Un silence assourdissant accueillait ses paroles. L'hébétement nous paralysait. Non... Non, c'était impossible.
– Fumseck nous a donné le signal. Nous nous sommes retirés sans encombre... commençait Franck d'une voix hésitante.
Le jeune Lupin secouait la tête, les traits contractés. La bile remontait dans ma gorge et enflammait la boule qui s'y était formée à l'annonce de l'apparition du mage noir.
– Il est arrivé après. Après votre départ, balbutiait-il en tâchant de maîtriser son souffle laborieux.
J'avais l'impression que mon cœur s'était transformé en bloc de granit et qu'il tombait dans ma poitrine. Il tombait, dégringolait en arrachant mes organes les uns après les autres.
– Il faut qu'on y retourne...
Ma voix n'était guère plus qu'un chuchotement. L'horreur m'oppressait. Plus rien n'avait d'importance, si ce n'était l'homme qui partageait ma vie depuis trois semaines.
– Ayden...
– On ne peut pas les laisser là-bas.
Lily cherchait à me prendre la main, mais je me dérobais. Je ne voulais pas l'écouter, je ne voulais pas la regarder, parce que je savais déjà ce qu'elle allait me dire.
– Ayden, s'il te plaît...
Je refusais de la laisser parler. J'amorçais un mouvement en direction de la porte. Remus s'interposait. Son visage portait les stigmates de l'inquiétude, mais restait empreint de détermination.
– Ayden, non.
Sa voix indiquait qu'il ne souffrirait aucune contestation et je le défiais du regard en réponse. La colère montait doucement en moi, bouillonnait avant de se déverser dans mes veines, se disputant avec l'effroi qui m'avait envahi. Les autres étaient debout autour de nous, leurs mines sombres et tendus. Je les ignorais, mon regard noir dirigé tout contre Lunard.
– Remus, il faut qu'on y retourne.
– Non, Ayden, répétait-il calmement mais fermement.
– Alors tu veux qu'on les abandonne !? explosais-je.
Sans m'en apercevoir, j'avais glissé une main dans ma poche, à la recherche du contact de ma baguette.
– On savait tous le risque que comportait cette mission. Tu connais les ordres. On ne doit pas y retourner.
Remus et moi nous faisions face. Chacun de mes muscles étaient bandés, prêts à forcer le passage s'il le fallait. Pendant de longues minutes, plus personne ne bougeait. Mais je savais que je n'avais qu'à lever le petit doigt pour qu'ils soient forcés de me neutraliser.
Ma fureur retombait brutalement, ne laissant plus place qu'à la détresse. Je savais qu'il avait raison. Je desserrais doucement l'étreinte sur ma baguette. Résignée et au désespoir.
Ce furent les heures les plus longues de toute ma vie. Rester dans l'attente, l'interdiction d'agir, me rongeait de l'intérieur. Certains étaient réapparus, au compte-goutte, présentant diverses blessures plus ou moins graves. Les frères Prewett avaient dû transporter d'urgence Sturgis à Ste Mangouste.
Petit à petit, nous avions pu retracer les évènements.
Notre présence au manoir ce soir-là devait être purement passive. Le couple Malefoy, Lucius et Narcissa, organisait une réception dans leur demeure. Lucius était étroitement surveillé par l'Ordre et nous avions de bonnes raisons de croire que beaucoup de mangemorts devaient se trouver chez eux. Bien qu'audacieuse, notre mission était simple : contourner le système de sécurité et espionner. Aucune intervention, juste de la reconnaissance. L'avant garde, dont je faisais partie, devait tracer le chemin pour les autres en perçant les défenses qui cernaient le manoir avant de céder la place aux équipes suivantes. Maugrey préférait que nous ne mettions pas tous nos œufs dans le même panier, aussi, s'il n'y avait aucun accroc, nous avions consigne de repartir les premiers.
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Une Lune d'or et de noir [ANCIENNE VERSION]
Fiksi PenggemarDécembre 1977. Voldemort continue d'étendre son ombre sur le monde des sorciers. Le Royaume-Uni est assailli de toute part et même Poudlard peine à épargner ses élèves. Ayden, jeune femme à la lugubre affiliation et dont le destin est inextricablem...