𝐅𝐀𝐍𝐁𝐎𝐘. ⋯ ʰʸᵘⁿˡⁱˣ 🪐

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"Se consumaient d'un feu funèbre, les prunelles de l'homme, assaillit par le deuil, assaillit par le devoir de tout laisser derrière lui ; sa justice devait triompher. L'homme avait parcouru le monde en quête d'un idéal et d'une réalité sans personne à ses côtés. Il avait rencontré son alter-ego : des noms similaires, d'apparences communes mais doté d'une personnalité sidérante. Pourquoi une telle rencontre ? Etaient-ils réellement liés ? Cet homme imprudent qui, alliant impulsivité et courage, ne demeurait qu'ennuyeux aux yeux de son alter-ego, troublé dans son sommeil virginal. La vie de l'homme imprudent était un duel constant, et, cartes en main, il se déjouait des mauvaises mains pour au mieux les exploiter. Gagnant ou perdant, peu lui importait.  Destin favorable ou non, les lauriers de la victoire s'étaient dressés sur sa tête et raffermissaient ses liens avec le Monde ; l'homme brillait de mille feux, éclairait la pénombre, mais la gloire est un art éphémère : les œuvres disparaissent, s'estompent, se brisent, se déchirent, ainsi est leur destin. Mais c'est ce qui faisait tout l'art de ce voyage : il consistait à se donner corps et âme, sans inquiétude pour toute impermanence."

Hyunjin referma son livre d'un coup sec, jetant un regard au petit comité de gens en face de lui. Il venait de lire un extrait de son dernier roman : Alter-Ego. Ce fut un succès immédiat. Les maisons d'édition s'arrachaient ce jeune écrivain et les critiques des journaux se révélaient excellentes : 

"Un vent frais sur le monde de l'écriture."

"Des mots maniés avec brillance, élégance et avec maturité. Exceptionnel."

"Une grande philosophie pour un si jeune âge."

Des mains se levèrent, avides de poser des questions à ce jeune artiste. Hyunjin se rassit correctement sur son siège, décroisant ses longues jambes couvertes par un pantalon noir et ramena quelques mèches de ses cheveux foncés en arrière. Il faisait un peu chaud dans la petite salle mais Hyunjin n'avait aucun moyen de s'éventer. Tant pis, il attendrait que cinq minutes s'écoulent pour espérer partir le plus vite possible. Sa journée avait été éreintante. Sa seule envie : se rouler en boule dans sa couette et dormir trois jours. Son manager personnel autorisa une première personne à poser une question, en dépit des autres qui baissèrent leur main levée. 

- Qu'est-ce qui vous inspire à écrire vos livres ? On dit partout que vous possédez une muse de l'écriture ! 

- Tout ce qui m'entoure est source d'inspiration. Un moment du quotidien peut me permettre d'écrire, aussi simple soit-il : comme un oiseau qui se pose sur une fenêtre ou un chat accroupi dans l'herbe. Et pour la muse, je ne suis pas si talentueux que ça. J'écris juste sur des sujets actuels, et je pense que c'est ça qui plaît aux gens. Autre question ?

Quatre mains se dressèrent. Mais une seule personne encore fut prise : 

- Des rumeurs courent comme quoi vous comptez écrire un nouveau roman, est-ce vrai ?

- Je ne peux rien révéler pour l'instant. J'écris tous les jours, alors il se pourrait bien que j'ai quelque chose à vous proposer. 

- D'accord ! Merci ! 

Les questions s'enchaînèrent par la suite et Hyunjin prenait assez de temps pour y répondre. C'était mûrement réfléchi. Cela lui permettrait de gagner du temps et d'accéder au repos rapidement. Un garçon au fond de la salle levait constamment la main, mais le manager semblait ne pas le remarquer. 
Ses taches de rousseur piquaient ses joues et son nez, et sa jambe était prise de petits tremblements incessants. Lorsque l'interview de l'écrivain prit fin, le garçon paraissait dépité parce qu'il n'avait pas pu prononcer un seul mot. Alors il avait simplement serré son livre contre lui et quitté la salle en même temps que les autres fans. 

Hyunjin put enfin souffler dans sa voiture, affalé sur son siège et la tête contre la vitre, les yeux rivés sur la route. Son manager prenait le volant et tourna au coin d'une rue. Amusé, il demanda :

- On dirait que tu as couru un marathon. Tout va bien ? 

- Je suis physiquement crevé... C'était l'interview de trop aujourd'hui. D'abord le shooting photo ce matin, courir aux quatre coins de la ville pour des rendez-vous et manger sur le pouce à midi, ça m'a terminé. Je veux rentrer. 

- À quelle adresse ? 

- Dans mon appartement. J'ai besoin de réfléchir quelques jours. Décale mes obligations, s'il te plaît. Je dois me concentrer sur mon prochain roman. 

- Tu as enfin décidé de ce que tu allais faire ? Ou tes idées sont encore floues ?

- Même à toi je ne te dirai rien. Tu sauras en même temps que tout le monde, soit patient ! 

La phrase de Hyunjin s'était terminée par un bâillement semblable à celui d'un ventilateur. Son manager lâcha un rire. Hyunjin était vraiment une des rares personnes à bailler de cette manière... étrange. 
La journée s'acheva enfin. Hyunjin tourna ses clés dans la serrure de son appartement situé à la périphérie de la ville, dans une résidence tranquille. Il habitait au deuxième étage et jouissait d'une vue sur un parc de verdure et de fontaines diverses. Hyunjin détenait également une maison plus en direction de la campagne et il y séjournait lors de ses vacances ou quand des amis venaient lui rendre visite. Son appartement lui servait juste de repère pour son écriture et un minimum de sérénité. 

Un assez grand salon à peine séparé de la cuisine équipée et moderne, deux petites marches pour accéder à la suite de l'appartement : deux chambres, une salle d'eau, des toilettes et un palier. Tout l'appartement avait été pensé dans le style  Japandi  (un mélange japonais et scandinave) : empruntant au style japonais le concept esthétique et spirituel, d'autant que les couleurs sombres habillent les murs, accompagnées d'une vaste palette de teintes pastel, de peu d'accessoires et de matières naturelles, dans le style scandinave. Ce style correspondait totalement à Hyunjin. Tout comme il était un grand fan du motif  Burberry. 

Hyunjin posa son sac vers le canapé taupe, et s'y allongea, en dépit d'avoir pu atteindre son précieux lit. Le jeune homme dénoua son écharpe de son cou et ne perdit pas de temps pour s'endormir. La fatigue l'avait gagné sans pitié.