Chapitre 10

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Chapitre 10

**********mintou

« Lici mame boy seuteu koy djeul diakka nianga ndeye ma jiguene diagne sa mame mo dayé djoloff bééy, gniow tadeu mbokhékh ; lici mame boy seuteu koy djeul saw yaye babou teuw  mignou mar si tongourou ndayane. Lici mame boy seuteu koy djeul dioma mame bass ndiaye ; lici mame boy seuteu koy djeul djeulene ganna bayou mame khoy ndiaye deuthiou samba moy ndey ourmbadj sine diop sini ndeyiii jiguene sine dankhafa ndeyene yayou mame ndeye sy »

J'ouvrais petit à petit les yeux et assisatit à cette scène... cette voix de biche aussi douce que grave de mame mbacké. J'étais endormie à l'autre bout de la chambre, kamal lui, dormait à meme sa natte de prière et sa grand-mère, en face de lui, chantonnait cet air de grand-mère lebou. J'avais des frissons et en quelques minutes, j'oubliais ce qui m'avait emmené ici...

Kamal n'allait pas  bien, et ça se voyait.

Il était vulnérable, la, couché à meme le sol, comme s'il luttait contre quelque chose,

Quoi ?? je ne saurai le dire.

il y avait en mame mbacké quelque chose qui ressemblait à de la thérapie psychologique et je comprenais maintenant pourquoi kamal venait la voir à chaque fois qu'il ne se sentait pas bien. Elle était son refuge... elle était notre refuge à tous...

Je ne voulais pas qu'ils sachent que j'étais reveillée, j'observais kamal... depuis que j'ai su pour jamil, il était devenu bizarre, sensible, calme et bien trop impulsif en meme temps... je ne pouvais croire en ce que mon esprit me dictait car je n'avais pas à y penser ...  cette chanson ancienne de mami lebou me donnait des frissons meme si je ne savais pas vraiment de quoi ça parle.

Comme si elle se sentait observée, mame mbacké se tourna vers moi le sourire aux lèvres : ma grande, je t'ai reveillé ?

- Non mame au contraire, ta voix m'a bercé... c'est quoi cette chanson ?

Elle sourit et se leva, faisant en sorte de ne pas réveiller son Elimane, comme elle avait l'habitude de le dire. Elle s'assit avec moi sur le lit et me prit la main : c'est une vieille chanson lebou que ma grand-mère maternelle me chantait quand je n'allais pas bien. J'avais 8 ans à l'époque mais je me suis toujours souvenue de ces airs.... Lici mame boy seuteu koy djeul (tout ce que la grand-mère possède appartient à son petit-fils... ou petite fille...)

Elle avait accompagné sa phrase d'un large sourire nous regardant  tour à tour kamal et moi. Mais je m'imprégnais de la sagesse de cette femme... elle continua : vous êtes perturbés, tous les deux... mais toi, ma chérie, il faut que tu rentres.

il faut affronter tes démons...

il faut affronter ton mari et tes problèmes.

- Mame j'ai peur...

- Peur de quoi ??? tu es une vraie force tranquille et....

Elle mit sa main sur mon ventre avant de me chuchoter : tu dois prendre soin de lui.

il sera ton bouclier et ton arme. Il sera ton bonheur et ta joie de vivre... il sera la seule et unique raison que tu auras pour te battre.

Je souris dépitée et vidée de toutes émotions.  j'avais peur de ce qui m'attendais à Dakar mais elle avait raison. On discutait ainsi et on n'avait pas remarqué que kamal nous observais. quand je me tournais vers lui, ses yeux étaient remplis d'émotion. Je ne m'habituerai jamais à le voir aussi vulnérable en présence de mame Mbacké.

En fait, kamal était un homme des plus virils. Il s'assume en tant que mâle et ne donne en aucun moment l'impression d'être faible. Mais là je l'observais je le regardais baisser les armes, et je comprenais maintenant le besoin qu'il avait tout le temps de vouloir venir dans ce refuge... il en avait besoin, c'était sa thérapie à lui et un jour il va devoir me dire ce qui le détruit chaque jour de plus en plus.

Union empoisonnée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant