HIDDEN

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Ella était frustrée, inquiète.

Frustrée de s'être emportée. Inquiète des conclusions qu'Ethan et Cacilia pourrait en tirer.

Elle s'était emportée. Sous le coup de quoi, de l'émotion ?

Ella n'avait pas d'émotions. Du moins, le rôle qu'elle jouait n'en avait pas. C'était pour ça qu'elle les fascinait tous, elle le savait.

Un masque impassible, comme si elle ne ressentait rien. Une image lisse. Elle avait travaillé dessus toute l'année. Puis elle les avaient sélectionnés. Isolés. Préparés.

La conversation avec Ethan sur les échecs, les clins d'œil à Silke, le secret de Diether révélé, la jalousie de Cacilia, tout ça était prévu. Tout ça tournait dans leur tête, Ella le savait.

Ils finiraient par comprendre. Les échecs, la forêt, la Dame Blanche et la Dame Noire, le grand Pourquoi qui brûlaient leur lèvres mais qu'ils n'osaient pas formuler. 

Ils finiraient pas comprendre. Mais il serait trop tard.

Ella aurait ce qu'elle voudrait.

La soirée se finissait, le soleil tombait sur la forêt. Ils avaient assez marché. Assez ressassé leurs interrogations. Ils étaient probablement confus. Mais les pièces du puzzle allaient se rejoindre, très rapidement. 

Il n'était plus temps de marcher. Ils allaient courir.

Et hurler. Et après, ils comprendraient.

Dans une âme se trouvent deux personnes différentes. Une claire, qu'ils exposent aux autres, qu'ils polissent comme un miroir. Une sombre, pleine d'angoisses et d'incertitudes, qu'ils gardent en eux.

Ce que nous voyons à l'extérieur n'est rien. Rien qu'un arbre lumineux pour cacher une forêt de noirceur.

Case blanche, case noire, les âmes sont ainsi faites.

Il n'y a qu'une seule chose qui montre qui elles sont vraiment. La Peur. La Peur fait surgir le pire en eux. La Peur soulève le feuillage de ses doigts glacés et montre la souche pourrie.

Je prendrais les pires d'entre eux.

Ceux qui cachent tout. Soit par crainte, soit par fierté, soit par tristesse, soit par envie.

Le fou, le cavalier, le roi, la tour.

Silke, Diether, Ethan, Cacilia.

Je les ferais venir à moi. Ils me suivront dans la forêt.

La forêt, siège de la peur.

Leurs peurs d'enfants, les contes noirs et crochu qui les bouffent de peur dans leur lit.

Leurs peurs d'adolescents, la mort et le désespoir d'un fait divers dont ils dépendent tous, d'une certaine manière.

Enfin, la Peur absolue, que je verrai sur leur visage et qui me contera leur réalité.

La Peur sur leur traits est jouissive. Elle me donne de la puissance. Elle me montre ce qu'il y a derrière les apparences.

Mais ils se trompent sur la forêt. Loin de ses frontières d'ombres qu'ils doivent éviter, son cœur est lumineux. La Dame Blanche les attend.

Accueillante, réconfortante.

La mort.

Ella sourit. Le soleil couchant caressait enfin les troncs des sapins du bois.

La mort.

Il n'y a qu'elle qui puisse les sauver.