Difficile à décrire ce qui anima Aurore les jours qui suivirent. Après le baiser, Marc était reparti, et elle n'avait pas eu le courage de le laisser ainsi s'éloigner. Bien qu'il ne l'avait pas rejoint, il n'avait cessé de lui lancer du coin de l'œil des regards amoureux, qu'elle avait attrapés pour les poser sur les lèvres, remplaçant les baisers qu'il gardait dans son cœur.
Julie, quant à elle, avait immédiatement perçu les changements de couleurs des joues d'Aurore, ses yeux d'argent étincelant plus fort que les étoiles anciennes, et s'était écriée « enfin » d'une voix tonitruante. Et puis la fin de la soirée s'était poursuivie jusque tard dans la matinée, alors qu'il fallut ramasser les erreurs d'hier. Quand chacun eut prit la route, un Marc aux yeux rougis de fatigue l'avait saisie dans les bras, avant de s'endormir sur le canapé. Elle n'avait pas pu fermer à nouveau l'œil.
Durant ces quelques jours, elle ne put le voir, car il avait été pris dans une grande affaire importante, qui nécessitait toute son attention. Bien qu'il n'aimait pas « texter » comme il disait, il ne pouvait s'empêcher de lui souhaiter de passer une bonne nuit. Chaque notification la faisait frémir.
Quant enfin il fut libre, il lui proposa de se voir en ville de Fribourg, après son dernier cours de la semaine. Elle avait, ce semestre, congé le jeudi après-midi et il en profita pour la retrouver à la sortie de l'université. Quand elle le vit, dans sa chemise un peu froissée, les cheveux d'or au soleil, elle s'excusa rapidement auprès de sa compagnie et courut le rejoindre, laissant derrière elle une poussière d'étoiles et d'amour.
Il se pencha pour l'embrasser mais elle esquiva, pour lui planter sur sa joue tout juste rasée, un baiser timide. Il lui sourit d'un air intrigué mais elle le coupa dans son élan :
- Du coup, tu avais prévu quoi ? sautilla-t-elle comme une enfant avant de s'arrêter.
Pourquoi se comportait-elle comme une gamine ?
- J'ai réservé un resto dans le coin, lui dit-il la regardant souriant.
- Waou, c'est adulte ça. Enfin, réserver. Je réserve jamais, j'ai trop peur des téléphones.
Elle se serait giflée. Mais il commença à rire.
- Tant mieux, je les ferais à ta place.
Un peu plus loin, alors qu'ils descendaient la rue principale, elle ne put s'empêcher de laisser échapper :
- Ça fait quand même très bizarre.
- De ? Nous, tu dis ? fit Marc.
- Oui. Enfin, je sais pas ça parait sorti d'un rêve, balbutia-t-elle en s'encoublant sur les pavés comme sur les mots.
- Je crois que je vois. Mais on prend le temps, d'acc ? lui répondit-il en lui saisissant doucement la main.
Cela la rassura un peu. Elle se laissa aller au rythme régulier de ses caresses sur sa paume, qui la firent frissonner. Autour d'eux, on se retournait. Elle n'aima pas ça et se sentit mal à l'aise.
Arrivés au restaurant, un endroit un peu chic, où des hommes en cravate s'amourachaient de leur compagnie, ils s'installèrent à une table qui leur avait été désignée par le serveur en nœud papillon.
Avant qu'il ne leur demande quoi que ce soit, elle souffla à Marc, à l'aise dans sa chemise froissée :
- Commande pour moi.
- D'acc ! Je crois en plus que je commence à bien cerner tes goûts, fit Marc d'un ton enjoué.
On leur apporta le verre d'apéritif, un champagne aux bulles étoilées et dont les reflets mordorés jouaient avec les couleurs du soleil dans le restaurant. Elle but timidement, il ne sembla pas plus à l'aise. Autour d'eux, les murs d'ocre les enfermaient dans une atmosphère pesante, renforcée par les vapeurs douçâtres qui s'échappaient de la cuisine et venaient alourdir encore un peu plus l'air autour d'eux. Les tables alentours chuchotaient sinistrement, et l'espace feutré étouffait chaque parole en murmure cynique. Ils sirotèrent comme des enfants leur coupe, jetant ça et là des regards inquiets. Après un instant de silence, Marc releva les yeux et murmura :
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L'Absence des Étoiles
Romance« Elle avait souvent demandé à ses parents, comment cela était, de pouvoir sentir sur les visages tournés vers les cieux, les douces lueurs des astres mais jamais ils n'avaient pu le lui dire. « Tu sais, on n'y prêtait pas vraiment attention » répon...