Je suis seul. Seul et sans personnes. Mon esprit ne sait quelle porte choisir. Il y en a tellement.
Je suis sous la neige, dans mon fauteuil roulant. Pas un son ne vient briser le silence de ce matin d'hiver. Je repense s'en cesse à hier. A la sœur de M.Kavinski. A ses doigts gelés toucher ma peau. Puis à ses paroles. Ethna. Je ne sais pas comment prendre ça. Elle a fuit tranquillement dans le parc derrière un sapin après que je l'ai repoussé. Après qu'elle m'ait dit que je pourrais faire partie du Project Ethna. Je ne sais pas ce que s'est. Je n'en ai pas la moindre idée.
Mon souffle chaud provoque dans l'air glacé des petits nuages. Je me passe la main sur le visage. Je n'ai pas ouvert la bouche, je n'ai pas dis un seul mot depuis hier et je n'ai pas envie de parler. J'ai la sensation que c'est cette fille qui va me sortir de mon mutisme. Elle va revenir. Parce qu'elle revient toujours. Finalement, un coup de vent me fait comprendre qu'il faudrait mieux que je rentre. Vu dans l'état actuel des choses, si je ne me casse pas tout de suite, je vais m'ajouter un rhume à Ether et franchement, je ne suis pas sur de passer une journée avec doubles problèmes. Je pousse les roues du fauteuil et avance tranquillement jusqu'à la porte coulissante. Mes jambes ont littéralement cessé de fonctionner. Ce matin, j'ai essayé de me lever, ça n'a pas marché. ça ne marchera plus jamais. J'ai toujours les larmes aux yeux lorsque j'y pense. j'en ai marre. Je me sens vulnérable et facilement brisable.
Ma mère n'est venue me voir qu'une seule fois depuis que je suis dans ce centre. Je n'ai pas vu le visage de mon frère aîné non plus et lorsque j'ouvre mon ordi, personne ne m'envoie rien, il ne se passe plus rien. J'ai l'impression d'être dans une prison. En silence, je parcours le long couloir et me dirige vers l'ascenseur. Lorsque les portes coulissent, je ne peux m'empêcher d'être un poil indigner. Car maintenant, je ne crois plus aux coïncidences avec la Folle. Elle est là, me dévisage avec ses yeux violets presque noirs brillant de mille feux. Je décide de l'éviter et donc de repartir en arrière, faisant mine d'avoir oublié je ne sais quoi. Mais avant même que je ne fasse le moindre geste, elle se retrouve dans mon dos, à pousser mon fauteuil de ses bras frêles. Finalement, les portes se referment me voilà en train d'aller au troisième étage avec une personne dont je ne connais pas le nom mais dont la folie est notoire. Toujours sans un mot, je m'attends à ce que je puisse fuir le plus rapidement possible. Je suis près comme un pilote de course l'est avant de démarrer. Hors, la Malade appuie sur le bouton " Arrêt". Et l'ascenseur cesse son mouvement. Mon cou se tourne affreusement dans sa direction, elle arbore un sourire terrible. Je ne saurai lire quels sentiments passent dans son esprit mais son visage, sa présence me fait peur. Je me crispe et lâche :
" Qu'est ce que tu fous ?
- Il y a des choses que les murs n'ont pas besoin de savoir.
- Appuie immédiatement sur ce bouton ! "
Elle me sourit et pose son dos contre les interrupteurs. Sa tête se secoue de gauche à droite. Elle est catégorique et ne semble pas vouloir m'écouter. A ce moment là, elle entamé un petit discours, je n'ai pas envie de l'écouter mais j'ai le sentiment que si je ne le fais pas, elle va m'y obliger. Rien que cette pensée m'arrache un air de dégoût. je la méprise tellement. Je ne peux juste pas me la voir.
" Elliot Von Dorn, il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas sur moi, sur Ether, sur la société. Mais ne fais pas cette tête, tu n'es qu'un humain ignorant comme la quasi-totalité de notre pays. Tu es donc dans la normalité. J'ai arrêté l'ascenseur dans l'espoir de pouvoir t'expliquer ton destin sans qu'aucun petits cons ne viennent perturber notre entrevue. Tu me suis ? "
Silence. Encore une nouvelle porte ?
Je passe ma main sur mon visage. Mais qu'est ce qu'elle me sort, bordel ? Je dois juste garder mon calme. J'inspire de grandes goulets d'airs et craque mes doigts. Mon visage se lève vers celui de la jeune femme ( je n'ai pas la moindre idée de son âge en réalité ) et mes yeux rencontrent les siens. En l'espace d'une demi-seconde, je me sens déstabilisé, mal. J'ai envie de vomir et mon regard fuit celui si laid de cette Folle. Je ne sais pas pourquoi, mais dès que je contemple ses prunelles trop longtemps, je ressens un certain malaise. Elle semble d'ailleurs s'en rendre compte et fixe dès à présent la porte." Ecoute, j'sais pas ce que tu veux me dire, mais j'm'en tape profondément. Je grogne mes mots.
- Non, c'est toi qui va m'écouter ! Tu es une merde ! Seul, sans amis, malade et surtout, TU vas mourir ! Est-ce vraiment ce que tu désires ? Tu veux rester ignorant jusqu'à ton dernier soupir, regarder la neige tomber sans rien faire, à attendre que les doux bras de la faucheuse viennent te chercher ? J'en doute fortement. Si ceux dans Haut t'ont choisi pour participer à Ethna, cela signifie que tu peux être fort et que tu parviendras à ouvrir toutes les portes...Je l'espère d'ailleurs.
- Que...Quoi ? " Ceux d'en haut" ? Mais pour qui te prends-tu ? Tu me parles comme ci tu savais tout de ma vie ! Mais tu ne me connais même pas ! Comment oses-tu me juger ? "
Ses yeux brillent, je suis moins mal à l'aise tout d'un coup, probablement à cause de la fureur qui s'empare de moi petit à petit. Quelque chose de fou me vient à l'esprit et avec la seule force de mes bras, je me soulève suffisamment de mon fauteuil...pour me jeter sur cette fille. J'ai des envies meurtrières ! Alors que je m'écrase sur elle, pas un son ne sort de sa bouche, pas un cri. Elle n'a même pas réagit comme ci tout ceci était déjà écrit quelque part et qu'elle s'y attendait.
Je me retrouve finalement par terre, j'ai mal. Cette fille est assise dos au mur de fer et me regarde. Doucement, elle pose sa main sur mes cheveux et dit :
" J'en sais bien plus sur toi que tu ne le penses. Rien n'est une coïncidence, rien ! Tu es tombé malade pour tes dix ans, c'était prémédité. Tu t'es fais plaquer par Jeanne Silvestre en troisième, c'était aussi prémédité. Tu as attrapé un rhume le jour où tu as eu la folle idée d'aller sauter d'un pont pour faire ton kéké. C'était encore et toujours prémédité. Elliot, ta vie entière est basée sur une sorte de mensonge. Comme la mienne. Comme celle de huit autres enfants.
- Mais qui es-tu, bon sang...Tu me fatigues et tu dis n'importe quoi.
Je suis désespéré, je l'ai écouté jusqu'au bout et sérieusement en plus. Ma vie serait en réalité mené par des fils ? Je serais donc quoi ? Une chose sans nom ? Sans réelle existence ? Il doit bien voir mon visage d'incompris...Mon horreur. Je ne la crois pas. Elle débarque de nul part et me sort des mots vas et là. Je n'ai que faire de tout ça, je ne veux qu'une chose : Vivre.
- Je m'appelle Astrea Kavinski et je fais partie du Project Ethna depuis que j'ai douze ans. Je suis le sujet d'expérience numéro six et...Toi et moi sommes liés par un lien spécial.
Je la dévisage longuement et me redresse difficilement. Maintenant nos visages sont si près l'un de l'autres que je suis obligé de me reculer pour la voir clairement. J'ai mal au cœur. Au ventre. Je n'arrive plus à suivre.
Je dois dès à présent me l'avouer : depuis le début, je me voile la face. N'importe qui dirait que cette fille ne sort que des mensonges et qu'elle devrait être envoyée dans un hôpital psychiatrique. Pas moi. Plus maintenant. Je suis décidé à ne pas la croire jusqu'à ce que...je commence à tousser. Je n'arrive plus à m'arrêter, son regard semble inquiet. Sa voix qui crie mon nom, me dit de respirer profondément me parait loin. Ma vision se trouble. Lorsque je vois enfin ma main en face de moi, celle ci est chargée d'un sang violet. ça y est j'ai heurté le mur. Je suis dès à présent que même si je ne crois pas cette fille, son histoire semble avoir un lien avec ma maladie. Et cela signifie qu'elle a peut être un moyen pour que je guérisse. Je fini sur cette pensée, alors que je sens un liquide chaud coulé le long de ma bouche pour continué sa route dans mon cou et Astrea posait sa main dans mon dos, me secouant.
Il n'y a plus de porte. Juste de la lumière.
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Résonance [ Terminé ]
ContoElliot Von Dorn a 17 ans. Il est atteint du Syndrôme d'Ether. Il va mourir. Son destin est de se lier à la mort afin de la combattre. Son rôle sera plus grand que celui de n'importe quel être humain. 2031 - Septembre - Mai