chapitre 8- BLUENN

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C'est avec une légèreté extrême que j'ouvre doucement les paupières, probablement grâce à l'éclat brûlant de cet été indien qui inonde la pièce. Sa lumière réconfortante caresse mon visage, m'offrant un sentiment délicieux que je n'avais plus ressenti depuis longtemps. Je m'imprègne des changements qui s'opèrent depuis ces dernières heures, et cela ne fait que renforcer mon bien-être.

Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, mais je me sens revigorée.

Peut-être est-ce la première fois que je suis certaine que personne ne viendra me chercher ici. Cette certitude soulage un poids dont je n'avais pas conscience jusque-là.

Je m'étire longuement dans ce nouveau lit spacieux, laissant échapper un bâillement tandis que je sens à nouveau la douleur tirer sur mon épaule. Sixtine a couvert la plaie avec un bandage, un peu inconfortable, mais la douleur est nettement moins vive qu'hier soir. Sixtine ayant apaisé une grande partie de la douleur psychique, et même si je garderai probablement une cicatrice, je sais que notre capacité de régénération aidera à sa guérison rapide.

Je ne m'attarde pas sur la douleur, préférant me concentrer sur ma nouvelle chambre. Bien que sommaire, ses murs jaune ocre nuancés et son parquet en chêne massif lui confèrent une certaine majesté, tandis que la lumière du jour y entre comme une bénédiction. La décoration simple et épurée me plaît énormément.

Peut-être pourrais-je ajouter quelques touches personnelles, mais dans l'ensemble, je m'y sens déjà chez moi.

Soudain, je pense aux filles et à tout ce que je n'ai pas eu le temps de leur avouer la veille. Je ne leur ai jamais parlé de ma rencontre troublante avec Moses cette nuit-là. Une part de moi avait envie de garder cet instant volé rien que pour moi. Seulement maintenant qu'Alexane l'a découvert, je vais être obligée de leur en parler, même s'il n'y a rien d'intéressant à dire en réalité. Je suis d'ailleurs soulagée de savoir que je ne le reverrai pas tout de suite. Sa présence est une vraie torture. J'espère qu'avec le temps, j'arriverai à m'en détacher. J'enfile un legging et un tee-shirt à la hâte et me dirige vers leur chambre, adjacente à la mienne.

Je toque plusieurs fois à leurs portes, mais aucune des deux ne semble y être.

Après quelques secondes d'hésitation, je décide finalement de me rendre à la cuisine au moment où mon ventre me rappelle que je n'ai rien avalé depuis la veille. J'ai besoin de prendre un peu d'énergie et surtout de dégoter un café pour avoir ma dose de mojo matinal avant d'avoir cette discussion.

Le problème, c'est que je ne suis plus très sûre de savoir où se trouve la cuisine.

Je m'aventure à travers le couloir en espérant ne croiser personne.

Mike nous a fait un rapide tour des lieux hier soir, et tout ce que j'ai retenu, c'est que ce manoir est une vraie mine d'or. Cuisine, salon, bibliothèque, chambre, et j'en passe... toutes ces pièces sont démesurées et me font craindre de me perdre dans ce labyrinthe.

Puis, je m'arrête devant une porte entrouverte. Je passe la tête à travers et découvre un bureau. Il est vide. Je devrais passer mon chemin, mais une odeur particulière attire mes sens. Des effluves de cèdre. C'est le bureau de Moses. J'en mettrais ma main à couper.

C'est donc ici qu'il passe le plus clair de son temps.

Je ne devrais pas être tentée, mais c'est plus fort que moi. J'entre dans son univers et espère secrètement m'imprégner des miettes qu'il aura laissées sur son passage. Je passe en revue le moindre détail de la pièce, espérant trouver à la dérobée les réponses qui me manquent à son sujet. Mes doigts effleurent timidement le revêtement en cuir du canapé avant de s'arrêter sur son bureau en chêne massif. Cette pièce reflète parfaitement son propriétaire. Froide et autoritaire. La conversation d'hier soir avec Mike me revient en mémoire.

ASKA-1  L' EssaimsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant