Chapitre XXV - Andreï va prendre cher

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*PDV Jordan*

Je fermai les yeux et appuyai mes doigts glacés contre mes globes oculaires dans l'espoir de chasser la fatigue. Rien à faire. Ma tête tomba une fois de plus en avant. J'inspirai profondément. Il me restait encore deux dossiers à traiter ce soir, puis je pourrais enfin faire une pause et en profiter pour dormir un peu. Ces derniers jours avaient probablement été les plus exténuant de ma courte existence, mais au moins ma vie à 100 à l'heure m'empêchait-elle de penser à tout ce qui se déroulait autour de moi. Le soudain départ d'Alexis, l'attaque de mon supérieur, qui reposait à présent entre la vie et la mort, la dernière décision de Scott... J'avais l'impression que mon monde s'était écroulé en l'espace d'à peine quelques heures.

L'écran de mon portable s'alluma, indiquant minuit passé. Et dire que j'étais debout depuis trois heures du matin... Le nouveau message de Lydia ne pouvait être plus clair : « C'est fait. C'est fini. ». D'un mouvement rageur, j'envoyai la chemise en carton voler à travers mon salon. La sonnette retentit une première fois. Je ne bougeai pas. Le visiteur improvisé insista et frappa du poing à la porte. Je me levai d'un bond, marchai jusqu'à cette dernière d'un pas décidé et actionnai la poignée. J'ouvris la bouche, prêt à déverser ma frustration sur celui qui se permettait de me déranger aussi tard dans la nuit, mais ma mâchoire resta en suspend dans l'air. Je clignai plusieurs fois des paupières pour m'assurer que je ne rêvais pas.

"A-Alexis ?! C'est-... c'est vraiment toi ?"

Il me sembla que j'avais passé la semaine dans le noir et qu'on venait d'allumer la lumière. Puis, me souvenant de la raison de son départ, une sueur froide coula dans mon dos.

"Je suis tellement désolé pour ce que j'ai fait... J'aurais dû tout te dire dès-..."

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase. Des lèvres sucrées s'écrasèrent sur les miennes à la vitesse de la lumière. Une langue douce se fraya un chemin entre mes dents et je fermai les yeux. Une vague de chaleur m'enveloppa, chassant tous mes problèmes. Des mains familières se glissèrent dans ma nuque et je sentis un corps brûlant se presser contre mon torse. Je la serrai fort contre moi. Je n'avais pas réalisé à quel point elle me manquait.

Un bruit désagréable vrilla mes tympans. Je relevai la tête et décollai de ma joue la feuille volante qui m'avait servi d'oreiller. J'étais assis à table, seul. Alexis avait disparu ; j'avais rêvé. Le goût de sa bouche s'atténuait peu à peu sur ma langue. Je frottai mon visage de mes paumes rêches et étirai mes muscles endormis. Des coups violents capables de réveiller un sourd se répercutèrent dans l'appartement tout entier. Je me levai, beaucoup plus gauchement cette fois, et allai ouvrir en titubant. Une silhouette sombre encapuchonnée attendait dans le couloir, immobile.

"Oui ? demandai-je. C'est pour... ?"

Deux grands yeux gris me dévisagèrent et les mots se coincèrent dans ma gorge. Calant une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, la jeune fille inspira longuement et continua de fixer mes chaussures. Finalement, elle planta son regard orage dans le mien et souffla d'une voix à peine perceptible :

"Je suis désolée..."

Je me précipitai vers Alexis et l'enlaçai. Elle se laissa faire, tendue.

"Excuse-moi-...

- Non, excuse-moi, l'interrompis-je. J'aurais dû te le dire dès que j'ai compris. Je suis tellement désolé..."

Elle se détacha lentement, sans pour autant quitter mes bras. Plissant les yeux, elle dessina du bout du doigt une ligne sur ma joue.

"Je t'ai réveillé ?

- Non...

- Menteur..."

Amnésie (Teen Wolf)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant