1 - Morgane

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— S'il te plait reste

Quand je regarde Lola, je sais que c'est elle. Je le sais, et j'en suis sûr. Lorsque je la regarde, je ressens quelque chose de fort, quelque chose d'intense me traverser le corps. Mais je ne saurais dire exactement ce que c'est, pourtant je ne connais pas Lola depuis longtemps. Un jeu de séduction s'est installé entre nous depuis quelques semaines. J'ai envie de la prendre par la main, passer mes doigts dans sa chevelure noire bouclée, la prendre dans mes bras et la câliner. Je contemple ses yeux noirs, sa peau blanche, très blanche même. Elle est belle avec tous ces piercings qui lui donnent quelque chose en plus. Elle fait plus adulte, plus femme. Elle l'était déjà, mais elle est encore davantage.  

C'est une fille exceptionnelle mais un peu timide parfois. Elle parle peu, mais c'est ce qui fait son charme. Je n'avais encore jamais ressenti ça pour personne et encore moins pour une fille. Qui aurait dit qu'un jour, moi Morgane, je tomberais amoureuse d'une femme ? En réalité, je pense que personne ne s'en doutait même si moi, je l'ai toujours su. Au fond de moi, je le sais depuis toujours. Enfin je crois. C'est bizarre, c'est un sentiment que je ne connais pas.  

J'étudie dans une école d'art, j'ai des amis, une famille mais la seule chose qui me manque et qui me rendrait vraiment heureuse, c'est une personne à côté de qui me réveiller le matin, quelqu'un avec qui prendre mon petit déjeuner, quelqu'un avec qui je peux rire, pleurer, danser, chanter et toutes ces choses qu'on fait avec la personne qu'on aime. Lola pourrait être cette personne et je veux qu'elle le soit. 

Assise à la terrasse d'un café, je regarde autour de moi, j'observe les gens passer, les couples assis l'un en face de l'autre en train de siroter leur cocktail. Je reste dans mes pensées, je songe à Lola et me demande ce qu'elle fait. Je serais incapable de dire combien de temps il s'est écoulé, mais j'ai eu comme une absence. Il a dû se passer une minute, peut-être deux avant que je ne m'aperçoive qu'un jeune homme se tenait debout devant ma table. Un grand brun à l'allure plutôt sportive, il est vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon noir. Le serveur sans aucun doute. Il porte un plateau à la main. 

— Mademoiselle, puis-je prendre votre commande ? Il me sort soudainement de mes pensées. 

— Oh, oui, pardon... veuillez m'excuser. Je vais vous prendre une salade de chèvres chaud avec un supplément Gingembre s'il vous plaît. Est-ce que vous avez le wifi ici ?  

— Oui, vous trouverez le code juste ici. Il me montre la porte d'entrée du restaurant d'un geste de la main portant un écriteau avec inscrit dessus une suite de chiffres et de lettres en majuscules. Vous désirez une boisson avec ça ?

— Une carafe d'eau fera l'affaire. 

Il prend congés avec ma commande qu'il a notée sur un bout de papier. Il revient quelques minutes plus tard avec le même plateau qu'il tient dans les mains, mon assiette et une carafe d'eau posées dessus. Je le remercie avec un signe de tête et commence à manger. A l'aide de ma fourchette et de mon couteau, je coupe dans le premier toast de chèvres. Il est tout simplement exquis, grillé à souhait à l'extérieur et coulant à l'intérieur. 

Je n'avais encore jamais mangé quelque chose d'aussi délicieux. On m'a chaudement recommandé cette brasserie, il parait que c'est l'une des meilleures. Maintenant je comprends pourquoi. On avait raison. J'ai rarement mangé quelque chose d'aussi délicieux. Il faut dire aussi que chez moi, les repas se résument souvent à une assiette de pâte devant la télévision. En ce moment je me refais l'intégrale de Desperate Housewives, ma série préférée. Je n'ai jamais été une adepte de la grande gastronomie. Je prends une bouchée de haricots verts assaisonnés d'un léger goût de vinaigrette, le tout mélangé à de la salade verte et des lardons grillés. Entre-temps, j'avale une gorgée de mon verre rempli d'eau. Je profite jusqu'à la dernière bouchée.

Amour passionnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant