C'est ainsi que se forgea l'affreuse réputation d'Édouart Peverell. Le maudit, le maléfique, celui à qui on ne devait pas parler et ne pas faire de cadeaux.
Alors il s'enfermait dans un monde dont lui seul avait accès: sa tête. Il restait ainsi des heures et des heures à penser, imaginer et rêver. Il était transporté dans un monde où il pouvait vivre heureux, sans histoires, sans préjugés. Je le retrouvais souvent en transe à la lisière du bois, comme si son corps était resté à la même place, mais que son esprit était parti vagabonder ailleurs.
Les années passaient et cela empirait. Il voyait des choses étranges qui effrayait les autres. Comme le jour où il avait dessiné un grand cheval noir squelettique aux ailes de chauves-souris sur un parchemin à l'école. Il avait ensuite pointé du doigt une clairière dans un recoin sombre de la forêt. J'avais même compris qu'il avait volé sur leurs dos. Mais personne ne le croyait. Personne ne voyait comme lui. Les autres le fuyait comme la peste et il s'enfermait un peu plus dans sa solitude à chaque fois.
Un jour, lorsque mon frère eut atteint l'âge de sept ans, un berger était revenu avec son chien dans les bras. La pauvre bête était gravement blessé et personne n'eut le temps de faire un geste que le chien était déjà mort. À ce moment là, tout le monde avait tenté de le réanimer, mais en vain. Personne n'avait vu se qu'Édouart avait vu ce jour là. Personne n'avait vu cette petite apparition fantômatique juste à côté du chien. Personne n'avait vu cette petite fille apparaître et disparaître telle une vision.
Entre les bras et les jambes des villageois, il avait aperçu un visage. Un visage qui avait disparu dès qu'un bras avait traversé son champ de vision. Un magnifique visage.
Personne ne l'avait vu. Personne n'avait vu un de ces chevaux noirs aux ailes de chauves-souris traverser le ciel. Personne sauf lui.
Seulement trois printemps plus tard, le doyen du village tomba gravement malade. Aucun guérisseur ne parvenait à le soigner, son stade étant déjà trop avancé. Sur son lit de mort, il voyait les gens du village défiler pour leur faire leurs adieux.
Puis un soir, lorsque une famille venait lui dire au revoir, il rendit son dernier souffle. Alors le petit garçon de la famille qui était présente se mit à pleurer, réveillant tout le village. Toute ma famille arriva en second, suivit de tout le reste des habitants.
Édouart la revit alors. Ce visage qui avait si subitement disparu. Elle se tenait à côté du mort, bien en vu de tous le monde. Mais personne ne la voyait.
Étrangement, elle semblait avoir grandit. Elle était brumeuse, tel un fantôme. Lentement, elle tendit la main vers le vieillard qui se dédoubla. Le doyen, à présent brumeux lui aussi, prit doucement la main de la petite fille et ils disparurent en un battement de paupière, ne laissant que le corps sans vie du vieil homme sur le lit.
Édouart se jeta dehors, s'attirant les regards haineux et outrés des villageois en plein recueillement.
À l'époque, je ne savais pas se qu'il voyait et je pensais qu'il rêvait de quelque chose. Mais je ne sus que bien plus tard que mon ignorance m'avait guidé sur un chemin que je n'aurais pas dû prendre.
Il regarda le ciel et eut à peine le temps d'apercevoir une lueur grisâtre dans les arbres qu'elle disparut.
Le temps passa et dès qu'un mort était à déplorer, Édouart était toujours là, caché, attendant qu'elle vienne. Malheureusement, il était souvent trop tard.
Puis un jour, il la revit, plus grande encore que la dernière fois. Sa cape d'un noir profond aux motifs argentés la rendait irréelle et ses cheveux noirs tombaient en cascade dans son dos. Elle était jolie, muette et calme. Il restait planté au milieu de la cour à la contempler.
Hypnotisé, il la suivit sous les regards méprisants de mes frères et sous mes yeux étonnés. Encore une fois, je mis son comportement sur le dos d'une rêverie particulièrement réelle.
La jeune fille avançait lentement, flottant légèrement au dessus du sol, vers une clairière. Cette clairière, mon frère la connaissait par coeur. C'était celle qui était au bout du tunnel de terre, celle où ces étranges chevaux que mon frère dessinait aimaient se reposer. Elle marchait doucement, puis s'arrêta au centre de la clairière. Les chevaux étaient là, gracieux, effrayants. Mais elle ne recula pas, et au contraire, s'avança vers eux. Ils firent une sorte de révérence devant elle et Édouart avança d'un pas. Il voulait savoir. Savoir pourquoi elle les voyait comme lui. Savoir pourquoi elle était un fantôme.
L'épiant de ma cachette, à savoir un tronc d'arbre, je sentais son élan de curiosité incroyable. Savoir.
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L'Histoire de mon Frère...
FanfictionCeci est une histoire que j'ai accidentellement retrouvé dans le grenier de la Famille Potter. D'après mes recherches, elle a été écrite par Ignotus Peverell, un aïeul des Potter et premier propriétaire de la Cape d'Invisibilité. Après l'avoir tradu...