Chapitre 5

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Vendredi 30 juin 2033 à 18h20

Elexa

       Nous nous retournâmes toutes dans la direction d'où venait le bruit. Je me demandai ce qui avait provoqué ce son. Je regardai mes amies les unes après les autres jusqu'à ce que je remarque que Théo avait disparu. Mon cœur s'emballa, ma respiration s'accéléra, je commençai à suffoquer, mes yeux se remplirent de larmes mais j'essayai de ne pas les laisser couler. J'avais déjà perdu une amie, je ne voulais pas en perdre une deuxième, encore moins Théo. Je fermis les yeux pour ne pas que l'eau de mes larmes s'écoule sur mes joues et lorsque je les rouvris, je vis que Théo était là, à la même place comme avent le bruit.

« Tout va bien, Elexa ? me demanda-t-elle

- Oui, ne t'inquiète pas, rassurai-je, c'était quoi ce bruit ?

- C'était juste Théo qui est tombée en arrière, alors qu'elle était assise, gloussa Lizzy

- Je me demande comment tu t'es débrouillée » dit Stacy en se tournant vers Théo.

       Nous nous mîmes à rire aux éclats. J'étais rassurée que Théo n'est rien eu de grave, j'aurais tellement paniquée s'il lui était arrivée quelque chose. Mais comment s'était-elle débrouiller pour tomber ? Ce bruit ainsi que la disparition de Théo m'avaient tellement perturbée que je ne remarquai même pas que la fille qui était tombée me regardait fixement. Je levai les yeux vers elle et me rendis compte qu'elle me lançait le même regard que lors de l'accident.

       En arrivant, Théo était joyeuse, souriante mais dès qu'elle a vu les larmes coulées sur mon visage, son regard s'assombri. Elle nous regarda Stacy et moi en alternant : elle se demandait sûrement pourquoi nous pleurions. Jusqu'à ce qu'elle vit quelque chose pas très loin de nous : cette chose, c'était le corps sans vie de Kitty, sa meilleure amie. Alors elle s'avança vers nous, le visage neutre, se mit à genou et pleura en silence pour ne pas se faire remarquer. Je sentis mon cœur se briser : non seulement mon amie était décédée, non seulement Théo pleurait mais le pire était le fait que celle que j'aimais restait seule.

       Elle me regardait actuellement avec la même joie qu'il y a un an avant que son regard s'assombrisse. Je m'attendais à la voir pleurer d'un instant à l'autre. Durant le cour moment où nos regards s'étaient croisés, j'avais l'impression de retourner dans le passé au moment de l'accident. Cette image me terrifia tellement que j'en eus des frissons dans le dos. Lorsque mon amie me lâcha enfin des yeux, je me sentis soulagée comme si un lourd fardeau qui pesait sur mes épaules venait soudainement de disparaître, de s'envoler. Je cru pendant un bref instant qu'elle allait s'effondrer comme au moment de la perte de notre chère et tendre amie, Kitty, mais non, elle resta assise, silencieuse et souriante sans la moindre trace de tristesse, sans la moindre larmes, sans le moindre problème. A présent, tout ce qu'elle regardait avec des yeux avides était la table où se trouvait des tas et des tas de bol plein à craquer de nourriture.

       Dans notre groupe de six, c'était de loin Théo qui remportait le prix de la plus grosse mangeuse de nourriture. Le plus impressionnant était le fait qu'elle mangeait comme un goinfre mais elle ne grossissait jamais. Même si elle prenait 5kg d'un seul coup, on ne le remarquerait pas. Notre amie a toujours et je dis bien toujours, du moins depuis que je la connais, été gourmande. Mais, elle a mangé encore plus depuis le tragique accident.

       Je me faisais beaucoup de soucis pour Théo depuis toujours mais encore plus depuis l'évènement qui a marqué nos vies : j'avais peur qu'elle soit la prochaine. Evidemment, je m'inquiétais aussi pour Stacy et Lizzy mais Théo est la plus immature et aime se la jouer garçon. En faisant cela, elle prenait beaucoup de risques en faisant du skateboard ou en se battant avec certaines personnes notamment des garçons.

« Tu t'inquiète trop, ma vieille ! » me répondait-elle à chaque fois que je l'informais de mon inquiétude.

       « Ma vieille » était un surnom que Théo me disait souvent pour me rappeler que j'étais aussi protectrice qu'une mère. Les trois filles me prenaient pour leur mère. Mais je ne l'étais pas ! Je regardai Stacy puis Lizzy et enfin Théo. J'alternais entre ces trois personnes en m'assurant que tout allait bien et qu'aucune d'elles n'ait envie de pleurer tout en continuant de discuter avec mes amies. En cette soirée faite en la mémoire de notre chère amie partie au ciel, il fallait que je sois prête à intervenir en cas de peine, de tristesse ou tous autres sentiments négatifs pouvant les affecter. Le mot « maman » était très régulièrement employé par les filles pour me faire comprendre que je suis trop encombrante. Mais je préférais qu'elles me considèrent comme une grande sœur légèrement protectrice.

« Légèrement protectrice ?! répliquait Stacy lorsque je leur indiquais quel rôle je jouais

- Tu es plus que « légèrement protectrice », ajoutait Lizzy

- Ouais, une mère, quoi ! » disait Théo

Qui de nous quatre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant