Chapitre Septième

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Trop large pour être enjambée et trop dangereuse pour être traversée à la nage.

Alors, sans nous embêter plus que cela, baguette en main, nous invoquions un pont de pierre qui enjambait largement la rivière, permettant de la traverser sans danger. Fiers de nous, notre quatuor avança vers l'autre rive. Mais arrivé au milieu du pont, quelque chose d'étrange se produisit.

Une longue silhouette dont la cape noire faisait ressortir sa pâleur se dressa devant nous. Son visage était loin d'être laid et ses doigts, si fins, paraissaient étrangement long.

C'était la Mort.

Furieuse que nous ne nous soyons pas noyés comme bien d'autres, des flammes de colère brûlaient dans ses yeux. Mais elle était rusée et j'eus le sentiment que nous ne la duperions plus pour longtemps. Alors elle ouvrit la bouche.

Sa voix était à la fois froide et douce. Elle nous félicita longuement d'avoir était si habile à lui échapper et que nous méritions une récompense pour nos dons en magie.

Pouvant demander tout se qu'il désirait, Antioche s'avança, le torse gonflé par la fierté. Il demanda une baguette plus puissante que toutes les autres, une baguette qui lui apporterait la victoire à chacun des duels qu'il livrerait. La Mort, imperturbable, descendit du pont, prit la branche d'un Sureau qui était là et la donna à Antioche.

Puis Cadmus s'avança, un sourire arrogant aux lèvres. Pour humilier un peu plus la Mort, il demanda quelque chose qui lui permettrait de ramener les morts à la vie. À contre coeur, bien qu'elle n'en montra rien, elle redescendit du pont et prit une pierre dans la rivière sans pour autant se mouiller ni se faire emporter, puis la tendit à Cadmus en lui assurant qu'il pourrait ramener les morts à la vie grâce à celle ci.

Puis arriva mon tours. La Mort ne m'inspirant pas confiance, je demandai quelque chose qui me permettrait de partir loin d'ici sans qu'elle puisse me suivre. Avec lenteur, elle retira sa cape et me la donna.

Alors fut le tours d'Édouart. La Mort se figea. Ils restèrent quelques minutes, qui s'écoulèrent comme des années, à se fixer, les yeux dans les yeux. Même mes frères n'osaient les interrompre.

Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vu. Doucement, il s'avança vers elle.

“Et toi? Que veux-tu? demanda la Mort, une expression indéchiffrable sur le visage.”

Édouart laissa passer un silence. Elle lui avait manquée. Énormément. Il ne sait combien de fois il avait dessiné ses traits dans son carnet. Mais un dessin ne pouvait pas parler dans les yeux. Non elle était bien là. Il ne pouvait pas la laisser partir à nouveau. Alors pour la première fois de sa vie il entrouvrit les lèvres.

“Ce que je veux, c'est toi...”

Mes frères et moi avions fait un énorme bond de surprise. Il avait parlé!

Je fut le premier à me reprendre et à assimiler se qu'Édouart venait se dire. La Mort, ses cheveux voletant légèrement autour d'elle tendit la main vers mon frère. Ce dernier avança lentement vers elle avant que je ne le retienne par le bras. Je tentai de le raisonner, mais rien à faire.

“Si tu prends sa main, tu mourras, m'écriai-je d'une voix désespérée.

- Mais à quoi bon vivre si la vie ne veut pas de nous? me demanda Édouart en dégageant doucement son bras.”

Puis il fit encore un pas en avant et prit doucement la main de la Mort. Les yeux dans les yeux, ils sourirent et Édouart commença lentement à se dédoubler.

Je me jetais vers mon frère et rattrapais son corps inerte. Je levais alors la tête et vit le regard bleu comme le ciel de mon petit frère, devenu brumeux, me jeter un dernier regard. Un regard triste et heureux à la fois. La jeune fille tira doucement Édouart vers l'arrière puis ils disparurent.

Le corps de mon frère dans les bras, je laissai couler une larme. Une seule. Antioche et Cadmus avaient repris leur air impassible, mais cela se voyait clairement dans leurs regards qu'ils étaient ébranlés. Bien qu'ils ne l'aient jamais compris, Édouart restait leur frère. Mais une chose était sur, où que soit notre frère à présent, il était heureux. Le sourire de son corps sans vie le prouvait.

Lorsque l'aube se leva, trois silhouettes sombres se détachaient sur la berge d'une rivière aussi large que dangereuse. L'une des silhouettes était à genoux devant une pierre plate où avait était gravé ses mots:

“Ci-gît Édouart Peverell

20 ans

Mort heureux de son choix.

La silhouette à genoux sortit un étrange bout de bois qu'il pointa sur la pierre. Aussitôt, de nouveau mots se gravèrent en dessous de ceux déjà existant.

“Mort pour quelque chose que la Vie n'a pas sût lui donner mais que la Mort a sût combler.

Lentement, la silhouette se redressa et ils repartirent vers le soleil levant, écoutant les cris de ces étranges chevaux volants dans le ciel. Vers un jour nouveau.

L'Histoire de mon Frère...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant