— Comment tu l'as eu?

Toute douceur s'était envolée. Éliane crut discerner une certaine urgence mêlée de crainte, pas envers elle, de toute façon, elle était inoffensive ainsi attachée, mais envers la potentielle réponse.

— C'est un ami qui me l'a donné, pourquoi?

Si Éliane paraissait calme de l'extérieur, son cerveau bouillonnait. À sa connaissance, seuls les Zoniacs et les Owals savaient la signification du symbole, seuls eux pouvaient vraiment y voir une importance.

Durant un cours un instant, elle oublia ses liens et tenta de se redresser. Elle pesta intérieurement.

Anselm fixa Éloi, comme si ce dernier l'avait senti, il se retourna pour le regarder. Puis Éliane eut de nouveau le droit à son attention. Elle le vit réfléchir quelques secondes. Il s'approcha. Éliane sentit son sang faire un tour: il devait être un Owal.

À son grand étonnement, il se pencha et se mit à défaire tranquillement les cordes, ce n'était qu'un simple nœud qui la retenait. Elle entendit ses liens percuter le sol. Éloi se releva sans se presser, recula et attendit. Indécise, Éliane mit quelques secondes avant de comprendre. En prenant appuie sur ses bras, elle retrouva une position assise. Elle balança ses jambes qui tombèrent à côté de la table. Cependant elle ne se leva pas.

— Et comment ton ami a fait pour l'avoir? continua Éloi.

— Je... je sais pas, il a dû l'acheter? répondit vaguement Éliane.

En disant cela, elle se sentait idiote, mais son jeu porta ses fruits. Tous trois semblaient pris dans une profonde réflexion. Si elle n'était pas une Zoniac, son ami devait l'être. S'il l'avait bien acheté comme prétendu, des Zoniacs vendaient leur bijou ou du moins ce qui les ramenait à leur origine. Ou encore des Owals le leur avaient volés et se faisaient de l'argent.

Ezna rejoignit Éloi. Elle lui chuchota quelque chose à l'oreille. Son ami opina doucement la tête.

Plus le temps filait, moins Éliane les trouvaient agressifs. Ils semblaient être trois amis unis et marqués par un même malheur. Sa présence les avait apeurés. Et si... peut-être bien... pensa-t-elle. Elle avait eu une idée, une pensée qu'elle n'avait guère envisagé: et s'ils étaient comme elle... des Zoniacs?

ZoniacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant