𝚝𝚑𝚊𝚗

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C'était définitivement n'importe quoi, un foutoir total. Ray était passé du désespoir complet à la panique. Pourquoi avait-il fait ça ? Qu'est-ce qui l'avait poussé à embrasser un mec fiancé, et qui plus est son meilleur ami !?

Déjà que toute cette histoire était bien sombre, maintenant il se retrouvait dans le rôle de la "meilleure amie voleuse de mari". Enfin, le mari en question était techniquement tout aussi responsable que lui.

C'est vrai quoi, Norman aurait simplement pû lui dire non ou empêcher l'acte de se produire, mais non. Il s'était laissé faire et après il s'était excusé pour mieux recommencer après. Ils ne s'étaient séparés complètement que lorsqu'une des fenêtres avait cédé sous la pression de l'eau. Le noiraud en avait profité pour se barrer vers sa chambre. À nouveau privé de toute maturité...

Cependant, contrairement à son premier isolement, il n'était pas constamment entre les murs de cette pièce. Il traînait parfois dans le salon et la cuisine où il devait supporter la gaieté constante d'Emma qui ignorait les agissements de son futur époux. Il allait même faire des heures supplémentaires à la bibliothèque, esquivant sciemment Norman. Pas très sûr de ce qu'il lui dira quand leurs regards se croiseraient à nouveau.

Il avait eut le temps d'y penser en deux jours, mais chaque début de phrase qui lui venait à l'esprit lui semblait peu convaincant. Et puis comment cette andouille pouvait embrasser quelq'un d'autre à trois semaines de son putain de mariage ?

De plus étonnant en plus étonnant.

Ça devenait vraiment le bordel dans sa tête. Peu importe la façon dont il essayait d'aborder le problème, celui-ci n'avait aucun sens. Il ne savait même plus qui avait initié l'acte ou pourquoi avoir fait cela.

Plus il y réfléchissait, plus il s'y perdait.

Alors, la meilleure solution qu'il lui restait était de confronter directement le blond. Ce qui n'était pas une chose facile étant donné que lui-même n'était pas sûr de ce qu'il allait dire.

Ray avait la fâcheuse habitude d'abandonner rapidement. Si c'était trop difficile pour lui, il ne creusait pas plus loin et laissait tomber. C'était beaucoup plus simple que de se prendre la tête éternellement.  C'était un défaut certes, mais cela l'avait sorti de bien des conflits internes.

Néanmoins, il savait que pour une fois il devient faire preuve de courage et de volonté. Deux choses qui lui manquaient beaucoup.

"- Euhm...il faut qu'on discute.

- Je sais."

Il avait attendu une heure à laquelle il savait que sa rousse préférée était occupée loin de la maison. Il n'avait rien prévu à l'avance, il s'était juste assis sur le canapé et avait attendu de croiser un regard bleu du coin de l'œil. Ce qui n'avait étrangement pas tardé. Et maintenant qu'il avait amorcé la conversation, il ne pouvait plus faire machine arrière.

"- Tu veux parler d'hier soir, n'est-ce pas ?

- C'est évident.

- Ça remonte à plus loin que ça...

- Je...n'arrive pas à te croire.

- Je suis sérieux, j'ai dû faire pas mal de choix qui t'impliquait et ça c'était la conséquence du refoulement dont a été tout les deux victimes Ray.

- Et qu'est-ce que je suis sensé comprendre ?

- Que c'est compliqué. Que je ne peux te dire "gris" ou "noir" parce que je suis aussi paumé que toi. J'ai agit pour agir, je le reconnais. Mais, je ne regrette rien."

C'était encore plus confus dans la tête du noiraud maintenant. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien vouloir dire bon sang !? Était-il donc...attiré par lui depuis un bon bout de temps et avait du mal à se l'admettre ? Mais, n'était-il pas sur le point de se marier lui !?

Le noiraud avait brusquement envie de se cogner le front sur la table basse face à lui. Il n'avait même pas osé regarder son interlocuteur dans les yeux. Malgré le peu de distance qui les séparait sur ce canapé étroit. Fuir et abandonner paraissaient être les meilleures options disponibles.

Pourquoi pas ? Il pouvait bien s'enfermer dans sa chambre pendant les trois semaines qui le rapprochait de la date maudite. Ce n'était qu'un petit sacrifice pour avoir la paix.

Inévitablement penser à ce mariage le rendit à nouveau triste et ça ne passa pas inaperçu à Norman, qui fit de son mieux pour le rassurer en passant son bras autour de ses fines épaules. Ray s'était souvent surpris à détester son physique d'adolescent en pleine crise de son époque.

"- Je ne regrette rien non plus. C'est juste que c'est...brusque. On fonctionnait bien mieux avant toute cette histoire de mariage.

- Pff, il est mis en sursis d'ailleurs.

- Quoi !? Mais, pourquoi ne m'avoir rient dit !?

- Pour la même raison pour laquelle nous ne t'avions pas dit que nous étions ensemble ou que j'avais fait ma demande. Parce que tu joues un rôle trop important dans tout ce fouillis et que c'était plus facile de te tenir à l'écart jusqu'à ce qu'on reprenne nos esprits.

-...Alors c'est moi le problème dans tout ça ?"

Ça y est la culpabilité se frayait un large chemin à l'intérieur de Ray. Il était à nouveau l'erreur. L'être à part qui s'est trompé monde. Il faisait foirer les existence des autres rien qu'en existant lui-même. Il aurait dû disparaître avant d'empiéter sur le bonheur des gens qui faisaient l'erreur de tenir à lui.

Il détestait ces pensées sombres qui le faisaient douter de lui-même. Les romans d'amour qu'il lisait était un bon échappatoire à la noirceur qui l'envahissait souvent. Mais, il ne pensait pas devenir le personnage d'un de ces récits un jour. Triste de constater qu'être le méchant de l'histoire est moins drôle qu'on ne le pense.

"- Tu as tout faux. En réalité, le problème ce n'est pas toi. C'est toi et moi."

...C'est

toi

et

moi.

𝘈𝘱𝘢𝘳𝘵Où les histoires vivent. Découvrez maintenant