— Et maintenant ?
La jeune Jo me fixe sans ciller, comme si elle s'était déjà habituée à sa vie d'immortelle. Toki, quant à lui, attend ma réponse avec enthousiasme.
Je regarde autour de moi. Que se passera-t-il une fois que nous serons sortis de ce placard ? J'ai une envie folle d'aller voir ma sœur et de rencontrer mon neveu. Je me mordille la lèvre.
D'un geste de la main, je nous enveloppe d'un champ d'invisibilité et nous téléporte au dernier endroit où Menra habitait, avant.
L'air nauséabond disparaît aussitôt et laisse place à une fraîche odeur de prairie verdoyante. Le ciel sombre et rougeâtre des abysses n'est plus et est vite remplacé par une lumière vive et un soleil au zénith.
— C'est magnifique ! s'extasie Jo, les yeux écarquillés.
Je hoche la tête. Des dizaines de collines nous entourent, là où autrefois il y avait des habitations et commerces à foison. Que s'est-il passé ? Des millénaires ont réussi à modifier le quartier de mon enfance, celui où j'ai grandi, rencontré mes amis et mon âme sœur...
— Allons-nous voir la forgeuse de faux papiers ?
Je fronce les sourcils. Cette Jo est bien plus bavarde que Toki, il va falloir que je règle ce problème.
— Lorsque tu t'adresses à moi, tu le feras en commençant chaque phrase par « déesse Circée ». Est-ce bien clair ?
Je la fusille du regard en réalisant qu'un sourire naît à la commissure de ses lèvres. Ai-je bien fait de la sauver ?
— Pour répondre à ta question, nous allons y aller, mais pas maintenant. J'ai à faire.
— Dans ce cas !
Je la vois se laisser tomber au sol dans les feuilles hautes et s'allonger. Ses brûlures brillent à la lueur du jour et lui donnent un aspect d'être magique.
— Que fais-tu ?
— La sieste, déesse Circée. Revenez me chercher lorsque vous aurez réglé vos problèmes.
Toki l'observe avec curiosité avant de se tourner vers moi. Je devine qu'il veut rester avec elle et profiter, lui aussi, de ce pré qui distille le bonheur à qui veut le prendre.
J'acquiesce et découvre un sourire sur son visage rond. Je lui dois bien ça. Cela fait des années qu'il est à mon service, et jamais je ne l'ai entendu se plaindre.
J'espère juste que la nouvelle recrue ne va pas l'entraîner sur le chemin de la rébellion. Je saurais dans tous les cas y mettre fin avant même qu'elle débute.
Après tout, je suis celle qui lui accorde une seconde vie.
Je peux tout aussi bien la reprendre, si l'envie me prend.
— Très bien, je réponds, en faisant fi de l'impolitesse de Jo. Je serai de retour dans une heure, tout au plus. Si quelqu'un approche, ne parlez pas. Ne respirez pas. Ne bougez pas. Il serait dommage qu'un garde vous exécute alors que vous êtes déjà de l'Autre Côté.
Le visage de l'humaine se décompose et m'arrache un sourire en coin. Il ne faut en aucun cas qu'elle oublie qu'elle n'est rien, dans ce monde. Une piqûre de rappel lui fait visiblement le plus grand bien.
Je m'éloigne sans ajouter un mot avant de m'envoler à quelques mètres d'altitude. De là, je peux voir la ville à quelques kilomètres, bien plus imposante et développée qu'il y a des siècles. Cela me fait tout drôle. Qu'ai-je bien pu rater pendant tout ce temps ? La population a sûrement explosé, ce qui expliquerait le déplacement des quartiers.
Ou peut-être est-ce le résultat d'une guerre qui aurait détruit le paysage ? Je scrute le sol à la recherche du moindre signe d'un impact de magie noire, en vain.
Cette question, il faudra que je la pose à Menra.
Je poursuis mon chemin et survole les collines qui s'étendent sur des kilomètres. L'air ambiant est agréable, bien plus chaud que celui qui m'attend sur Terre. Ici, pas de neige qui parle, pas de froid extrême ni de vents puissants. Non, tout est parfait.
Et ennuyeux.
Enfin, ça, c'était avant que j'entende un sifflement qui me glace le sang. Je me retourne et constate avec effroi qu'une bête immonde me charge, ses longs ongles jaunes recourbés pointés dans ma direction. Sa peau verte luie à la lumière du soleil et ses écailles se hérissent, tandis que sa bouche se déforme et s'agrandit plus que de raison.
— Par tous les dieux !
J'esquive de justesse un jet de salive jaune puant et continue ma course effrénée vers la ville. Qu'est-ce que cette bête fait là ? Depuis quand les monstres sont-ils accueillis à la surface ? Cela n'a aucun sens !
Et puis, comment peut-elle me voir ? Mes pouvoirs d'invisibilité auraient-ils cessé de fonctionner ?
La mégalopole se rapproche à grande vitesse. Mes pensées vont à mes humains, restés seuls en arrière. Survivraient-ils à l'attaque d'une de ces bêtes dont je ne connais pas le nom ? Si elle ose s'attaquer à une déesse, elle n'aurait aucun mal à dévorer mes disciples vivants.
Le dilemme s'impose à moi. Si je continue, je risque aussi de mener ce monstre tout droit vers la population.
Que faire ?
Que doit faire Circée ?
Choix vert : faire demi-tour et éloigner la bête de la ville et de ses disciples.
Choix rouge : foncer droit vers la ville et briser son invisibilité afin de chercher de l'aide.
Choix blanc : retourner vers ses disciples afin de leur venir en aide au cas où il y aurait plusieurs monstres.
Choix doré : s'arrêter et se battre.
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Alongside Circée
ParanormaleCircée n'est pas une femme comme les autres. Elle est une déesse métamorphe aux tendances diaboliques. Pourquoi si peu d'informations ? Cette histoire est construite au fur et à mesure. J'ai demandé à ma communauté de choisir certaines caractéristiq...