Absolument tout mon corps était contracté. Je ne sentais plus mes jambes à force d'en tendre les muscles. Si un jour Sirius se décidait à arrêter de rouler, je serais incapable de descendre de cette moto. Chacun de mes membres étaient trop engourdis pour espérer un jour pouvoir se relâcher. J'étais condamnée à rester dans cette position pour le restant de ma vie. L'avantage, c'était que j'étais trop paniquée pour réussir à penser à cette rencontre chez Fleury et Bott.
Nous avions quitté Londres depuis plus d'une heure. Pendant la première demi-heure, mon cœur avait tambouriné dans ma poitrine comme un prisonnier cherchant à arracher les barreaux de sa cellule. Il ne faisait toujours pas le fier, mais avait néanmoins réussi à suffisamment se calmer pour m'épargner un arrêt cardiaque. J'avais passé le reste du trajet à broyer le blouson de Sirius entre mes doigts en me répétant que cette situation n'avait rien de normal. Comment les moldus pouvaient-ils aimer ce moyen de transport ? Comment, par Merlin, mon ami avait-il pu se prendre de passion pour une chose pareille ?
– Lève les yeux ! me criait le Maraudeur.
Je m'étais également appliquée à ne pas regarder le paysage défiler autour de nous. Cela aurait été une trop grande épreuve pour mon estomac. C'était déjà un miracle que j'ai réussi à ne pas fermer les paupières. J'en avais donc été réduite à compter les accrocs sur les épaules de sa veste.
Je me forçais toutefois à suivre ses directives. Nous déambulions dans des rues cernées de bâtiments en pierre à l'architecture époustouflante. J'étais soudainement trop subjuguée pour me concentrer sur ma peur. Nous étions arrivés à Oxford. Sirius ralentissait tandis que nous remontions la ville jusqu'au centre historique. Je ne l'avais encore jamais visité et c'était bien au-delà de ce que j'avais pu imaginer. Chaque coin de rue offrait son lot de merveilles. J'en venais presque à regretter de n'avoir pas admiré le panorama plus tôt.
Sans crier gare, Sirius stoppait sa moto, me faisant à nouveau empoigner vivement son vêtement en grinçant des dents. J'étais certaine de l'avoir entendu ricaner. D'un coup de pied leste, il dépliait une tige de métal destiné à supporter son véhicule, puis il descendait comme si de rien n'était. N'ayant certainement pas la même élégance, je glissais de la moto en me faisant l'effet d'un gnome arthritique. Mes mollets protestaient une fois debout et mes mains tremblaient pendant que j'essayais de me débarrasser du casque. Je lisais de l'amusement sur le visage de Sirius, mais il ne faisait aucun commentaire pendant qu'il m'offrait son aide.
– Alors ? questionnait-il en arrangeant une de mes mèches blondes.
Je haussais un sourcil, l'air de dire "tu te fous de moi ?" ce qui le faisait éclater de rire.
– Je t'ai trouvé relativement à l'aise. James était accroché à moi comme un botruc à son arbre et n'arrêtait pas de jurer la première fois.
– J'ai ma fierté.
Il souriait de plus belle.
– Par contre, ton blouson a moyennement apprécié.
Je lui montrais les traces de mes doigts imprimés sur sa taille. Il avait un mouvement d'épaules désinvolte. Je remarquais que ses traits s'étaient détendus, comme apaisés après cette escapade. Moi-même -mais je ne l'aurais jamais admis devant lui- je me sentais étonnement plus légère. Plus libre.
– Heureusement que je ne l'ai pas fait voler... me lançait-il avec un clin d'œil.
– Que tu quoi ? m'étranglais-je en blêmissant.
Un nouvel éclat de rire franchissait ses lèvres et alors que je m'apprêtais à grommeler quelque chose du genre « qu'est-ce qu'ils ont les frères Black à vouloir voler », il attrapait ma main pour me tracter.
VOUS LISEZ
Une Lune d'or et de noir [ANCIENNE VERSION]
FanfictionDécembre 1977. Voldemort continue d'étendre son ombre sur le monde des sorciers. Le Royaume-Uni est assailli de toute part et même Poudlard peine à épargner ses élèves. Ayden, jeune femme à la lugubre affiliation et dont le destin est inextricablem...