Os n•4

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L'hiver est rude à Annecy. Toutes les maisons sont fermées, les habitants sont rentrés, tout est calme. Seul élément perturbateur, un magnifique hôtel luxueux, le plus prisé de la ville, le plus cher aussi. Il n'abrite que du beau monde, des notaires, des aristocrates, tous les bourgeois de la haute société. Le tout bien protégé par des dizaines de gardes, aussi entraînés que des caporales de l'armée, et des barrières aussi solides que le coffre de la banque nationale. En apparence, cet hôtel n'a rien de bien particulier, en dehors des voitures à plus de dix millions d'euros garées devant. Pourtant, cet établissement, propre sur lui, cause bien des problèmes aux policiers de la ville parce que l'homme qui le dirige est bien loin d'être un saint. Mais à défaut d'être irréprochable, il est riche, et donc intouchable. Cela fait des semaines qu'ils travaillent d'arrache-pied pour trouver un élément qui leur permettrait d'avancer.
Un mois plus tôt, une jeune femme avait été retrouvée dans un des caniveaux d'Annecy le vieux. La trentaine, bien habillée, chaussures et sac de luxe, ses papiers d'identité avaient disparu. Seul signe distinctif, un tatouage, une fleure de lys. Ils avaient fait le tour de tous les tatoueurs de la région pour retrouver celui qui l'avait tatouée. Introuvable. Ils abandonnèrent la piste du tatouage jusqu'au jour où enfin, il prit tout son sens. Après l'autopsie et plusieurs jours d'attente, les conclusions du légiste étaient arrivées enfin jusqu'à Cassandre. Elle n'en pouvait plus du retard que prenaient les affaires à cause des rapports du médecin. Il mettait ça sur le compte de l'hiver. D'après lui, en hiver, les morts se multipliaient, surtout celles des SDF. Son ton condescendant et enlevé l'insupportait, mais c'était le seul de la région, donc, elle prenait sur elle. Quoi qu'il en soit, la jeune femme avait eu une relation sexuelle peu avant de mourir. Chose intéressante, un ADN avait été relevé. ADN masculin. Deuxième chose intéressante, l'ADN était fiché.
- Bah c'est une histoire réglée. Lança Pascal.
- Je ne dirais pas ça à votre place. Rectifia Florence. Ce nom, ça ne vous dit rien ?
- Ça devrait ?
- Samuel Richard. Directeur du plus grand hôtel d'Annecy. Homme très influent.
- C'est votre réputation de parisienne qui vous a fait entrer là-bas ? Plaisanta-t-il.
- C'est votre mère qui m'en a parler. Et devinez quoi ? Son établissement s'appelle « Le Lys ».
- Et pourquoi il est fiché ce charmant monsieur ? Demanda Sisi.
- Une jeune femme a porté plainte pour viol contre lui y a trois ans.
- Pas très charmant finalement.
- Et qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Y a pas eu de suite, il a réussi à prouver qu'elle était consentante. Mais la plainte n'a jamais été retirée. Clémence affirme encore qu'il la violer.
- Pourtant le médecin a dit qu'il n'y avait pas de traces de violence.
- C'est peut-être le cas. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas lui.
- Attendez ça veut dire quoi ? Commença Jean-Paul. Elle travaillait là-bas ?
- Vu les vêtements je pense pas. Dans ce genre d'hôtel, les employés ont des uniformes, je pense que c'était une cliente.
- Mordue la cliente, pour aller jusqu'à se tatouer un lys sur le poignet.
- Mouais, je sais pas. Bon faut qu'on en sache plus. Maléva et Marchand vous aller voir cette Clémence.
- Ça va être compliqué commissaire. Elle s'est suicidé y a un mois. Expliqua Pascal en tournant l'écran.
- Eh merde.
La piste de Clémence était finit avant même d'avoir commencé.
- Bon j'appelle la proc'.
Qui évidemment avait défendu Cassandre de faire quoi que se soit tant qu'elle n'avait pas de preuves solides. Le problème étant que sans la possibilité de lui parler, elle ne risquait pas de trouver ces preuves. Donc depuis plusieurs semaines ils cherchaient un moyen de l'approcher, sans succès. Jusqu'à ce matin.
Évelyne avait convoqué Florence et Pascal au palais. C'était rarement bon signe quand ils l'étaient en même temps. Elle les fit entrer dans son bureau, cet air sérieux qui ne la quittait jamais sur le visage, et leur demanda de s'asseoir.
- Bon j'y ai réfléchit toute la nuit, je ne vois pas d'autres solutions.
- On peut savoir ?
- Le seul moyen d'entrer dans cet hôtel, c'est d'y être invité, ou d'être riche. Expliqua Évelyne.
- Le problème c'est que nous ne sommes aucun des deux. Plaisanta Florence.
- Vous non. Mais eux si.
Elle leur tendit deux cartes d'invitation.
- C'est quoi ça ?
- Florence et Pascal Da Silva.
- D'où ma question. C'est quoi ça ?
- Vous allez infiltrer la soirée organisée pour l'anniversaire de Samuel Richard. Il y aura une centaine de personnes présentes. Vous vous fondrez dans la masse et vous irez fouiller.
- Et on cherche quoi ? Demanda Pascal.
- Une preuve qui peut lier cet homme à notre victime, qui au passage n'a toujours pas d'identité.
- Et c'est quand ? Continua-t-il.
- Demain soir.
- Wow ! Vous vous entendez là ? Une infiltration ? Et puis quoi encore ? On n'est pas dans James Bond là. Pascal sérieux.
- Bah quoi, c'est une bonne idée.
- Raaa, bon Évelyne, je peux pas croire que cette idée vienne de vous.
- Elle ne vient pas de moi. Mais c'est soit ça, soit on nous retire l'enquête.
- Quoi ! En quel honneur ?
- On n'avance pas, notre seul suspect est intouchable, bien planqué dans son hôtel. Il y a un service qui n'attend que ça de nous reprendre l'affaire, la CRIM' de Lyon. Donc on n'a pas le choix.
- C'est n'importe quoi. Maugréa-t-elle en se reculant dans son siège.
- Commissaire, c'est notre enquête. Et puis c'est excitant vous ne trouvez pas ?
- Infiltrer la soirée d'un criminel, sans soutient, entourés de gardes qui font deux fois ma taille, non désolée, ça n'a rien d'excitant. Et vous auriez pu me demander mon avis avant de faire vos papiers.
- Florence, vous tenez vraiment à perdre cette enquête ? Ça fait des semaines que vous êtes dessus.
- Mais arrêtez avec ça, JE N'IRAIS PAS à cette soirée. Je suis flic, pas suicidaire.

Cassandre~OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant