Il ne me reste que très peu de temps. Je cours à travers les couloirs. Mon rythme cardiaque n'a jamais été aussi rapide et je suis essoufflé comme je ne l'ai jamais été dans ma vie. Mes pieds martèlent le vieux sol de métal rouillé et je sais qu'à n'importe quel moment, je peux m'enfoncer un clou dans le pied. Je sais aussi que les conséquences de rester ici seraient bien pires que tout ce qui pourrait m'arriver en courant trop vite. Ils sont derrière moi. Je le sais. Leurs grognements résonnent comme dans une cathédrale et leur odeur me monte aux narines me donne envie de vomir. Toutefois, je continue, sachant que si j'atteins la lumière qui se situe à quelques dizaines de mètres de moi, je serais sauf. Je retournerai chez moi et je serais accueilli en héros, si je ne meurs pas avant. Je sens une pression sur mon épaule. La chair décomposée. Le sang de ses anciennes victimes, son souffle qui se rapproche de mon cou de plus en plus et son haleine de viande humaine qui me chatouille la nuque qui ne sera bientôt plus attachée solidement à mon corps si je ne tire pas. Je saisis la seule arme que j'ai encore sur moi, et je fais feu, en direction de sa tête. Celle-ci est touchée et il s'écroule, derrière moi, mort. Je suis soulagé, mais ce sentiment ne dure que quelques fractions de secondes avant de s'évaporer dans la puanteur de la place. Je continue à courir en espérant ne pas avoir à dispenser les trois balles qui résident encore dans mon chargeur, attendant sagement de faire une autre victime. Finalement, j'y suis. Je me résous à utiliser l'une des précieuses munitions de mon arme pour faire sauter la serrure de la lourde porte de métal qui bloque l'échappatoire que je recherche pour maintenant plus de 13 heures. 13 heures passées dans le stress constant de mourir, voir pire, dévoré, m'alliant ainsi contre mon gré à mes ennemis de toujours. Maintenant, tout est fini. Je suis à l'extérieur. Je referme maintenant la porte que je bloque solidement grâce au kit spécial que j'ai volé au village avant de partir. Ça y est. Je suis libre. Libre de respirer aussi fort que je veux, libre de sauter, libre de manger quand je veux et libre de boire si j'en ai envie. Tous ces jours de privation me font apprécier encore plus les petits privilèges de la vie comme le papillon de couleur jaune qui virevolte au-dessus de ma tête, ou la douce caresse du vent qui me chatouille tendrement le visage. Au loin, à travers le grillage, j'aperçois de nouveau le lac Shen et je décide de m'asseoir sur le sol de béton pour mieux apprécier le panorama magnifique que m'offre la nature. J'agrippe mon sac à dos et je saisis une petite pochette de tissu contenant des amandes. J'entends un bruit. Je me retourne et je vois la double porte par laquelle je viens de passer enfoncée. Complètement détruite par une horde de ces choses. Je décide de me déplacer pour ramasser mon arme, que j'ai déposée non loin de moi. Erreur. La horde entière se retourne, et commence à se diriger lentement mais sûrement vers moi. Une puissante poussée d'adrénaline m'envahit. Je me lève d'un coup, paniqué, et je ramasse l'objet de métal qui représente probablement ma seule chance de survie. Trop tard. Je n'ai le temps que de sentir un souffle rauque sur ma nuque avant que celle-ci ne disparaisse, broyée sous la puissante mâchoire de la créature qui m'attaque. Je sens mes membres se paralyser. J'essaie de me débattre, mais je sais que ça ne sert à rien. Ma vue se brouille, avant de devenir entièrement noire. Dans quelques heures, à mon réveil, je ne suis plus Rayan. Je suis l'un des leurs.
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L'Arkaï
AdventureDepuis le départ de son frère vers l'ArkaÏ, tout a changé dans la vie de James et quand le village se rend compte que leur seule protection contre les créatures qui s'y cachent est brisée, le jeune homme se voit attribuer une mission qui changera so...