Chapitre 2 : LA DURE RÉALITÉ

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Vendredi 8 février

Colleen avait notre âge. Un amont de cheveux bleus pastels nuancés de reflets de tout sorte sur une moyenne d'un mètre soixante je dirais, elle avait un style un peu débraillé au travers de ses habits sombres. Ainsi, elle égalait les élèves de notre lycée qui nous entouraient, se fondant dans la masse, tout en dégageant dans sa posture quelque chose d'unique.

Mais le plus distinct dans sa personne, ce qu'il faisait qu'elle se démarquait plus encore, c'était la douceur qui émanait de son corps et de sa voix emplie elle-même d'émotion et de sanglots qu'elle tentait de maîtriser avec un calme douloureux. On pouvait sentir que ce calme et cette douceur n'était que le fruit de l'harmonie qu'elle avait tenté de construite avec sa douleur.

À vrai dire, c'était sans doute ma peine que j'adaptais à l'air abattu et perdu de cette inconnue, parce qu'après ces semaines d'attente, nous rencontrions enfin quelqu'un qui semblait comprendre notre détresse, et j'avais besoin de m'identifier en elle, de me dire que nous vivions cette situation ensemble, que nous pouvions traverser ça ensemble.

Toujours est il que malgré ses particularités donc, Colleen avait et faisait notre âge, c'est pourquoi il n'était pas difficile de la faire rentrer dans notre lycée bien qu'elle n'en fasse pas partie, un bonnet visé sur la tête suffisant à masquer le bleu identifiable de loin. Et c'est ce que nous avions fait dès le lendemain matin de notre rencontre avec elle.

Il faut dire que notre rencontre avait été écourtée par le fracas - étouffé par la pluie - des bus sur le point de partir, nous rappelant dans notre silence assourdissant face à l'inconnue que nous devions partir. Mais nous ne pouvions pas en rester là, pas maintenant que nous savions ou aller, pas maintenant que l'on avait une nouvelle piste, qui était même la première.

C'est donc avant le début des cours que notre petit groupe, accompagné de l'Inconnue nommée donc Colleen, s'était retrouvé dans la salle commune de notre lycée, une vaste salle qui avoisinait le cdi et les salles d'études et qui comportaient des tables,et des chaises mais aussi des coussins des poufs et des canapés. En somme, l'endroit le plus relax et le moins austère de ce batiment, mais aussi le plus calme à cette heure.

Mélanie était emmitouflée dans sa touffe de cheveux blonds et son écharpe d'hiver, recroquevillée sur elle-même pendant que les jumeaux discutaient, s'arrêtant lorsqu'il nous virent arriver Colleen et moi dans la pièce presque désertée.

À peine nous étions nous assis que Rowan entama la conversation en interpellant d'ores et déjà notre invitée :

- Alors Colleen, on peut se passer des présentations pour aujourd'hui hein c'est déjà fait, maintenant qu'est ce que tu peux nous dire sur Swann ?

- Bonjour à toi aussi Rowan, on est tous dans le même esprit mais si tu pouvais montrer ne serait qu'un peu de fausse patience respectueuse ce serait sympa...

- Adrian a raison ptit con, soit poli ! Ajouta sa sœur alors que lui se massait la hanche qui venait malencontreusement de rencontrer le coude de cette dernière.

C'était pas tant pour une question débile de politesse que je l'avais repris, après tout ce genre de bienséance avait plus tendance à m'écœurer quand on était conscient de l'hypocrisie qu'elle pouvait cacher, mais Colleen était sans aucun doute notre seule chance de retrouver notre amie et je ne voulais pas perdre cette possibilité, puisque les probabilités d'en retrouver une nouvelle était quasiment nulle à ce stade.

- Y a pas de soucis, je suis tout aussi impatiente à l'idée de pouvoir retrouver Swann, je sais que quelque chose de mal s'est passé mais j'aimerais bien savoir où ça l'a menée et si elle va bien.

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