Chapitre 1

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          Une sensation désagréable me tire de mon inconscience. C'est comme si quelque chose rampait le long de mon coup, un liquide légèrement chaud... Je ravale un haut-le-cœur en comprenant que c'est du sang. Mon sang. Je ne sais pas où je suis.
Merde.
Je suis assise par terre, en tentant de me redresser, je me rend compte que j'ai les mains liées dans mon dos et rattachée à une sorte de poteau métallique. Plus je reprends conscience, plus la douleur se réveille. Je me mords la lèvre, réprimant un cri de douleur. Mes jambes sont ankylosées. Je suis dans une pièce sombre et j'entends l'égouttement régulier d'une fuite certainement. L'air est humide et frais. Une odeur nauséabonde flotte dans l'air. Je parviens à distinguer une table à quelques mètres devant moi, légèrement sur ma gauche. Une affreuse douleur au bras gauche me lance comme si des milliers d'aiguilles transperçaient ma peau. Je parviens uniquement à entendre ma respiration saccadée. Qu'est-ce que je fais là ?... Je bascule ma tête en arrière. Les liens qui maintiennent mes poignets liés me font terriblement souffrir et me scient la peau. Sortirais-je d'ici un jour ? Des dizaines de questions tournent dans mon esprit. Mais aucune réponse. Ça ne sert à rien de crier, il n'y a personne qui puisse ou veulent me venir en aide. Ça ne sert à rien de se débattre, ça ne ferais qu'aggraver les choses. J'attends. Combien de temps encore ? Longtemps certainement. J'ai perdu la notion du temps. Quel jour sommes-nous ? Encore une autre question sans réponse. Elles sont nombreuses dans ce cas. Je n'ai pas vraiment envie de finir mes jours ici. Ce n'est franchement pas le meilleur endroit. J'attends. Combien de temps ? Je ne sais pas. La patience n'est pas une de mes qualités. Mais j'attends. Longtemps. Très longtemps. Trop longtemps. « Plic ploc plic ploc » les gouttes qui tombent. Le même son. Sans interruption. Répétitif. J'attends. Le temps passe. Peut-être s'est-il arrêté. Combien de temps ? Je vais finir par devenir folle. J'ai soif ? Je ne sais même plus. J'ai tellement soif que je n'ai plus soif. Du sang séché sur mes lèvres gonflées. Depuis combien de temps ? Assez pour qu'il soit sec. Je n'ai vraiment pas envie de mourir ici. Je dois vivre. Pour mes parents, mon frère, mes amies, mon copain, pour ceux qui tiennent à moi. Je veux vivre. Alors je vivrais. Non je ne mourrai pas là. J'ai besoin de vivre. J'ai encore trop de choses à voir, trop de choses à découvrir. C'est décidé. Je ne mourrai pas ici. S'il le faut j'attendrai. Combien de temps ? Le temps qu'il faudra. Je me sens paralysée, fatiguée, terriblement fatiguée mais mon cœur bat encore. Tant qu'il battra je serait en vie et tant que je serai en vie, je me battrai pour le rester. Je veux me battre pour survivre. Les secondes deviennent des minutes, les minutes des heures et chaque instant passé ici ne fait qu'avoir raison de moi. L'effet de l'anesthésiant ne semble pas faiblir, j'aurais presque l'impression que c'est le contraire. Combien de temps ? Je ne sais pas. Mais je dois résister. Je dois rester éveillée. Si je m'endors, je ne sais pas si j'aurai la force de me réveiller. Je dois vivre. Je veux vivre. Mes paupières se dont de plus en plus lourdes et résister contre l'irrésistible envie de dormir ne faiblit pas. Cela devient de plus en plus dur. La patience n'est pas une de mes qualités mais la ténacité et la détermination en font partie. Alors je combattrai. Jusqu'au bout. J'ai du mal à réfléchir, je ne trouve pas de solutions. Même si je parvenais à sortir. Contre qui me retrouverai-je ? Je ne sais pas où je me trouve... Et qui pourrait croire à l'histoire d'une gamine de 16 ans ? Personne. Était-ce un bruit ?! J'ai l'impression d'avoir entendu un faible son en dehors de ma... pièce ? Tous mes sens sont en éveils. J'espère que ce n'était pas une simple hallucination... Ce n'étais pas une hallucination. Je ne suis pas seule. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Je ne sais pas. Seul l'avenir me le dira. Lutter contre le sommeil est une épreuve qui s'avère de plus en plus difficile. Mes paupières se ferment d'elles-mêmes, ma tête bascule vers l'avant. Je tente de les rouvrir mais je n'y parviens pas. L'épuisement aura raison de moi. Un voile sombre vient troubler ma vision. Mes paupières sont définitivement closes. Je sombre dans les profondeurs du sommeil. Mon corps se relâche. Je suis inconsciente. Si profondément endormie que je n'entendrai même pas la clé tourner dans la serrure.

La gardienne du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant