Harry et Louis habitent ensemble depuis maintenant cinq ans. Ils ont tous les deux le même rêve : avoir un enfant. Malheureusement, la loi leur interdit de réaliser ce rêve car ce sont deux hommes. C'est alors que pendant un voyage, le couple va tom...
- Il faut qu'on appelle la police pour les prévenir qu'on a trouvé deux corps dans la forêt.
- Mais Harry, tu as perdu la tête ? On ne peut pas appeler la police, je te rappelle qu'on a leur bébé chez nous là... C'est du kidnapping !
- Si ces gens étaient des sans-abris... Peut-être que leur bébé n'a pas été déclaré..? Je n'en sais rien... Et puis, il n'y avait personne dans la deuxième maison, ça veut bien dire que les personnes étaient ailleurs ? Donc elles sont toujours en vie et vont bien voir qu'il n'y a plus de bébé chez leurs voisins...
- Et si les deux maisons appartenaient au couple ? Peut-être qu'ils en avaient déjà construit une pour leur enfant ?
- Je ne sais pas Louis...
Bébé se met à pleurer. Il est assez grand pour se relever et se mettre en position assis, sur le canapé. Nos regards sont fixés sur lui.
- Je pense qu'il a faim.
- Ça mange quoi un bébé à cet âge là ?
- Je ne sais pas, de la purée sûrement ? Des choses faciles à mâcher.
- Hmm. Je m'en occupe.
Harry se dirige vers la cuisine et cherche dans les placards ce qu'il peut bien y avoir de bon. Je décide de m'assoir aux côtés du bébé et le prends sur mes genoux.
- Va, calme toi. Qu'est-ce qu'on va faire de toi, petit ange ?
Le bébé se calme, mais de grosses larmes coulent toujours sur ses joues.
- Harry, je vais l'emmener dans la salle de bain pour désinfecter ses petits bobos.
- Vas-y.
Je monte avec le bébé dans les bras. Qu'allons-nous bien pouvoir faire de lui ? Il a une tête si adorable. Je dois reprendre mes esprits. Je pose bébé à l'intérieur de la baignoire pour qu'il ne s'échappe pas le temps de prendre du coton et du désinfectant. Il reste tout sage. Sa petite tête tourne de droite à gauche pour découvrir les lieux, totalement nouveaux pour lui. Je mets le désinfectant sur un bout de coton et m'approche de lui.
- Voilà, attention ça risque de piquer un petit coup.
En effet, il se met à hurler. Puis pleurer. Puis il repousse un hurlement. C'est fatigant.
- Tout va bien là-haut ?
- Oui oui, ça va ! Ca pique, c'est normal !
Je repense à ces désinfectants rouges que ma mère mettait sur mes bobos quand je tombais à vélo étant petit, et c'est vrai que ces désinfectants spéciaux pour les enfants ne faisaient pas mal. Malheureusement pour bébé, il n'y en a pas dans la pharmacie du chalet.
- Et voilà, c'est fini ! Tu as été un bébé très courageux !
C'est en lui faisant un petit bisou sur le front que je sens une odeur abominable. Ne me dites pas que... Arh !
- Harry, tu peux me monter les affaires du bébé s'il-te-plaît ! Je crois qu'il vient de lâcher la grosse commission là...
- Bahaha. C'est pas moi qui m'en charge, je fais la cuisine !
Mon mari monte le grand sac rempli d'affaires et le dépose devant moi dans la salle de bain. Il s'arrête devant la porte et nous regarde.
- Un souci ?
Il se met à sourire.
- Non. Je trouve ça mignon comme scène. Toi qui tiens un petit bébé. C'est un peu l'image dont je rêve depuis des années.
Je lui souris à mon tour, un peu gêné, puis il repart en direction de la cuisine. Je change la couche du petit monstre tout sage et je me rends compte que je me débrouille finalement plutôt bien. Je le remets dans ses vêtements si petits, c'est adorable. Ce n'était pas si terrible que ça en fait.
- Tu es très sage mon bébé. C'est bien !
Je viens d'appeler cet enfant "mon bébé"... Aïe, je crois que je suis piqué. Je le prends dans mes bras et descends les escaliers pour rejoindre mon chéri qui a presque fini de faire à manger. La façon dont il me regarde est différente de d'habitude. Je vois un regard tellement tendre, un regard brillant. Ah, je me rends compte qu'en fait, ce n'est pas moi qu'il regarde, mais bien le petit homme dans mes bras.
- Tu veux porter Ange ?
- Ange ?
- Oui. C'est le prénom que j'ai envie de lui donner. Parce qu'il a une tête d'ange et que c'est un ange, tu vois...
- Louis je...
- Ecoute, je sais ce que tu vas me dire. Je ne devrais pas lui donner de prénom. Je ne devrais même pas le serrer contre moi quand je le prends dans mes bras. Mais c'est plus fort que moi, Harry, j'ai le sentiment que c'est nous qui l'avons sauvé et que c'est notre petit homme maintenant...
- Louis, ce n'est pas un chiot qu'on trouve abandonné dans la rue... C'est un être humain...
- Je sais mais... Je te jure que c'est plus fort que moi. Je ne veux pas le rendre, je ne peux pas. Il n'a plus de parents, de toute manière même si leurs voisins voulaient le récupérer, les services sociaux diront que ce n'est pas un endroit pour un enfant, et encore moins un bébé. Il serait donc placé en foyer, qui sait comment il serait traité là-bas ? Regarde son visage s'il-te-plaît.
Harry baisse les yeux sur le bébé et ne le lâche pas du regard. Il prend sa petite main avec deux doigts et me regarde à nouveau.
- Alors... Tu es d'accord ?
- On le garde.
On le garde. C'est donc la décision qu'on a décidé de prendre avec Harry. Et on va tout faire pour qu'on ne nous le retire pas. Aujourd'hui, nous avons pris une décision qui changera notre vie à jamais. On veut offrir à ce petit bonhomme une deuxième vie, et il sera la nôtre.
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