L'atmosphère s'assombrissait une semaine après notre escapade, soit trois semaines avant le mariage de Lily et James. Gillian Gainsborough, membre depuis peu de l'Ordre, avait été retrouvé dans un bain de sang. Son corps présentait de nombreuses et profondes entailles, comme s'il avait été lacéré à maintes reprises par une épée. L'annonce portait un coup particulièrement dur à Lily, car ce sortilège, Sectumsempra, qui avait tué la sorcière, était une invention de Severus Rogue. Je ne comprenais que trop bien ce qu'elle pouvait ressentir.
– Tu crois qu'on devrait maintenir le mariage ?
Je relevais les yeux du rapport qu'avait rédigé Alastor de sa dernière mission. Nous étions seules au quartier général de l'Ordre. Je découvrais Lily, la tête baissée sur un parchemin qu'elle tentait de lire aussi. Elle avait noué dans un chignon rapide sa chevelure de feu. Son visage paraissait s'être amaigri, creusé par la désolation et je remarquais également ses ongles rongés jusqu'à la peau.
– Oui. Maintenant plus que jamais.
Elle ne me regardait pas. Ma meilleure amie, ce soleil, qui m'avait toujours paru si sûre d'elle, je la trouvais soudainement l'air vulnérable. Elle doutait, se questionnait.
– Ce serait leur faciliter la tâche, reprenais-je d'une voix douce. L'amour, l'amitié... Plus ils essayeront de nous les arracher, plus nous devrons nous y accrocher. Ils feront tout pour détruire ça... c'est ce pour quoi on se bat. Pour continuer à aimer, à rire, à être libre. Si on les laisse faire, que nous restera-t-il ?
Je me levais de la chaise sur laquelle j'étais assise et m'approchais d'elle. Attrapant une de ses mains dans la mienne, je m'accroupissais près d'elle.
– Lily... il faut que vous vous mariiez. Tous les deux... vous êtes fou amoureux. Ne les laissez pas entamer ça, murmurais-je.
Elle se décidait enfin à croiser mon regard. Ses grands yeux verts, plus foncés que les miens, brillaient. Je la prenais dans mes bras et la laissais pleurer tout son soûl contre mon épaule.
Je faisais tournoyer ma baguette dans un mouvement précis et délicat. Les lèvres serrées, je me concentrais pour tresser ensemble plusieurs fils or et blanc. L'ambiance était toujours maussade et le couple avait essuyé plusieurs disputes. Néanmoins, nous n'avions pas abandonné l'idée du mariage et avec les Maraudeurs et les parents de James, nous poursuivions les préparatifs. Dans le champ qui bordait la maison des Potter, je m'employais à composer les décorations de la table des mariés. Non loin de moi, Remus s'était attelé à ensorceler des centaines de lys blancs pour les faire s'illuminer.
– Ça parait un peu fou, non ?
Queudver apportait une autre brassée de ces fleurs lorsqu'il prenait la parole.
– Des gens se font tuer, et nous, on s'amuse avec des plantes.
Je contractais la mâchoire mais ne lâchais pas des yeux ma création.
– Rien ne t'oblige à participer, répliquais-je sèchement.
Pettigrow ne demandait pas son reste et filait chercher les dernières. Lunard m'observait par-dessus sa baguette.
– Tu es de son avis ? lui demandais-je.
Il prenait une profonde inspiration, comme s'il pesait le pour et le contre. Quelques secondes s'écoulaient avant qu'il ne me réponde de sa voix apaisante.
– Je comprends son point de vue. C'est vrai que de l'extérieur, ça peut paraître futile, tempérait-il, fidèle à ses habitudes.
Je soupirais, et terminais mon œuvre. Je ne pouvais nier y avoir également songé. Bien sûr que je me sentais coupable de préparer un mariage, mais je n'en étais pas moins convaincue de son bien-fondé. Annuler un tel évènement reviendrait à capituler devant ce régime de terreur. Et il en était hors de question.
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Une Lune d'or et de noir [ANCIENNE VERSION]
ФанфикDécembre 1977. Voldemort continue d'étendre son ombre sur le monde des sorciers. Le Royaume-Uni est assailli de toute part et même Poudlard peine à épargner ses élèves. Ayden, jeune femme à la lugubre affiliation et dont le destin est inextricablem...