Tea for two (2)

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24 Octobre 1942.

Londres, 16 Downing street. 16h38.


Le général Ariès consultait le "Daily Mirror", tranquillement installé dans un fauteuil, face à la cheminé, qui tirait une agréable chaleur, tout se devait d'être parfait, songeait il. La supercherie qu'il avait échafaudé avec Pegasus, ne pourrait souffrir aucun faux pas. Cette petite récréation, le rafraichissait agréablement. Le général était tout sourire, fier d'avance du petit tour, qu'ils allaient exécuter.

Seiya quand à lui, apportait la dernière touche, ultime clin d'oeil, que ce farceur invétéré et sans presque, aucune limite, avait imaginé. Le temps lui avait semblé très long, cependant, ils touchaient au but.

La paupière de l'oeil gauche plissée et la langue un peu tirée, à la commissure des lèvres, il prit un peu de recul, pinceau coincé entre le pouce et l'index, comme vérifiant la perspective de la toile, posée sur un chevalet devant lui.

- Voilà! Je pourrai ni faire mieux, ni faire pire... Et j'espère que Picasso n'entendra jamais parler de mon "chef-d'oeuvre"... Souligna espièglement, Seiya. Autrement... On peut considérer que je suis d'ors et déjà un homme mort.

Shion contempla, perplexe, la toile, et ne put contenir un éclat de rire, provenant du plus profond de son coeur. C'était effectivement à souhaiter, les belles demoiselles d'Avignon, tableau datant de 1907 et inaugurant le cubisme, venaient, pauvre d'elles, de prendre très très cher sous le pinceau de l'artiste en herbe.

La pendule sur le fronton de la cheminée carillonna doucement "moins le quart". Pegasus salua Ariès et s'empara de sa veste en cuir.

- Je file... Autrement j'vais louper Shun à la sortie de l'hosto. Ce qui serait particulièrement con! A tout à l'heure! Fit le jeune homme sortant précipitamment de la pièce, pour repasser la tête instantanément. Vous penser vous en sortir?

Une remarque que Shion accueillit d'une légère moue contrariée et assez comique, quand on connaissait le sérieux du personnage.

- Vous me prenez pour qui, mon petit gars? Certes j'ai renoncé aux charmes et au chant des sirènes depuis un long moment, mais tout de même... Je sais encore comment me comporter avec les dames! Du moins... Je le crois... Vous me feriez presque douter. S'inquiéta légèrement Ariès, agacé .

- Doutez pas grand chef! Je plaisantais! Good luck! Lança Pegasus en prenant, cette fois ci, bien réellement, ses jambes à son cou.

Le jeune homme avait environ une demi-heure pour arriver devant la sortie des étudiants, June lui ayant confirmé, par téléphone, à leur pause méridienne, que Shun était bien présent ce jour. Le seuil de la résidence de Shion, à peine franchie, il remarqua la belle Rolls Royce noir de Lady Heinstein, arriver dans l'élégante rue, se parquant le long du trottoir.

"Parfait! A nous de rire maintenant!" Pensa Pegasus, courant à vive allure dans les artères de Londres. "A nous deux mon ami! Désolé d'avance si j'te casse ton super coup, mais... Les conneries, ça suffit!"


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Essouflé par sa course, il arriva juste à temps, devant le bâtiment hospitalier. Reprenant haleine, il scruta les étudiants d'âges divers et variés qui en sortaient, pour enfin, réussir à repérer Shun, parmi eux. Il remarqua également June et lui adressa un bref sourire en même temps qu'un petit salut. Il s'avança, à nouveau fringant, vers son ami, qui s'attardait à bavarder avec un confrère.

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