Chapitre 5

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Lorsque Naja m'a laissée hier, le soleil n'était pas encore couché. Il a eu le temps de se relever depuis plusieurs heures qu'il n'est toujours pas réapparu. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. C'était impossible de dormir ni avec cette horrible odeur, ni avec le bourdonnement incessant des insectes, ni avec l'image de fumée qui ne quitte plus mon esprit. J'ai l'impression d'être dans le brouillard et que le monde qui m'entoure est faux. Il ne peut pas être réel, tout ce qui arrive est bien trop terrible pour que ce soit vrai. Cet homme impressionnant m'enfume, il n'y a pas d'autre explication.

J'entends mon ventre se tordre. Je ne sais pas comment je peux avoir faim dans de telles conditions. Même si je n'ai plus envie de vivre, mon corps lui ne semble pas décidé à me laisser abandonner. Comme si le bruit n'était pas suffisant, maintenant mon estomac me fait mal pour bien me rappeler à l'ordre. Mais je ne peux rien pour lui, ce n'est pas moi qui décide de m'affamer.

Je regarde avec insistance les petits vers qui se délectent de mon voisin. Je les envie de pouvoir manger à leur faim. Je pourrais les manger. Il y en a tellement que peut-être même ça arriverait à me caler. Mais le fait qu'ils soient en train de manger un corps en décomposition me dégoûte encore. Mais je ne suis pas sûre de dire encore ça dans quelques jours si la faim persiste.

Je ne sais pas depuis combien d'heures je regarde ces petites bêtes lorsque j'entends la porte s'ouvrir. C'est Naja et il tient ce qui semble être un petit plateau à la main. On a donc pas décidé de me laisser mourir de faim et je m'en réjouis. S'ils savaient à quoi je pensais quelque temps avant, les vers seraient contents eux aussi. J'essaye de discerner si c'est bien de la nourriture mais c'est impossible de sentir quoi que ce soit ici autre que l'odeur d'un cadavre.

—    Désolé ça a pris un peu de temps, c'est la panique dehors donc difficile de préparer un repas. Tu es bien mieux ici !

Il dit ça en rigolant mais moi ça ne me fait pas rire. Je serai bien mieux dehors plutôt qu'ici à pourrir de l'intérieur autant que le corps à côté de moi. Mais lui, la situation l'amuse, il m'a bien fait comprendre hier qu'il était content. Il dépose le plateau sur mes genoux et vient s'assoir en face de moi.

Je soulève ce qui protège mon assiette et n'y voit rien de réjouissant. Une viande d'une couleur douteuse et un peu de blé. Mais au moins ce repas a le mérite d'attirer les mouches qui se détourne de leur premier butin. Pas sûr que cela soit une très bonne nouvelle pour mon estomac. J'ai dû faire une mine de dégoût car cela fait réagir Naja.

—    Oui je comprends que tu n'aies pas trop envie de manger dans ces conditions ! Allez pose ce plateau.

Il se lève et se dirige vers moi tout en fouillant encore une fois dans ses poches. Il sort le même trousseau qu'hier. Il va donc me détacher, mais pourquoi ? Après l'avoir fait, il m'aide à me lever comme hier. Mais une fois debout, il vient se placer derrière moi et me serre fort les mains, si fort que ça me fait mal. Pas de doute, je ne pourrais pas m'échapper.

Il joue avec son trousseau pour sélectionner une nouvelle clé. Il m'emmène vers la porte et l'ouvre. L'air est déjà plus respirable ici. Je ne comprends pas où il m'emmène. Je passe devant plusieurs cellules avec des barreaux à la place des portes. Il y a beaucoup de personne, souvent entassés dans la même petite cellule. Ils nous supplie de les aider mais Naja reste insensible. Quant à moi je ne sais pas trop ce que je pourrais leur offrir. Ils demandent à manger ou à boire et je n'ai rien de tout cela en me possession.

On s'arrête devant une cellule mais avec une porte celle-ci. Je crois comprendre qu'il me change de pièce. Encore une fois il joue avec son trousseau et trouve vite la bonne clé. Je me demande si cette cellule est aussi bondée que les autres. Je ne sais pas si je préfère être seule ou si un peu de compagnie vivante et humaine ne me ferait pas du bien. Lorsqu'il pousse la porte, je constate que ça sera la solitude pour moi. On a fait le choix à ma place.

Naja m'attache à de nouvelles chaînes et part sans dire le moindre mot. J'espère ne pas avoir raté l'occasion de manger et qu'il ne reviendra pas seulement demain. En plus ici il n'y a plus de vers à manger même si j'aperçois quand même quelques rampants, ça ne sera pas suffisant pour se faire un bon repas. Mais en plus de la faim j'ai tellement soif. Et là manger des insectes ne m'aidera pas. Heureusement j'entends la porte s'ouvrir et voit Naja revenir avec mon plateau.

—    Voilà tu seras mieux comme ça. Tu sais, si tu es gentille avec moi, ton quotidien pourrait s'améliorer.

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Amour prisonnier: l'éveil {Tome 2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant