Chapitre 1 (Ophélie)

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C'est bon. Son corps commençait à se retransformer et à reprendre cette couleur vert-de-gris qui l'eut étonné lors de sa première arrivée dans l'Envers. Comment a-t-elle fait, après trois journées de tentatives, pour parvenir à retourner ici ? Ces trois derniers jours, elle n'avait fait que passer de miroir en miroir pour ne rien trouver, à part tomber dans les maisons des gens, lesquels étaient étonnés par l'arrivée d'une jeune femme sans doigt qui traversait les miroirs. Lorsqu'elle tombait dans des maisons où se trouvaient des habitants de l'Ancien Monde, ils se précipitaient souvent vers elle, choqués, ou plutôt épatés. Elle devait alors se dépêcher de retourner dans le miroir, tout en se confrontant d'abord à son reflet. Le plus dur était de penser à sa destination. Souvent, elle arrivait dans des lieux inconnus pour elle, mais qu'elle aurait reconnus avant la rencontre des deux Mondes. Jusqu'au moment où elle réussit enfin à bien penser à l'Envers et à retomber dedans.

Ophélie retrouvait cet infini brouillard blanc autour d'elle. Elle marcha dans ce vide, cherchant un indice sur l'emplacement de Thorn. Elle espéra alors que, si elle parvient un jour à le revoir, cela ne se passera pas comme sa précédente rencontre dans l'Envers et que Thorn ne disparaîtra pas sous ses yeux, car ce serait probablement trop dur à encaisser pour Ophélie. Voir la victoire arriver, puis d'un coup, se volatiliser comme ses doigts sont partis avec son pouvoir qui l'avait aidée à décrypter le Livre de Farouk. En pensant à ça, elle regarda ses mains, une lueur d'espérance présente. Non, toujours un boudin sans doigts. "Ne pas oublier". "Retrouver Thorn". Ensemble. Elle avait peur. Peur, de ne jamais retrouver Thorn. Peur, de rester cloîtrée ici pour l'éternité. Peur, d'avoir fait tout ça pour, finalement, avoir sauvé le monde, mais pas elle-même. Elle reprit alors espoir, car il fallait le retrouver, et continua de marcher, dans l'attente du moindre signe. Au début, seuls le vent et l'obscurité étaient présents. Ophélie essaya d'articuler son prénom. Bien sûr, toujours aucun son. Ensemble.  Elle ne savait même pas si ces mots avaient toujours un sens. Même ensemble, ils ne seront pas les véritables "toi et moi" d'avant. Ensemble. Garder espoir. Elle retrouva ensuite son ombre, mais à la place où se trouvaient auparavant ses doigts, elle avait disparu. "Emportée avec son pouvoir familial". Chercher l'issue. Ensemble.

Une porte.

C'était la première issue. À la place de se diriger vers elle, c'est la porte qui alla à Ophélie tout en prenant de la grandeur. Ophélie put commencer à apercevoir l'entrebâillement de cette grande et imposante opportunité. Cela ne la surprit plus. La porte s'ouvrit. Rien.

Bien sûr, c'était logique, le pacte était rompu. Aucune personne, hormis Thorn, l'Autre et les autres gens ayant eu recours à la corne d'abondance, n'était enfermé dans cet Envers. L'Autre.

Et si Thorn avait-il été agressé par l'Autre ? Est-ce matériellement et physiquement possible ? L'Autre est-il capable d'exercer son pouvoir dans ce "côté" du monde ?

Non, elle se dit qu'il fallait qu'elle arrête de se poser toutes ces questions. Elle s'en posait beaucoup trop. Il fallait qu'elle se focalise sur son objectif, la seule raison pour laquelle elle était venue ici.

Chercher Thorn. C'était ça, son objectif : le retrouver, pour pouvoir vivre une vie normale et heureuse avec lui à la place de le laisser souffrir dans cet enfer. Ensemble. Jamais, quelles que soient les circonstances, jamais Ophélie n'abandonnerait la personne qui l'a le plus accompagné, le plus aidé, et surtout rendu heureuse. Malgré les embûches qu'ils ont connues ensemble, Thorn et Ophélie ont vécu beaucoup de bons moments ; ils étaient les seuls à savoir la vérité, au Mémorial. Ils s'étaient cachés sous de fausses identités pour sauver le monde : Thorn alias Sir Henry, Ophélie alias Eulalie. S'ils ne s'étaient jamais rencontrés, Ophélie serait probablement dans cet Envers depuis longtemps.

Une autre porte se dirigea vers elle. Idem. Toujours le même processus, toujours rien. Personne ne se trouvait derrière la porte. Ophélie espérait qu'elle en trouverait une avec une présence derrière.

Encore une autre porte arriva. Idem.

Encore une autre. Idem.

Et ainsi de suite.


La Passe-Miroir (Fanfiction) - L'Envers {EN COURS}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant