Épilogue

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-         Maman, pourquoi t'as pas de doigts ?

-         ...

-         Harry, dit Thorn, on ne parle pas comme ça à Maman.

-         Pardon, père...

-         Retourne donc jouer avec ta sœur ! lui ordonna Thorn.

Harry courut dans les escaliers, ferma une porte (celle de la salle de jeux), jusqu'à ce que le silence prenne place. Ophélie et Thorn s'échangèrent un regard lourd de sens.

-         Comme ils grandissent... soupira Ophélie.

Par un miracle de la nature, Ophélie et Thorn avaient eu deux enfants, malgré les déclarations des médecins de Babel. Babel... Comme cette arche avait changée, après la disparition de l'Autre dans l'Envers. Mais le couple passionné ne vivait plus à Babel. Lors de leur passage dans le cadre lumineux de l'Envers, ils étaient sortis d'un miroir  de la Citacielle. Ce miroir était entreposé dans la chambre d'Archibald. Ou plutôt, l'ex-chambre de l'ex-ambassadeur. En effet, il n'était plus de ce monde. Mais il avait tenu sa promesse : le Pôle viendra à vous. Le Pôle, comme Babel et toutes les autres arches, avait grandement changé, étant désormais un mélange de deux mondes. Ophélie et Thorn vivaient désormais dans un petit village de l'ancien monde, sur Anima, avec toute leur famille.

-         Tu te souviens, de cette phrase : « Ensemble » ? dit Ophélie après un long silence.

-         Bien sûr, lui répondit son mari aussitôt. Un peu plus que cela, même.

S'ensuivit – derechef – un long silence. L'époque avant la réunion des deux mondes et du retour du couple de l'Envers était devenu un sujet assez tabou. Avec les années, Ophélie et Thorn avaient fondé une famille, possédaient une maison, mais ils savaient très bien que cela ne pouvait pas leur permettre d'oublier. L'Autre. Gaëlle. Renard. Hildegarde. Babel. Le Mémorial. L'Envers. Archibald. Elizabeth, ou plutôt Eulalie. Le passé.

-         Ils... ils ne te manquent pas, parfois ?

-         Qui ? demanda Thorn, de sa voix dure qui avait conservé son accent du Pôle.

-         Re... Renard... Gaëlle... Archibald... enfin, tu m'as comprise.

Lorsqu'elle avait prononcé le nom d'Archibald, les lèvres de Thorn s'étaient retroussées, ses griffes à l'affut. Tout de même, il devait une certaine reconnaissance à son ennemi, et il le savait : ce dernier l'avait aidé dans de nombreuses situations.

-         Oui.

-         Penses-tu que l'Autre est encore dans l'Envers ? À notre recherche ? Et s'il parvenait à invoquer un passage, comme je l'ai fait ?

Thorn fit alors cliqueter sa montre. Il avait beau ne plus être intendant – il travaillait désormais dans une horlogerie – il ne pouvait empêcher ces gestes, qui étaient devenus des tocs, signifiant qu'il perdait patience. Du moment où ses griffes ne se déclenchaient pas...

-         Désolé... dit alors Ophélie. Je ne voulais pas te contrarier en parlant de... tu sais... avant.

-         Ne t'excuse pas, Ophélie. J'ai juste du mal. Je déteste me rappeler du passé.. Des souffrances que j'ai vécu. Je préfère penser à toi.

Alors, sans lui laisser le temps de réfléchir, il se jeta dans les bras d'Ophélie, comme un enfant en manque d'attention. Il avait désormais l'habitude des étreintes, ou autre signe affectueux, mais celui-ci lui donna l'impression de retourner cinq ans avant, lorsqu'il avait revu Ophélie à Babel. Ils ne dirent pas un mot, mais aussitôt, la porte de l'entrée s'ouvrit.

Roseline se trouvait  dans l'entrée ; avec le temps, ses cheveux avaient commencé à devenir de plus en plus blancs, tandis que les rides commençaient à creuser son visage – toutefois, elle gardait cette attitude protectrice et pleine d'énergie. Ses joues avaient rougies, comme si elle avait couru un marathon. Berenilde était à ses côtés, mais elle, paraissait aux antipodes de la tante d'Ophélie. Elle n'avait pas vieilli d'un cheveux, et ne paraissait pas du tout épuisée. Thorn et Ophélie se séparèrent précipitamment, gardant une sorte de pudeur entre leur relation et l'extérieur. Roseline n'eut pas le temps de faire une remarque, elle criait déjà, à bout de souffle :

-         Ophé... Ophélie ! C'est... c'est Agathe. Elle accouche !

-         Rohhh, encore ?! soupira Ophélie.

Elle regarda Thorn, lui faisant comprendre qu'elle devait partir d'urgence. Malheureusement – ou plutôt heureusement, pensait Thorn – il ne pouvait venir, devant s'occuper des enfants et de son travail.

-         À tout de suite, Thornichou. Je t'aime.

-         Moi aussi. Un peu plus que cela, même 



Fin

La Passe-Miroir (Fanfiction) - L'Envers {EN COURS}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant