Maison close

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1er Décembre 1940

Rambouillet,

Maison des Odalisques, 9 heure du matin.


Il avait dormi comme un loir, vautré dans les draps doux et parfumés, ses cheveux en bataille sur les oreillers moelleux. Tout cela, lui avait, cette nuit encore, procuré un grand réconfort. Après presque trois semaines passées dans une cellule étroite et sinistre, il savourait chaque petit détail qui contribuait au confort.

Madame Simone l'avait accueillit avec beaucoup de gentillesse et de simplicité. Et avait d'emblée pris ses joues en affection. Celles ci s'étaient retrouvées pincées entre les doigts aux ongles laqués du rouge N°1 de Chanel. Il convenait toutefois aisément qu'il y avait pire comme torture.

Seiya était donc confortablement installé dans une coquette chambre, sous la soupente du dortoir des filles.

Enfouissant la tête sous les oreillers, il sourit. Les filles de Madame Simone... Une envolée de papillons, de rires et de fanfreluches. Elles l'avaient couvé dès le premier instant. Le jeune homme était loti mieux qu'un coq en pâte, il était en permanence bichonné. Un véritable pacha dans un harem duveteux.

Son arrivée et son installation avait donné lieu à des scènes et des moments cocasses. Il étouffa un rire de sous l'oreiller. C'était à celle qui ferait son lit, l'autre rangerait ses affaires, une autre encore qui lui donnerait la meilleur friandise... C'est ainsi qu'il s'était retrouvé avec une boite de calissons, des pâtes de fruits, et... un beau morceau de melon confits. Entre ses délices et les confitures de Léonie, l'adorateur de gourmandises sucrées, s'était vu bien servit.

Il avait fallut l'intervention énergique et ferme de Madame Simone, pour que la ravissante troupe décampe, avec des rires aigus et des cris de joies stridents, pour qu'il puisse se poser un peu et étudier l'endroit curieux où il allait rester quelques temps. Un temps certain avait dit Aquarius...  La maison close de Madame Simone!

Il y était depuis peu, ses journées étaient essentiellement occupées à reprendre des forces et à régaler de ses accords de guitare les demoiselles de la maison. Il se savait l'objet de tout les soins et destinataire des oeillades de celles ci... Une seule cependant occupait ses pensées. Shaina... C'était pour elle qu'il jouait.

En pensant à elle, il se lova encore plus dans les draps, son visage s'enfouissant davantage dans le moelleux des oreillers de plumes. Ses doigts rencontrèrent le papier, un peu épais, il en connaissait chaque mots, chaque virgules, chaque point. Cette lettre ne l'avait pas quitté un instant depuis qu'il l'avait eu entre les mains. Il l'avait dans sa poche de pantalon la journée, sous son oreiller la nuit. Il en avait appris chaque mots, la toucher lui était aussi important que de la relire. Comme si une part de la jeune femme était là avec lui. Seiya n'avait qu'une hâte, la revoir le plus vite possible, il y avait un aspect de la missive qu'il lui fallait dissiper. Il ne laisserait aucun doute se mettre en travers de ses sentiments.

Quelques coups furent frappé à la portes de la chambre. Qui s'ouvrit en grand, sur quatre des pensionnaires du lieu. En peignoir ou en combinaison, en jupons froufroutant, pimpantes et joyeuses. L'une ouvrit rideau et volet, une autre portait un plateau en métal argenté chargé d'un copieux petit déjeuner, une autre se mit en tête de lui faire couler un bain et la dernière, tira sur les draps et les couvertures. Provoquant une bouffée de gênes immédiate chez Seiya, uniquement en bas de pyjama.

- Bonjour Seiiiyaaa!

- Bien dormi mon p'tit bouchon?

- T'es tout rouge! Ce que t'es chou!

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