paréidolie \pa.ʁe.i.dɔ.li\ féminin
Type d'illusion qui fait qu'un stimulus vague ou ambigu est perçu comme clair et distinct par un individu. Autrement dit, tendance instinctive à trouver des formes familières dans des images désordonnées (dans les nuages, les constellations...).Lorsque, ce matin de brouillard, Aurore s'agrippa à la barre de métal glacée et humide de l'autobus, s'arrachant alors du songe matinal de la terre froide encore raidie de sommeil, et échappant aux mains des spectres de brume qui s'échappaient en volutes opalines du béton raide, elle sentit au plus profond de son être un bouleversement qu'elle n'avait jusqu'ici jamais expérimenté. Dans son petit coeur frêle s'agitèrent les émotions futiles que les pilules lui faisaient réprimer, mais qui éclataient à présent comme les bulles d'un champagne fraîchement servi sur son palais, rendant les fragiles membres de la jeune femme plus léger que l'air ambiant.
Elle s'avança soucieuse — si soucieuse, qu'elle en oublia de saluer le chauffeur ! —entre les sièges inoccupés et chercha sa place habituelle, là où le radiateur crachait une chaleur réconfortante contre ses mollets nus, où la buée créait sur la vitre une toile vide de sens, qu'elle s'amusait à colorier de ses doigts fins, dévoilant lentement le paysage à mesure du trajet.
Elle jeta d'un geste las son sac sur la banquette en face, se sachant toujours seule à cette heure matinale, alors que les oiseaux eux-mêmes encore ne chantent pas et que la pâle lueur du soleil hésite encore derrière les arbres, et enfonça un peu plus sa capuche sur ses yeux d'argent, qui fixèrent sans émotions les rétroviseurs.
C'est ainsi qu'elle l'aperçut, d'abord silhouette noire s'approchant comme le spectre des cauchemars, agitant ses bras pour faire signe au chauffeur de ne pas partir, de ne pas l'abandonner derrière. Le moteur vrombissait, signe que l'engin repartait et Aurore se trouva paralysée devant ce destin qui se déroulait devant elle. Un choix qui allait en amener beaucoup d'autres.
Elle se leva, et haussa la voix, malgré le tremblement de cette dernière :
- Monsieur ! Je crois que quelqu'un veut monter !
En effet, l'homme s'écroula peu après sur les sièges qui côtoyaient ceux qu'occupait la jeune fille, haletant de sa course. Seule le couloir les séparait et Aurore put observer à sa guise l'inconnu. Elle s'étonna de ne jamais l'avoir vu : pourtant, dans ces villages où règnent les rumeurs et où les habitants s'observent et se connaissent, malgré eux parfois, c'était chose rare. Il y avait quelque chose en lui qui attirait le regard. Certes, il était beau, grand et galbé, avec un torse bien défini et des bras sur lesquels se dessinaient des veines musclée. Mais ce n'était pas cela. Ce n'était pas non plus le nez droit, les pommettes hautes, les fossettes masquées par quelques rides, ni même le regard assombri de cernes, aux éclats pourtant éveillés ; mais peut-être le sourire rieur qu'arboraient ses lèvres en s'étirant d'un côté seulement, en forme de provocation sourde, alors que s'animait dans les yeux une lueur taquine qui intriguait beaucoup Aurore. Elle estima son âge à une trentaine d'années, bien que son style ne lui en présageait cinq de moins.
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L'Absence des Étoiles
Romance« Elle avait souvent demandé à ses parents, comment cela était, de pouvoir sentir sur les visages tournés vers les cieux, les douces lueurs des astres mais jamais ils n'avaient pu le lui dire. « Tu sais, on n'y prêtait pas vraiment attention » répon...