Chapitre 2 : le passé

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« Diana ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je n'en sais rien !

- Sors-nous d'ici, je t'en prie ! Fais quelque chose !

- Je n'y arrive pas... Je suis désolé, je ne contrôle plus rien

- Diana, sauves nous ! Réveilles-toi !

- Je suis désolé... Je n'y arrive plus... »

***

On tente souvent d'oublier le passé. On nous dit qu'on devrait vivre en traçant une longue ligne droite, lisse, sans accroc. On nous dit qu'il faut avancer sans se retourner, ne pas trop réfléchir à ce qu'on a vécu, n'en tirer que des leçons. Mais ça ne marche pas. Personne ne sait faire ça. La moindre de nos décision peut tout changer, tout faire basculer, la moindre rencontre peut transformer à jamais notre vision de la vie. Et le passé n'est jamais un morceau fini, il fait toujours un peu parti du présent parce que tout ce qu'on a dit ou fait peut avoir des répercussions sur ce qui arrivera plus tard. Parfois même, le passé ressurgit, incarné par un être qui nous était cher, par une phrase, une photo, un souvenir. Il joue avec notre présent, joue avec nos émotions. Nous sommes tous traumatisé, plus ou moins, en bien ou en mal. Mais au fond, notre conscience est marquée au fer rouge par d'anciens évènements vécus et il nous est impossible de les oublier, de faire comme s'ils n'avaient pas existés. On croit être capable d'archiver des périodes, on se dit que c'était il y a longtemps, qu'il faut passer à autre chose, que tout est terminé, mais c'est souvent au moment où en pense être le mieux débarrassé d'un souvenir que la vie choisit de remettre devant nous des fantômes du passé. Ils reviennent au galop pour nous aider à terminer les histoires que l'on avait laissé inachevées.

Le calme régnait à Megève où était installé le chalet des Earl. La grosse maison était placée dans les hauteurs, à quelques kilomètres de la ville. Isolé par une large forêt de sapin, entouré de montagnes glacées l'endroit inspirait le calme et la douceur. De temps en temps, lorsque le soleil partait dormir, quelques chamois ou des marmottes osaient s'approcher du puit en face du chalet et observait la lumière qui passait au travers des fenêtres. Ceux qui tendaient l'oreille percevaient une douce mélodie, les murmures d'un piano dans la chambre la plus à gauche du chalet.

Diana était assise, ses doigts glissants sur les touches de l'instrument. Elle ne réfléchissait plus, ne pensait plus, ne vivait plus. Elle se laissait emporter dans son méli-mélo de musique, croyait voire apparaitre des serpentins colorés autour d'elle, dansants au rythme de ses désirs. Il était environ dix-neuf heure trente, elle devait aller servir à manger aux autres. Ils avaient passés leur journée au chalet, à faire des jeux entre eux, à discuter, à se reposer de la route, et à manger tout ce qui trainait. Diana s'était rendu invisible, elle avait préparé leurs petits déjeuners tôt le matin, avait fait attention à ce qu'il ne manque rien nulle part puis s'était enfermé dans sa chambre. Elle avait peint toute la journée, seule. Elle s'efforçait de ne pas penser au fait qu'Isaac n'était qu'à quelques mètres. Ils ne s'étaient pas croisés de la journée, elle ne l'avait pas revu depuis leurs retrouvailles de la veille. Elle ne voulait pas trop y réfléchir, ignorer cette situation qu'elle était pourtant contrainte d'assumer. Pour le moment elle avait préféré fuir, s'enfermer, comme toujours. Elle ne savait faire que ça de toute façon...

Alors qu'elle jouait toujours, elle sursauta tout à coup, surprise par la présence d'une silhouette à l'entrée de sa chambre.

- Isaac. Tu m'as fait peur ! Tu ne pouvais pas toquer ? râla-t-elle surprise.

Les mots du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant