Chapitre 19- BLUENN-

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La soirée est déjà bien avancée, mais je reste coincée dans le lit de Sixtine. Nous sommes toutes les trois affalées sur son immense lit king size, nos membres entrelacés dans un enchevêtrement chaotique. Le plafond crème, orné d'un lustre doré, semble être devenu une source d'inspiration sans fin. Je serre l'oreiller de Sixtine contre moi, comme si cela pouvait dissiper le nœud serré dans ma gorge, la conséquence épuisante des larmes versées tout au long de l'après-midi. Il m'a fallu un moment pour retrouver mes esprits et retourner au manoir. À un moment, j'ai même envisagé de partir, comme Cyrienne me l'avait suggéré quelques heures plus tôt, mais finalement, je n'ai pas trouvé le courage d'affronter cette réalité.

— Ces mecs sont vraiment tordus quand on y pense.

— Mhmm, Mhmmm, dis-je contre l'oreiller. Je ne sais pas ce qui m'énerve le plus, qu'il me fasse si peu confiance, ou leur manière de dénicher des solutions. Quoique, on ne peut pas leur reprocher leur ingéniosité, quoi de mieux que de me mettre Cyrienne dans les pattes pour me faire craquer.

— Elle ne perd rien pour attendre celle-là, me coupe Sixtine tournant la tête dans ma direction.

— Je ne suis pas sûre qu'elle ait eu son mot à dire, même si c'est clair qu'elle a dû prendre son pied de me voir autant dérouiller lors de nos séances.

— Pour ça on peut dire qu'ils ont réussi leur coup, renchérit Alexanne tout en inspectant le résultat de sa manucure. D'après vous, qu'est-ce qui va se passer maintenant ?

— Je n'en sais rien, mais je n'ai pas envie de leur faciliter la tâche là tout de suite, je réponds le crâne à moitié enfoui sur l'oreiller.

— Et pour Moses ?

— Quoi, Mose ? répliqué-je, en relevant brusquement ma tête.

— Bah, tu lui as ouvertement dit qu'il te plaisait, qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?

— Ah ça... soupiré-je, résignée. Eh bien, j'ai pensé creuser ma tombe et m'y cacher jusqu'à ce qu'il ne se souvienne plus de mon prénom, mais je crois que je n'aurais pas la patience d'attendre jusque là. Donc je vais essayer de garder la face devant lui, et prier pour qu'il ne me parle plus jamais de ce moment.

— Si tu crois à être drôle, Blue, c'est loupé. Mais, ça prouve au moins que tu retrouves le moral, lance-t-elle en me pointant avec sa lime à ongles, alors que je lui réponds en lui montrant mon plus beau doigt d'honneur.

On se met à sourire.

— Tu peux rêver pour qu'il oublie cette partie-là, si tu veux mon avis, surenchérit spontanément Sixtine à mes côtés.

— Merci de me soutenir, Six.

— À ton service.

— Plus sérieusement, j'ai eu l'occasion de l'observer depuis un moment.

— Comment cela l'observer ?

— Disons que j'ai mené ma petite enquête. Au vu de tout ce que tu nous avais dit sur lui et sur sa marque qui appelle la tienne machin chose, je voulais être sûr dans quoi tu t'embarquais.

Je passe les mains dans mes cheveux, le sourire aux lèvres. Je la reconnais bien là.

— Et alors ?

— Donc je disais qu'après ma petite analyse, j'en ai déduit qu'il est aussi mordu que toi, ma chérie.

— Ah oui ? Et comment tu en es arrivé à cette déduction ?

– Très simple. Ce mec t'évite comme la peste.

— C'est censé me rassurer ?

— Il évite de te mater, dès qu'il le peut, pourtant ses yeux louches dès que tu as le dos tourné.

ASKA-1  L' EssaimsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant