Prologue

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Elle s'agitait dans les épais draps du lit, soudainement éveillée par un sentiment qu'elle n'expliquait pas

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Elle s'agitait dans les épais draps du lit, soudainement éveillée par un sentiment qu'elle n'expliquait pas. Le coeur battant comme mille dans sa poitrine trop étroite, elle se livrait à un combat intérieur dont suaient ses tempes glacées.

Sans même se relever, elle tâtonna dans l'encre de la nuit afin de retrouver son téléphone portable, qui explosa de lumière lorsqu'elle alluma le petit écran. 1:32

Les chiffres ne mentaient pas, il était bel et bien le milieu de la nuit mais elle se sentait étrangement alerte, comme si c'eût été le matin, et que les mille rayons du soleil eussent étoilés les murs bleus de sa chambre d'ombres découpées par les arbres dehors. Se sentant bien incapable de se rendormir, elle balança d'un coup sec ses jambes fourmillantes et laissa retomber lourdement les duvets sur le sol froid. Pieds nus, jambes découvertes, elle ânonna quelques pas avec la respiration sifflante qui trouait le silence des ténèbres bleutées de curiosité. La fenêtre s'ouvrit par l'impulsion de ses doigts fins, puis suivit le volet avec un crissement familier qui retentit comme un rire de crécelle dans le village endormi.

Elle voyait alors s'étaler devant ses yeux écarquillés le sommeil d'un monde trop las, avec un ciel sans étoile mais mille lumières trop vives en-dessous de son ventre étalé nonchalamment. Les lampadaires abandonnaient sur le béton du trottoir et de la route les flammes jaunes de leur ampoule vieillie et les reflets qui se propageaient sur la masse grisâtres rappelaient les étincelles d'espoir que jetaient autrefois les constellations, là-haut, dans ce ciel qui ne brillait plus.

L'air frais attaquait ses poumons, mais sans méchanceté aucune. Elle inspirait fort le vent des étoiles, qui s'écoulait du firmament charbonneux, avec le chant des astres comme ami de fortune. Sa conscience affermie par ce rappel aux sens attrapait chaque signe, chaque mouvement et lui rendait, multipliée au centuple, les idées qui s'y rattachaient. 

Alors, se détachant dans les lumières tièdes des candélabres, qui veillaient, gardiens des nuits, sur le village, s'approchèrent les silhouettes monstrueuses d'énormes chiens, qui passèrent la maison en poursuivant chacun la laisse de son prochain, mais glissant sur l'asphalte comme trois fantômes aux allures animales. Ils s'évaporèrent dans l'atmosphère opaque des ténèbres. Étaient-ils les derniers vestiges du monde des rêves duquel elle venait de s'extirper ?

L'Absence des Étoiles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant