objet griffonné - mots laideur

18 8 1
                                    

je laisse mes poumons cracher le goudron noir qui a décidé de les envahir subitement. les murs se resserrent contre ma cage thoracique. ils font suffoquer mes objets trouvés, ceux qui bâtissent mes mots sans coeur ni beauté. des boules de papier froissé jonchent le sol, elles tapissent le silence pour rendre ses déchirures moins bâclées.

(agave, tes mots bancals ont bouffé nos espoirs de voir un jour la douceur dans leurs prunelles)

je souris en voyant le désastre que l'encre fuyant de mon stylo crée sur son passage. ma plume se meurt lentement. elle n'aime plus la mocheté que j'offre à ses songes de nuitées parfumées de symphonies éphémères. les ratures trainent un peu partout dans mes paroles désaccordées. elles font mal. elles vomissent le flux d'horreurs que je déverse dans leurs ossatures. mes mots abritent l'infamie du monde. les trous noirs, les démons, les plaies béantes, les nuits blanches et pourpres, novembre qui fane et l'amertume d'un jour oublié. ils triomphent sur les effluves hurlantes de ma peau qui perd de son sang. il n'y a que la mort qui a essayé un jour d'aimer mes mots en défaisant leurs envies de faire sauter les étoiles par la fenêtre de leur nuit.

(agave, tes mots bancals ont détruit la présence de lumière dans tes abîmes sombres et immortelles)

les coussins sont en lambeaux. les plumes virevoltent aux côtés de ma rage. la folie a pris mon corps comme otage dans sa course folle vers la quiétude. mes maux à mots ont donné aux cordes l'envie folle de jetter leurs soupirs aux goût de mort à la trappe.

mots bancals, l'objet trouvé, errant sur la colère d'une laideur vomitive

objets trouvés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant