Chapitre 11

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« T-tu es sûr... ? se risqua à demander la pauvre brune à la suite du jeune inspecteur.
- Que ça va marcher ? interrogea le concerner. Non, pas du tout ! »

Il avait raison. Son plan était définitivement défectueux. Sana le savait. Elle l'avait su dès lors qu'il le lui avait expliqué. Et pourtant, la réponse de son camarade ne fît qu'augmenter son angoisse. Elle s'était attendue à ce que lui, au moins, croit en ses idées. Qu'il les défende et qu'il paraisse si convaincu que son assurance déteigne sur elle. Mais le voilà qui clamait sans honte que ce qu'il s'apprêtait à faire n'était pas sûr de fonctionner. Si la stratégie n'était clairement pas son fort, on ne pouvait pas lui enlever son honnêteté. Cependant, ce n'était pas ce qui allait les sortir de leurs ennuis futurs.

Son plan était simple, rendre visite à la Ghoul à laquelle ils avaient fait face, à la prison où elle était enfermée. Un plan somme toute basique et pourtant, rien ne parut à la brune plus compliqué. La cochlée n'était pas le lieu dont la sécurité était la plus aisée à détourner, tout du moins pour des des civils sans laissez-passer. Mais s'il était enfantin de résoudre ce problème par le chapardage, il restait un sujet de taille à traiter : les portiques de sécurité.

Rien à voir avec ceux que l'on trouvait dans les aéroports. Bien sûr, des machines similaires se trouveraient sans doute à l'entrée, mais ce n'étaient pas elles que la jeune fille redoutait. Leur travail n'était pas de détecter les objets métalliques ou potentiellement dangereux, non. Elles scannaient les corps. Détecteurs de cellules RC présentes dans l'organisme des ghouls. Autant dire qu'il était impossible pour Sana d'espérer pouvoir passer le contrôle. Et pourtant, elle s'avançait à l'intérieur du bâtiment, idiote, cachée derrière l'inspecteur aux cheveux blancs.

Qu'est-ce qui la poussait à continuer à marcher vers sa mort ? La bêtise. Mais surtout sa curiosité dévorante. Une curiosité tellement forte qu'elle se sentait capable de tout tenter pour obtenir les réponses qu'elle cherchait. La personne qui avait tué Fujio avait un lien avec un passé qu'elle avait oublié et il fallait qu'elle le comprenne. Peut-être comprendrait-elle enfin les circonstances de la mort de son père ? Peut-être en apprendrait-elle davantage sur elle en même temps. Peut-être trouverait-elle des réponses à des questions qu'elle ne connaissait même pas encore ?

Mais voilà, arrivée devant les portiques, la terreur reprit brutalement le dessus. Non ! Non ! Aucune information ne valait la peine de signer son arrêt de mort ainsi. Ce n'était plus un risque incommensurable à ce stade, mais bel et bien un suicide. Bloquée devant, Sana s'était figée. Son corps semblait se déchirer entre deux exacts opposés. Un pas en arrière ? Un pas en avant ? Et alors qu'elle hésitait, une âme charitable -ou non- se décida pour elle.

« Allez ! Fonce ! L'encouragea Juzo en la poussant assez fort pour qu'elle avance. »

Étouffant un cri, elle se laissa basculer en avant, se rattrapant de justesse d'un coup de talon sur le carrelage. Cet unique pas suffit à ce que, sans même qu'elle ne le remarque, elle passe la terrifiante porte métallique. Réalisant ce qu'elle venait de faire, ses poumons se bloquèrent attendant l'ultime alarme qui annoncerait sa mise à mort. Elle était fichue. Comment avait-elle pu espérer que les choses se passent bien ? Elle voulait bien être optimiste, mais ses espoirs s'étaient pour l'instant plus approchés de la bêtise que de la positivité. Elle méritait bien la mort qu'elle allait subir. Elle l'avait cherchée. Et ce n'était pas plus mal.

Mais alors qu'immobile, elle attendait que quelque chose se passe, le calme resta imperturbable. Seul Juzo se risqua à briser le silence instauré d'un rire moqueur.

« Tu joues à "Un, Deux, Trois, Soleil" ? Pouffa-t-il en passant à son tour. »

Ses paroles rendirent sa mobilité à la jeune fille, qui, estomaquée, resta sur place à fixer la machine, comme si les réponses à la montagne de questions qu'elle se posait allait lui tomber dessus ainsi. Peut-être le portique était-il endommagé ? C'était un coup de chance beaucoup trop grand. Peut-être que sa condition d'hybride la rendait indétectable ? Cette idée lui parut probable.

Le Nom qu'Elle m'a Donné [Tokyo Ghoul]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant