La reprise de l'université s'annonça tonnante et terrifiante. La jeune femme avait réussi ses examens et on l'avait fêtée lors d'un dîner familial au restaurant De La Couronne, que ses parents affectionnaient particulièrement. Sa mère lui avait proposé d'un clin d'œil d'inviter à ses réjouissances son ami Marc, et Aurore ne savait si elle se jouait d'elle ou si elle appréciait ce voisin au point de lui proposer de se joindre à cette occasion. Elle refusa de se poser plus de questions et la soirée se passa dans la joie du vin et de la bonne chair, et elle put oublier quelques instants le visage malicieux de celui qui occupait bien trop ses pensées dernièrement.
Un petit bémol dans ce retour sur les bancs de bois fût les trajets, bien plus ennuyant à présent que Marc prenait la voiture, se levant bien plus tard. Il lui avait bien proposé de se joindre à lui mais leurs horaires ne coïncidant plus, elle refusa poliment. Et puis elle souhaitait s'éloigner un peu, malgré ce que lui criant son cœur, car elle sentait que ce n'était pas bon, que ce n'était pas bien et que, comme Icare, elle se rapprochait d'un astre trop dangereux, bien que l'ivresse de sentir ses regards sur son cou délicat comme les rayons du soleil lui faisait perdre pied.
En revanche, si ils ne se retrouvaient plus entre les sièges froissés des autobus, c'était au café, lors de ces pauses, que Marc la rejoignait d'autant plus souvent. Il râlait contre ses collègues, disant envier la jeune fille qui travaillait seule, et l'aidait parfois lors des matinées trop occupées, à faire la vaisselle, à disposer les tasses et les biscuits sur les plateaux, et à encaisser les tickets en retard.
Un mardi de brouillard, après que le rush fut passé, et qu'ils savouraient au bar la nouvelle concoctions de la jeune femme — un cappuccino vanille et caramel, il leva la tête et croisa ses yeux d'argent.
- Aurore, t'es libre vendredi soir ?
Elle fronça les sourcils, soucieuse de cet élan soudain. Ils ne s'étaient pas revus en privé depuis l'incident du repas de Noël qui, malgré l'innocence apparente, avait laissé sur leur relation une marque incendiaire qui ne cessait de brûler.
- Pourquoi ? fit-elle sur la défensive.
- Oh, j'ai des amis qui viennent me voir, et je me disais que ce serait chouette que tu les rencontre, sourit Marc en trempant ses lèvres dans le café. Waou, tu t'es surpassée, il est vraiment délicieux ! Et pourtant Dieu sait que j'aime pas normalement les machins sucrés.
La présence d'autres personnes rassura étonnamment Aurore, qui se détendit un peu.
- Pourquoi pas ! Mais je veux pas faire tache.
- Tu feras pas tache, la coupa Marc, en secouant la tête. Ça me ferait très plaisir !
- Sûr ? Tu regretteras pas ?
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L'Absence des Étoiles
Romance« Elle avait souvent demandé à ses parents, comment cela était, de pouvoir sentir sur les visages tournés vers les cieux, les douces lueurs des astres mais jamais ils n'avaient pu le lui dire. « Tu sais, on n'y prêtait pas vraiment attention » répon...