Chapitre Second

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Quand nous étions enfant, Antioche restait la plupart du temps seul à s'entraîner aux duels dans la forêt.

Cadmus, aimant le public, allait souvent au village pour parler aux villageois.

Quant à moi, bien que cela révoltait mes parents, je restais avec Édouart.

Mon frère était toujours seul, rejeté de la civilisation et cela m'attristait profondément. J'aimais beaucoup mon frère car, bien qu'il ne soit pas souvent sur terre, il voyait aussi des choses que personne n'aurait pu voir.

Même s'il ne parlait pas, il arrivait parfaitement à se faire comprendre. Malheureusement, Édouart n'essayait même pas de comprendre les autres ou même de se faire des amis. Les autres enfants le rejetaient, le harcelaient, se moquaient de lui. Moi, trop jeune pour être prit au sérieux, j'avais demandé de l'aide à mes deux autres frères, mais ils ne daignèrent pas à bouger le petit doigt pour l'aider.

Édouart n'aimait pas être entouré, seul ma présence lui était supportable. C'est pour cela que nos parents le laissaient toujours à la maison quand nous devions nous rendre à une réception. Édouart restait alors seul, enfermé dans la maison. Enfin... presque. Avec le temps, le petit Édouard avait observé si longtemps la maison qu'il en connaissait les moindres recoins. Il la connaissait si bien qu'il avait découvert un passage secret derrière un des rideaux de la cuisine en cherchant une souris qui venait de s'enfuire par là.

C'est lorsqu'il me l'a montré que je me suis rendu compte du talent d'observateur de mon frère. Même si cela faisait plusieurs années que je passais devant, je ne l'avais encore jamais remarqué. Il suffisait d'écarter un des rideaux pour découvrir qu'un rectangle avait été découpé dans le mur en bois. Il suffisait ensuite de passer son doigt dans l'encoche entre le mur et la trappe pour soulever le rectangle et ainsi ouvrir le passage. Au bout d'un tunnel de terre, on pouvait déboucher sur une prairie dans la forêt, prairie inconnue de tous.

Édouart aimait s'y aventurer et imaginer des contes, croyant que des personnages féériques sortiraient de derrière les arbres ou que des créatures vivaient une vie paisible au milieu des bois.

Puis quand la nuit tombait, il rentrait dans la maison. Bien qu'il ne soit encore qu'un jeune enfant, il savait se laver seul et commençait à savoir lire. Quand nous rentrions, nous le trouvions généralement endormi dans une position plutôt inconfortable sur un livre de conte qui faisait deux fois sa taille. Mais mes parents ne se donnaient pas la peine de s'en soucier et ainsi, s'était moi qui rangeait le livre sur l'étagère et qui remontait la couverture sur mon petit frère.


Édouart, pendant sa petite enfance, était celui qui voyait. On pardonnait facilement à un bébé de voir des choses que seul lui voyait. Mais quand il fut en mesure d'avoir une conscience claire, il continuait de voir des choses que personne ne voyait. Ou plutôt, se que personne n'était capable de voir.

L'Histoire de mon Frère...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant