L'Évidence de T'Aimer - Tome 2 [Is It Love ? Ryan]

Prologue

Ryan

Chercher dans mon esprit, relater ce qui vient de se passer et espérer calculer les chances qu'a Bonnie de s'en sortir. Me rappeller de tout relève une dure réalité. Tirée sur la jambe et tirée dans l'épaule a un endroit peut-être pas vitale, mais tout le sang qu'elle a perdu me fait tirer la conclusion que c'est critique pour elle. La balle a sûrement touché une artère, une grosse veine et si elle s'en sort ce ne sera pas sans conséquences.

Dans ma tête c'est des allers retours entre la réalité des faits, les miracles et les chances que l'opération se passe bien. Et puis quand j'en viens à la conclusion que ça aurait pu être pire, que Bonnie aurait pu se faire tirer dans le ventre, le coeur, la tête, je repense à Madame Rosie. Elle non plus ne méritait pas cela. J'aurais mieux maîtrisé la situation et approfondi un échange avec ces malfrats, peut-être ce chaos aurait pu être évité. Mais quand je l'ai vue, j'ai perdu l'ensemble de mes moyens et mon coeur a pris le dessus sur tout.

J'aurais jamais pensé que le diable choisisse mon association comme moyen de m'atteindre. Et il a bien réussi, s'en prendre à Bonnie est pire que de me tuer, c'est une véritable souffrance. Mon téléphone se met à vibrer deux secondes pour m'annoncer l'arrivée d'un nouveau message. C'est sûrement son frère qui a été mis au courant par l'hôpital. Ah non, c'est Jack.

Stewart : "La télé parle déjà de ce qui s'est passé, faites attention. Je vais faire mon maximum avec les enquêteurs. Reposez-vous monsieur Carter."

Son message est loin de m'importer quoi que ce soit. Les journalistes n'ont qu'à faire leur boulot, je m'en fiche. Tout ce qui m'importe est Bonnie. Simplement elle et personne d'autre.

Les dernières images tournent en boucle dans mon esprit : elle qui se précipite telle une fusée vers moi, le coup de feu, le bruit de son corps tombant sur le sol, ses vêtements imbibés de sang et ses paroles bouleversantes et résignées. Le sait-on quand on va mourir ? A-t-elle senti que son corps la quittait ? Me dire qu'elle ne regrette pas ce qu'elle a fait avec ce sourire triste et cette voix basse me torturent. Elle est en vie, enfin elle respirait alors pourquoi me faire un adieu aussi dramatique ?

Je me prépare déjà à prendre ma voiture et sauter au dessus d'un pont si un médecin vient m'annoncer des mots terribles. Je suis prêt à me suicider dans le seul but de ne pas la laisser tomber là haut, de lui présenter mes excuses et lui dire que je m'en veux. Prêt à tout quitter pour cette femme, même ma vie, même mon entreprise, même Jenny, même Gauthier. Tout pour Bonnie. Parce que jamais je ne pourrais continuer à vivre si elle ne fait plus partie de ce monde. Le monde dans lequel je suis tombée amoureux d'elle...

Je guette chaque pas que j'entends, chaque silhouette de personnages en blouse blanche avec crainte et espoir. Des regards dansent sur moi, l'homme seul et triste aux habits tachés de sang... de son sang. Je m'en contre-fiche, je ne quitterai pas cet hôpital tant que je ne saurais pas si elle va bien ou pas. J'attends le moment où Zach débarquera en furie pour me demander des explications ou venir me casser la gueule puisqu'il travaille dans cet hôpital.

Je m'en veux tellement. Elle n'était même pas encore dans le bureau que cet enfoiré l'avait déjà tiré dessus. Mais sans cette balle qui était pour moi, elle ne serait pas dans un état d'urgence. Oui, elle serait sur une table d'opération mais je serais déjà en train de me demander quoi lui dire quand j'irais la voir en salle de repos.

Et là, je ne sais même pas si je la reverrais en vie un jour et cette pensée m'angoisse. Une angoisse de ne plus savoir quoi penser, de plus savoir comment respirer et à quel point j'ai pu être si con pour ne pas avoir eu l'idée de demander de me rendre à ces mecs à condition de laisser Bonnie sortir du bureau. Aussi pour Rosie ! Je les ai mises en danger ! Une décédée et une dans un état grave ! C'est ma faute, mon entière faute ! Je ne peux m'en prendre qu'à moi, même pas à ces trois mecs. Je suis un adulte, je suis plus âgé que Bonnie, j'aurais dû la protéger. C'était la seule chose à faire pour elle.