« Arrête de t'enfuir ! Tu ne sais faire que ça ! hurla la ghoul. Je pensais que tu serais plus téméraire. Elle avait raison, tu es vraiment décevante ! »
"Décevante" ? Pourquoi ce mot l'horrifiait-il à ce point ? Les images d'un visage désapprobateur se dessinèrent à son regard. Un visage qu'elle n'identifia pas tout de suite. Un visage qu'elle connaissait sans connaître. Maman... Son cœur se serra dans sa poitrine et elle se crispa.
Elle se mit à pleurer. Des larmes qui ne lui appartenaient pas. Des larmes qu'elle ne comprenait pas. Elle se mit à sangloter. Comme une enfant venant de se faire disputer par ses parents, elle laissait l'eau glisser sur ses joues, la moue tremblante. Elle avait l'étrange sentiment que ces mots, prononcés de la bouche de celle qui l'avait élevé, étaient indiscutablement la pire chose qu'elle aurait pu entendre. Rien qu'à imaginer son expression, si Makoto revenait les mains vides, elle en avait des frissons. La dernière chose qu'elle voulait, c'était de la rendre malheureuse.
« Imagine sa joie ! Imagine son bonheur quand elle apprendra que sa poupée métamorphosée est enfin détruite ! »
Elle serait heureuse ? Heureuse d'apprendre sa mort ?
Elle s'arrêta de clopiner les yeux débordant abondamment. Elle parut résignée et n'eut pas le temps de se retourner vers l'ennemi que déjà, il l'empoignait avec violence. Se retrouvant plaquée contre le goudron, elle se tendis dès lors que sa joue rencontra le sol granuleux. Makoto était en plein fou rire. Sans doute était-il heureux d'enfin parvenir à ses fins. Elle cru même l'entendre dire entre deux gloussements : "j'ai attendu ça depuis si longtemps."
Dans sa tête, plus rien n'avait de sens, comme si le choc sur le bitume l'avait sonné au point de désordonner le peu des pensées qu'elle avait réussi à classer. Sana était assailli d'une marée de songes tous plus contradictoires les uns que les autres. Certains paraissaient tétanisés, terrifiés, apeurés. D'autres étaient résolus, déterminés à se laisser mourir. Mais d'autres encore, hurlaient à la riposte. Ceux-ci se faisaient d'ailleurs de plus en plus bruyants au fur et à mesure que les secondes s'étalaient.
« Tu passeras le bonjour à ton père de ma part, s'exclama soudain le futur assassin. »
Accompagnant ses paroles, il laissa s'enfoncer l'un des projectiles de son kagune dans la main de sa proie. Il suffit d'un grognement de douleur et d'un éclair de témérité à la brune pour enfin laisser place à la voix qui acceptait le combat.
Aussitôt, son propre kagune se déploya et en un instant le serpent qui naissait dans son dos, embrocha l'assaillant. Celui-ci eut un mouvement de recul et lâcha l'emprise qu'il exerçait sur ses omoplates. Haletant il continua à ricaner et marmonna des dires qui ne parvinrent pas jusqu'aux tympans de la brune. Un autre timbre pleurait bien trop fort à ses oreilles.
Sana se redressa, les yeux prêt à sortir de ses orbites. Mais lorsqu'elle croisa le visage de sa victime, sa vision se brouilla. Comme un brouillard enveloppant son regard, l'univers qui l'entourait se mit à changer peu à peu jusqu'à ce que Makoto lui-même se métamorphose.
Son minois tout d'abord, puis sa corpulence, ses vêtements, son entière apparence. Il n'avait plus rien du cinquantenaire qu'elle avait observé jusqu'à lors. Il n'était plus Makoto, il était... il était Maman.
Ce visage qui lui avait paru si aimant dans ses souvenirs aujourd'hui, n'avait plus rien d'avenant. Un air sévère se dégageait de son regard. Désapprobateurs, ses sourcils étaient froncés et sa tête se secouait doucement de gauche à droite. Elle n'était pas contente. Vraiment pas contente. Les bras croisés, elle la toisait avec mépris. C'est alors Sana apercevait son propre reflet dans ses lunettes de soleil qu'elle comprit que Juni avait momentanément pris sa place.
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Le Nom qu'Elle m'a Donné [Tokyo Ghoul]
Fanfic__________________ Je pense que du plus loin que remontent mes souvenirs, je n'ai jamais été seule. Oh bien sûr, le sentiment de solitude m'a touché parfois... plusieurs fois même, mais aujourd'hui je comprends. Je comprends que peu importe si tout...