Qui de nous quatre...

Chapitre 7

18h50

???

       Je vis ma cible sortir de la pièce à coucher tenant pleins de bols dans les bras. Je me doutais qu'elle allait vite descendre vers la cuisine : il y avait toujours de la nourriture dans une soirée pyjama et elle, cet estomac sur pattes, était toujours en quête de nourriture ; dès qu'il n'y aurait plus de nourriture, Théo irait en chercher en bas. Cette fille était tellement prévisible ! C'était simple : tout ce que j'avais eu à faire, c'était de découvrir ses secrets. Même sans eux, j'aurais pu y deviner : elle mange tellement cette fille ! Mais pour se venger de quelqu'un mieux vaut savoir tout ses points faibles. Le pire était le fait que j'ai mené ma petite enquête et que je l'avais surpris sans qu'elle se rende compte de rien !

       Théo me faisait penser à cette fille, il y a un an. Faire passée son meurtre pour un accident avait été du gâteau et tout le monde y avait cru. Les parents de la jeune fille avaient décidé de laisser leur voiture à l'endroit où ils s'étaient garés en emmenant cette fille à une soirée pyjama pour qu'elle puisse s'exercée en retournant chez eux et étaient repartis en direction de leur maison à pied. Evidemment, je connaissais l'identité de ma première cible : elle s'appelait Kitty, elle avait 16 ans bientôt 17, elle était en couple avec Jason et ses deux parents étaient ensemble et encore en vie. Au beau milieu de la nuit, après avoir levé mon corps de mon lit, j'avais juste eu à trafiquer les freins de la voiture de ses parents laissée seule dans une rue pour que mon plan marche. Le lendemain, j'avais observé la voiture démarrer le sourire aux lèvres espérant que la fin de Kitty était proche. Peu de temps après, quelques heures plus tard, j'avais reçu un coup de fils comme toutes les personnes de notre ville m'indiquant l'endroit où je devais me rendre. Ça avait été rapide mais ne pas y allé aurait éveillé les soupesons. Lorsque j'avais atteint ma destination, j'avait vu la voiture de la fille renversée et ses parents sans leur fille.

       Mon plan avait marché ! La jeune fille était morte ! Et tout le monde pensait que ce n'était qu'un simple accident mortel alors que tout était calculé pour amener cette fille à sa perte. J'avais envie de rire sur le lieu de l'accident mais j'avais du me retenir. Une fois rentrée chez moi, j'avais explosé de rire, d'un rire maléfique. C'était mon premier crime et il avait fonctionné ! J'étais si fière de moi et j'avais senti comme si un lourd fardeau qui pesait sur mes épaules venait soudainement de disparaître, de s'envoler. Ça m'avait fait un bien fou ! Je voulais le faire depuis si longtemps, quand j'y réfléchi bien j'avais envie de l'abattre depuis qu'elle a commencé à sortir avec Jason, c'est-à-dire il y avait un an au moment de l'accident et il y a deux ans actuellement.

       Depuis ce jour, je me suis découverte une passion dans l'art de exterminer. Evidemment, je n'assassinais plus de personnes aussi importante que Kitty : je m'attaquais aux personnes seules et sans amis. Les personnes harcelées ou encore les dépressifs étaient les plus faciles : une simple lettre de suicide avait suffi, une lettre que je leur faisais écrire avant de les éliminer. Bien entendu, mes victimes n'étaient pas conscientes de ce qui allait leur arriver : je leur donnais à boire quelque chose de fort avant. Grâce à cela, ils étaient assez saouls pour que je leur fasse croire à un jeu et là, après la collation ainsi que la lettre et dès qu'ils furent endormis, j'attachais une corde autour de leur cou et les laissais mourir seuls. Cela me plaisait beaucoup, en plus, je ne les tuais pas pour rien, je leur rendais service : la plupart d'entre eux hésitaient à se suicider quant aux autres... En faite, ils n'avaient qu'à ne pas être sur mon chemin !

       Mais assassiner ces personnes ne faisait que me divertir quand je ne jouais pas la fille parfaite, il me fallait quelque chose de gros, quelque chose de marquant, quelque chose qui m'amuse. J'ai décidé de m'attaquer au même groupe de filles, évidemment, elles étaient plus faibles depuis la mort de la fille, leur « amie ». Le sort était tombé sur Théo, elle me semblait être la personne parfaite : suite à la mort de son amie, elle n'était plus rien, elle était faible. Je comptais l'éliminer d'une manière spéciale, originale et qui ne risquait d'éveiller aucun soupçon. Certes, cette manie que j'ai d'aimer « supprimer » des gens de la surface de la Terre était étrange mais cela me plaisait et je ne pouvais pas lutter contre ma volonté. La manière dont je voulais anéantir Théo n'était pas sans risque : il se pourrait qu'elle survive et, dans ce cas précis, j'espère qu'elle ne se souviendra de rien. Dans le pire des cas, elle subsistera et se souviendra de tout, c'est pour ces raisons que je dois être la plus discrète possible : un croche pied suffira !

       Vu tout le mal qu'elle m'avait fait, elle le méritait. Je m'étais confié à elle, je lui avais tout raconté, tout, a part les horreurs qui sont des plaisirs pour moi, ça, elle n'aurait pas compris et m'aurais dénoncé, surtout après le meurtre de sa meilleure amie. C'est ce que toute personne sensée aurait fait ! Elle ne m'avait jamais aidé, alors que je lui avais demandé son aide. Elle a préféré me laisser me débrouiller seule, alors que j'étais au fond du gouffre. Je lui en voulais. Non seulement, elle ne m'avait pas soutenu comme demander mais elle avait tout fait pour m'éloigner de mon but. Même si elle ne me le disait cela ne lui plaisait pas ce que je lui avais annoncé : je le voyais dans ses yeux à chaque fois que j'aborde le sujet. Ses pupilles se dilataient à chaque coup comme si elle avait peur ou qu'elle me cachait quelque chose. Juste pour être sûre qu'elle ne m'a pas trahi ou qu'elle se mette entre moi et mon objectif, j'allais l'anéantir. A cette pensée, un grand sourire se dessina sur mon visage. Comme on était dans une maison et qu'il y avait beaucoup de personnes présentes, il fallait que je fasse preuve de la plus grande discrétion possible comme une souris se déplaçant sur le sol pour ne pas se faire attraper par le chat. Une fois passée à l'action, il faudra que je parte rapidement du lieu du crime et ne pas me faire choper à l'endroit.

       Plongée dans mes sombres pensées, je n'avais pas remarqué ma victime s'enfuir avec les bols en équilibre sur ses bras. Lorsque je m'en rendis compte, il était trop tard pour le croche-pied. J'allai sortir de ma cachette avant de m'arrêter net sur place et de reculer délicatement et discrètement. J'avais vu un signe du destin: quelqu'un s'approchait de ma proie. Beaucoup de personnes aurait vu un coup destiné à la faillite mais, moi, je voyais plutôt là une chance inouï : la personne qui se rapprochait assez près de ma cible pourrait trébucher « par accident » et retomber sur Théo ce qui ferait dégringoler cette dernière dans les escaliers et la faire trépasser après cela, la personne se sentirais coupable de la mort de son amie. Il me restait plus qu'à tendre la jambe, à espérer que la future morte ait la nuque brisée lors de cette chute et à m'enfuir.

       Après avoir vérifié que personne n'arrivait et que personne ne pouvait potentiellement me voir, je décidai d'agir. Je tendis ma jambe à laquelle se heurta la fille qui arrivait et décida de partir comme prévu. J'avais bien évidement vérifié que tout c'était passé comme prévu : l'adolescente avait bien trébuché sur mon pied et avait poussé Théo qui tombait dans les escaliers, je décidai de descendre en même temps, avec le fracas que provoquaient les bols en se brisant on ne risquait pas de m'entendre. Arrivée à l'étage du dessous, je regardai par-dessus mon épaule avant de quitter la scène que je venais de provoquer et passer par la porte et la fermer derrière moi. Juste avant de la clore, j'avais entendu des bruits de pas précipiter.