Chapitre 3

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  Ses oreilles sifflaient alors que le mal de tête l'assaillait toujours. Elle se sentait épuisée, mais de quoi? Un étourdissement la prit dès qu'elle tenta de bouger au prix d'énormes efforts.

Où était-elle? Pourquoi l'avaient-ils amenée? Avait-elle fait quelque chose? Savaient-ils qui elle était? Alors que les questions fusèrent, elle retenta de bouger ses doigts. L'engourdissement était tel que rien ne fut.

Son impuissance la submergeait. Elle entendait des murmures, à peine perceptibles, mais bien là: elle n'était pas seule.

Maintenant que la surprise était passée, elle sentait la boule dans son ventre.

— Mais, comment elle a pu obtenir ça?

Ce fut la première chose que Éliane comprit. Elle se concentra sur son ouïe.

— Je sais pas, moi! Elle pourrait l'avoir trouvé par terre, s'exclama une voix.

Elle la reconnut, c'était la même que plus tôt dans la ruelle, celle qui semblait vouloir raisonner son coéquipier.

Depuis combien de temps était-elle ici? Miré la cherchait-il? Miré... La pensée de son frère lui fendit le coeur. Où était-il? Et le Owal?

Ses yeux toujours bien fermés, elle avait conscience qu'elle se trouvait dans une pièce carrée, couchée sur une table rectangulaire et accompagnée de trois personnes. Alors que seulement deux s'étaient fait entendre, elle pouvait percevoir la présence d'une autre, une femme.

Comment le savait-elle? Elle avait probablement eu un coup à la tête tantôt qui commençait à faire son effet. Elle avait déjà eu cette impression de sentir ce qui l'entourait, mais jamais en détail, jamais assez pour dire si c'était une femme ou non.
Elle se les représenta en train de la regarder.

— Elle se réveille, dit la femme.

Son pouls s'accéléra.  Allaient-ils lui faire quelque chose? Devrait-elle faire comme si elle était toujours endormie? Non, ils savaient qu'elle ne l'était plus.

Maintenant que son engourdissement était passé, elle se sentait prête à bouger. Elle ne put ramener ses bras, ce n'était pas par manque de force, ses poignets étaient attachés.

Elle essaya de terrer en elle la panique qui montait.

Sa tête bascula sur le côté. En ouvrant les yeux, elle vit trois personnes qui l'observaient. Le premier à droite avait les cheveux tirant entre le brun et le châtain coupés court, il devait la dépasser de cinq à dix centimètres. Les bras croisés, il la toisait d'un mauvais œil. Ses yeux pers laissaient voir une forte détermination, mais aussi de la colère. Elle ne semblait pas la bienvenue. Le second, légèrement plus petit, avait les cheveux blonds. Ses yeux noisette laissaient voir une certaine douceur. La troisième, qui était belle et bien une femme, la regardait méfiante. Ses yeux noirs semblaient la détailler, chercher ce qu'Éliane avait derrière la tête. Cette dernière était juste terrifiée.

Tous devaient être âgés entre seize et dix-huit ans. Alors qu'elle, attachée sur une table, sans défense, n'en avait que quatorze.

Comment avait-elle fait pour se retrouver ici? Ses yeux passaient furtivement d'une personne à l'autre, ne sachant où se poser. Ce ne fut qu'à ce moment qu'elle vit que le plus petit tenait quelque chose dans ses mains, un bracelet. Éliane eut un choc en le reconnaissant: c'était le sien.

La marque sur la breloque circulaire était ce qui la rattachait aux Zoniacs. Leur symbole partait d'un petit cercle d'où quatre tiges ondulantes sortaient se terminant par ce qui semblait être des feuilles. Un peu devant l'endroit où la feuille rejoignait la tige, un cercle était tracé, puis trois autres, se terminant au centre de la feuille, l'avant dernier était plus large. Un sixième fermait le tout, seules les pointes des feuilles le reliaient.

Même si elle le savait, elle ne put s'empêcher d'essayer de tâter son poignet. Ses liens l'en empêchèrent. Tout ce qu'elle réussit: leur montrer que ce qu'ils tenaient devait symboliser quelque chose pour elle ou du moins qu'il était important. Ce n'était pas le geste en tant que tel qui était significatif, ça devait plutôt être ses yeux qui avaient dû s'agrandir.

Une pensée lui traversa l'esprit, une supposition qui la terrifiait: et si c'étaient des Owals? Mais ils l'auraient sûrement déjà tuée. À moins qu'ils avaient des doutes et que le bracelet n'était qu'un test?

Un certain effroi devait se lire dans ses yeux malgré ses vaines tentatives de camouflage. Celui de droite avec les cheveux brun-châtain prit le bijou à son coéquipier. En revenant vers elle, il le lui présenta dans sa paume.
Éliane ferma les yeux, remit sa tête droite et se concentra sur sa respiration. Oublier la situation délicate dans laquelle elle se trouvait relevait de l'impossible, mais elle voulait, du moins, essayer de maîtriser sa peur et toutes autres émotions qui l'assaillaient.

Elle ne put s'offrir ce court répit que trop peu de temps.

Elle savait qu'il s'approchait sans le voir ni l'entendre. Elle leva la tête et faillit s'étrangler en le voyant juste à côté d'elle. Il respirait la confiance, mais surtout la détermination, gare à celui qui lui barrait la route. Éliane voulait qu'il recule. Sa présence la rendait inconfortable. Son cœur recommençait à battre bruyamment dans ses tympans. L'odeur de panique devenait de plus en plus insistante.

Le visage de l'homme était de marbre, impossible de deviner ses pensées. Il la scruta quelques secondes avant de se tourner vers celui qui tenait initialement le bracelet. Durant ce court instant au cours duquel il se retournait, une ombre furtive glissa dans son regard, trop éphémère pour qu'elle puisse l'interpréter. Un échange silencieux passa et le premier recula d'un pas. Éliane relâcha sa respiration. Elle n'avait même pas eu conscience de la retenir.

Il se déplaçait telle une ombre, sans bruit, marchant avec la fluidité d'un danseur de ballet, avec sa légèreté du moins.

Éliane avait l'impression de passer un examen, qu'il fouillait dans sa tête. Les bras croisés, il la toisait inlassablement. La jeune fille balayait la pièce d'un bord à l'autre. Elle fuyait ce regard inquisiteur, mais cherchait surtout à se calmer.
Mettre toute son énergie sur les petits détails l'apaisait. Elle remarquait un plein de petites choses qu'elle n'avait pas était capable de voir à son réveil, comme cette petite fissure sur la porte de bois, la peinture écaillée, les tuiles du plafond légèrement moisis par endroit, la vieille lampe projetant une lumière jaunâtre qui se faisait refléter sur son pied orné de gravure florale ou alors les clous du plancher de bois.

Ils allaient bientôt commencer leur interrogatoire ou du moins c'était ce qu'elle espérait. Ce n'était pas de devoir répondre à des questions qui l'enchantait, elle voyait une perspective pour parler d'elle, pour leur parler de quelqu'un qu'elle n'était pas et ainsi peut-être empêcher de perdre sa vie.



Voici un nouveau qui, j'espère, vous aura plus.

Désolé pour les délais irréguliers entre les publications. Ça faisait un petit bout de temps que ce chapitre (et quelques autres qui sont à venir) reposait, mais avant de le publier, j'avais besoin de le corriger. Entre devoirs, études, nouvelles consignes dû aux covid 19 et autres, je n'ai que bien peu de temps pour travailler sur mes projets personnels.

Assez de blabla,
Des avis? Des commentaires?
Qui sont-ils? Des Owals? Des personnes normales? Quelles sont vos hypothèses?
Savent-ils qu'elle est une Zoniac?
Que ce passe-t-il avec Miré?

Et merci de vous plonger dans l'univers des Zoniacs.

ZoniacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant