Chapitre 3

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J'ouvre les yeux petit à petit tant cela est difficile. Mais je dois me forcer à me réveiller, j'ai si mal à la tête que j'ai peur que si je me rendors cela soit bien la dernière fois. J'essaye de regarder autour de moi mais tout est si sombre que je perçois peu de chose, de plus ma vision est très floue à cause de larmes qui viennent embrumer mes yeux. Je crois percevoir une petite porte en face de moi. Et il doit y avoir une fenêtre derrière, car la lumière vient de là, sûrement bien petite car la pièce est peu éclairée. Voilà c'est tout ce que je parviens à identifier.


J'ai un affreux goût métallique dans la bouche. C'est dégoûtant et je ne comprend pas ce que ça peut être donc je crache et je vois jaillir du sang mélangé à de la salive. Me frapper à la tête n'était visiblement pas suffisant pour ces hommes. Ils ont profité que je sois à terre et que j'ai perdu connaissance pour me donner quelques coups gratuits. Courageux.

Je suis couchée sur le ventre et à travers mes vêtements j'arrive à sentir que le sol est glacial. Il y a un peu de paille étalée par terre, peut-être pour éviter que je ne meurs congelée. Je ne suis pas seule sur ce sol de glace car des insectes rampants, que je n'arrive pas à identifier, m'accompagnent. Les murs sont gris, tout comme le sol et je suppose le plafond. Il n'y a aucune fantaisie ici, tout a été fait pour que le lieu soit triste et lugubre.

Je n'entends aucun son à part des bourdonnements incessants. Je ne sais pas s'ils proviennent de la pièce ou bien de ma tête. Mais à part ce bruit mystérieux, le silence est si prenant qu'il pèse sur moi avec force. Pas la moindre personne qui parle, qui rit, qui joue ou même qui pleure. Il n'y a pas de vie ici.

Mais si j'ai autant de mal à me concentrer sur tous mes sens c'est parce-qu'une odeur horrible accapare mon esprit. Elle est si puissante qu'elle vient jusqu'au plus profond de ma gorge et me donne envie de tousser. Elle s'attaque avec violence à mes yeux et les fait pleurer à cause de la sensation de brûlure. Je n'avais jamais senti une chose pareille de toute ma vie. Je comprends d'où vient l'odeur lorsque j'arrive à m'assoir et que je me retourne d'un quart de tour.

Un corps dans un état de décomposition avancé se tient en face de moi, couché en direction de la fenêtre et les pieds toujours entravés de lourdes chaînes. Je ne sais pas comment cet homme est arrivé ici mais il doit toujours attendre l'ordre indiquant de le libérer. Tous les insectes rampants se dirigent vers lui et le dévore. Mais ils ne sont pas les seuls. Des centaines de larves sortent de son corps abîmé et des mouches volent tout autours de lui. Les bourdonnements n'étaient donc pas dans ma tête.


La vue se mêlant à l'odeur je ne parviens plus à me retenir et je vomis le peu qu'il me restait dans l'estomac. Je n'arrive pas à bouger assez vite à cause de mon corps endolori et je me salis au passage. Je cherche un petit point d'eau du regard mais il n'y a rien dans cette pièce. Aucun lieu de toilette. Juste une porte et une fente dans le mur en guise de fenêtre.

Ils ont bien écouté mon frère et m'ont vraiment donné la pire des cellules, cadavre inclus. Je fais tout pour ne pas le regarder car cela est trop dur. J'essaye de ramper pour m'éloigner de lui mais je suis encore trop près. Je veux me lever et bien que je sois entravée je parviens à me mettre sur mes deux pieds. Mais à peine ai-je réussi cet exploit que mes jambes tremblent et je m'effondre.

Cependant je ne peux pas rester là. Je dois aller à la fenêtre, j'ai besoin de respirer, j'ai besoin d'oxygène. Je sens que je suffoque dans cet air putride. Donc je recommence une fois avant de m'effondrer à nouveau mais je n'abandonne.

J'arrive à faire un pas puis un autre. La petite fente se rapproche de moi, je vais bientôt y arriver. Pour m'aider j'essaye de me rappeler à quoi ressemble un vent frais. Il viendra me caresser le visage et enlèvera toutes ces saletés ambiantes qui se sont imprégnées en moi. Je ne suis plus qu'à quelques centimètres lorsque je tombe. Dans ma chute j'effraie tous les animaux rampants qui s'écartent le plus rapidement possible de moi. Cette fois-ci ce ne sont pas mes jambes qui m'ont lâchées. La chaîne me reliant au mur est trop courte et me laisse à quelques centimètres de l'extérieur.

Je ne pourrais donc pas respirer. Je vais devoir rester à moins de deux mètres d'un mort. Je vois des mouches, sûrement rassasiées, s'envoler vers l'extérieur. Moi je suis bloquée ici alors que pour elle c'est si facile de sortir de cet endroit. Ces pensées qui m'envahissent me font paniquer, mon cœur se met à battre trop vite et je suffoque. Je respire à grandes bouffées de cet air sale mais cela est insuffisant. J'ai le sentiment que je vais bientôt rejoindre mon compagnon de cellule dans l'autre monde.

Je suis détournée de mes pensées dévastatrices lorsque j'entends le grincement de la porte qui s'ouvre. Sans réfléchir je me précipite en sa direction. Je sais que je ne pourrais pas m'échapper car je suis attaché mais j'ai besoin de cet air nouveau. J'arrive à prendre seulement une grande inspiration avant que la porte ne se referme.

Je me retrouve alors aux pieds d'un homme gigantesque.

—    Ah enfin, tu es réveillée !  

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Toi là ! T'es super 💕

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Amour prisonnier: l'éveil {Tome 2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant