OS n•5

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Hello,Désolé pour l'attente mais en ce moment on est un peu débordé avec les cours du coup c'était chaud pour écrire mais on y est arrivé.C'est un os très court pour vous faire patienter jusqu'au prochain❤️

Le cauchemar était enfin terminé pour Cassandre. Philippe avait été innocenté et pourrait bientôt rembourser sa dette. Maintenant, Catherine allait-elle accepter de lui pardonner son écart de conduite ? Rien n'était moins sûr. Mais ce n'était plus son problème. Pourquoi était-elle si mal alors ? Le capitaine des douanes venait de quitter le commissariat, non sans quelques reproches envers son ex-femme. C'était légitime mais Florence n'avait fait que son travail, avait-il le droit de lui en vouloir pour cela ? Difficile de trancher. Malgré tout, les policiers étaient soulagés que cela se finisse, l'ambiance redeviendrait plus légère. Pourtant, dès qu'il passa la porte à battants, elle se réfugia dans la salle d'interrogatoire. S'appuya sur la table et laissa échapper un soupire mais pas de soulagement. Qu'avait-elle ? Son poing, soudain autonome, frappa avec force la table en métal, qui résonna aussitôt. Dans l'open space, la tension retombait peu à peu, quelques rires se firent même entendre.
- Elle est où Cassandre ? Demanda Pascal.
- Je sais pas, je l'ai pas vu. Répondit Nicky simplement.
Mais le capitaine semblait soucieux et balayait la pièce des yeux.
- Tu veux pas la lâcher un peu. Sérieux tu la flic ou quoi là ?
- C'est mon boulot.
- Non, pas avec elle. Tu te rends compte de ce que tu dis ? Remarqua-t-elle en souriant.
- T'as raison, je dis n'importe quoi. Mais tu la vraiment pas vu ?
- Pascal !
- Quoi ! Elle a failli arrêter son ex, c'est pas rien quand même.
- Justement, elle a pas besoin qu'on le lui rappelle et encore moins d'avoir quelqu'un sur son dos en permanence. Vraiment, laisse la respirer. Elle va pas s'envoler.
- Et si elle a besoin d'aide ? Tu sais comment elle est, jamais elle ne demandera.
- ( soupire ) Pascal, à mon avis, ce dont elle a besoin là maintenant, c'est d'être seule. Je t'assure.
Il céda, Nicky savait se montrer très persuasive quand elle le voulait. Elle avait raison, elle n'avait pas dix ans et était tout à fait capable de gérer, et dans le cas contraire elle savait très bien sur qui elle pouvait compter. Il n'était pas son père. Il n'était pas son frère. D'ailleurs qu'était-il réellement pour elle ? Juste un collègue ? Un ami ? Un confident peut-être ? En tout cas pas un pot de colle, il devait la laisser tranquille. Pascal finit par se détendre, riait avec les autres et avait presque abandonné l'idée de la retrouver. Presque. Il voulut récupérer le dossier de Philippe pour enfin le boucler et mettre un point définitif à cette histoire. Mais impossible de le trouver.
- Nicky, c'est toi qui a le dossier de Philippe ?
- Non, il est pas sur ton bureau ?
- Je l'ai chercher partout et non. Et toi Jean-Paul ? - Bah non je l'ai pas touché.
- Dans le bureau de Cassandre.
- Je vais voir attends.
Il s'exécuta mais fut déçu. Il ressortit en faisait non de la tête.
- Mmhhh, il est peut-être toujours dans la salle d'interrogatoire. - Pas con, j'y vais.
Il entra dans la petite salle vitrée depuis laquelle on assiste aux « entretiens ». - Alors heum. Ha ! Te voilà.

Il le saisit, s'apprêta à sortir mais son regard fut attiré par une forme inconnue. Une ombre au tableau. C'était Cassandre, elle était assise là, la tête entre les mains. Il voulait allé la voir mais les paroles de Nicky résonnaient encore dans son esprit. Il se contenta alors de l'observer. Elle ne bougeait pas, comme si elle n'était plus là, vide, comme si d'un coup plus rien n'avait d'importance. Elle restait là, seule dans le silence. Après plusieurs minutes ainsi, elle passa ses mains dans ses cheveux et essuya les quelques larmes qui s'étaient échappées. C'était terrible à dire, mais le malheur lui allait terriblement bien. Il y a des gens comme ça. Sa jambe se mise à trembler. Elle parcourut la salle du regard, avec une certaine appréhension. Pourtant ce n'était pas la première fois qu'elle la voyait. L'hyperactivité de ses membres persistait.
- Mais qu'est-ce qu'il vous arrive Florence ?
Comme si elle l'avait entendu, elle se leva et se dirigea vers la vitre tintée. Il s'approcha à son tour et vit alors son visage rougit. Cet instant, presque suspendu dans le temps lui permit de voir son visage, fatigué, non épuisé. Elle était épuisée et en train de craquer. Il posa sa main sur la vitre et la caressa , imaginant que c'était la peau de Florence qu'il touchait. Elle appuya sa tête contre la fenêtre et articula quelque chose d'inaudible, mis à son tour sa main sur la vitre et la fixa un moment. Puis son visage se durcit brusquement.
- Tu pète complètement les plombs. Soupira-t-il.
Sa pensée fut interrompue par le choc de la main de Florence dans la plaque de verre.
- Merde !
Il se précipita dans la salle et retrouva la commissaire, assise, contre le mur, son poing abîmé enfoui dans son pull. Quelques gouttes de sang s'écrasèrent au sol. Il s'accroupit et regarda la main sans dire un mot. Elle était rouge, des bleus apparaîtraient certainement dans les jours à venir. Cassandre n'avait jamais été aussi mal, ses yeux étaient perdus dans le vide, des larmes arrivaient encore mais elle ne semblait pas s'en rendre compte. Pour l'instant, il n'y avait rien à faire, juste rester là et attendre un signe. Elle leva la tête vers lui, inutile de dire quoi que se soit, il avait comprit. Il s'assied à côté d'elle et la serra contre lui.L'effet calmant fut immédiat.
- Vous voulez pas m'expliquer ce qu'il se passe ? Fit-il doucement en caressant son épaule.
- Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Soupira-t-elle.
- Bah, ce qu'il vous arrive pour que vous fracassiez votre main dans une vitre par exemple. Précisa- t-il avec compassion.
- Je sais pas. Je ne comprends pas ce que j'ai. Je devrai être heureuse, Philippe est sortit, sa dette est presque payée, mon fils me reparle. Énuméra-t-elle dans le vide.
- Et pourtant vous vous êtes enfermée ici. Toute seule. Pourquoi ?
Elle se releva, marcha quelques temps dans la pièce, sous l'œil inquiet du capitaine. Elle ne semblait même pas avoir mal, on aurait dit que la douleur ne l'atteignait pas. Le sang qui s'écoulait n'avait pas non plus l'air de la déranger.
- Je suis fatiguée Pascal.
- De quoi ?
- Mais de ça là. Fit-elle en désignant la pièce de ses mains. Ça fait maintenant des années que j'entre et que je sors de cette salle. Que j'interroge des personnes et qu'on les arrête. J'me suis jamais posée de questions. Mais je me rends compte que ce métier me bouffe de l'intérieur. Expliqua-t-elle en frappant sa poitrine. Vous vous rendez compte que j'ai arrêté mon ex mari, le père de mon fils, un homme que j'ai profondément aimé pendant des années. Poursuivit-elle alors que les larmes s'accéléraient.
- Vous n'avez pas eu le choix.
- Justement. Personne ne devrait être contraint de vivre ça. Je sais, c'est moi qui ai voulu rester mais... Il me déteste, et je le comprends. C'est quoi la prochaine étape ? Mon fils ? Mes amis ? Vous ? Finit-elle plus doucement en le regardant dans les yeux.
- Moi ?
- Pourquoi pas ? C'est vrai, ce boulot, c'est, c'est un piège. Il est passionnant, il est excitant même. Mais il fou en l'air tout ce que j'ai construit. Pourquoi vous y échapperiez ?
- Ok, temps mort. Fit-il en se relevant. Il s'approcha et la prise par les épaules. Ça fait combien de temps que vous n'avez pas dormit ?
- J'en sais rien, mais vous m'écoutez ? Ce boulot est dangereux, j'aurai dû écouter ma mère. Si vous tenez à rester sain d'esprit, un conseil, changez en. Parce que moi là vraiment, je commence à devenir folle. Continua-t-elle en s'agitant.
- Florence, écoutez moi. Vous êtes vraiment épuisée, cette histoire vous a secouée, c'est normal, mais vous l'avez innocenté.
- C'est pas le problème. Le problème c'est que ça puisse arriver.
- Vous auriez préféré être à la place de Catherine ? Ne rien savoir, ne rien comprendre.
- Peut-être oui. Je n'aurai pas eu cette responsabilité ni ce conflit que j'ai maintenant.
- Très bien. Fit-il en croisant les bras. Et qu'est-ce que vous voulez faire ? Démissionner ? Prendre votre retraite à cinquante ballets ?
- Pourquoi pas ?
- Arrêtez, vous l'aimez ce métier, sinon vous seriez partit depuis longtemps. Ce que vous avez vécut , j'imagine à quel point ça a été dur mais c'est pas pour ça que vous devez tout balancer. Vous devriez prendre quelques jours de vacances. Ça vous éviterais de faire une belle connerie.
- Parce que vous savez ce qui est bon pour moi ?! Je vous dit que je suis fatiguée ! Fatiguée de voir que je ne peux même plus faire confiance à ma propre famille, fatiguée de voir qu'il y a encore des salauds, malgré tout ce que l'on fait. Vous comprenez ça !
- Oui, calmez vous Florence. Tenta-t-il pour l'apaiser.
- Non ! Non je me calme pas, je veux pas me calmer !
Il ne savait plus comment gérer sa crise. Mais le devait-il ? Si elle avait besoin de sortir ce qu'elle ressentait, qui était-il pour l'en empêcher ? D'un coup elle s'arrêta.
- Vous voulez pas me prendre dans vos bras ? Demanda-t-elle désespérée.
Il sourit et s'exécuta, pressant sa main dans la nuque de Cassandre qui l'enlaça.
- C'est vrai que fais n'importe quoi ?
- ( rire ) Je pense surtout que vous n'avez pas les idées claires en ce moment. Ça vous a fait du bien au moins ? Demanda-t-il d'un ton plus léger.
- Pas vraiment. Soupira-t-elle en remontant ses mains le long du dos de Roche. Merci Pascal.
- Qu'est-ce que vous feriez sans moi hein ?
- ( rire ) J'ai pas envie de rire.
- Ah pardon. Je crois que vous en étiez à « je ne veux pas me calme ». Je vous en pris, continuez.
- Arrêtez de vous foutre de moi.
Il rit, puis reprit un air plus sérieux.
- Vous le pensiez vraiment quand vous parliez de démissionner.
- Je sais pas, je sais plus là.
Il la tenait toujours, c'était agréable, le silence pour seul témoin. Il la berçait doucement et cela semblait la calmer.
- Je veux pas que vous partiez Florence. Chuchota-t-il
Elle ne put s'empêcher de sourire à sa remarque.La commissaire s'écarta un peu pour le voir.
- Je vais prendre des vacances alors. Dit-elle ironiquement.
- Ouais c'est bien les vacances. Tant que vous revenez.
- J'ai encore des raisons de rester. Je vous le promets. Rassura-t-elle en souriant.
- C'est mieux quand vous souriez. Remarqua-t-il en essuyant sa peau encore humide à cause des larmes.
Sans savoir pourquoi, sa main caressa le visage de Florence qui le fixait avec un regard indéfinissable. Il dégagea une mèche en souriant.
- Pourquoi vous souriez ? Articula-t-elle.
- Vous êtes... tellement belle. Dit-il sans s'en rendre compte.
Elle sourit à son tour, un peu surprise, mais ce compliment la rassura parce qu'il semblait sincère.
- J'ai de la chance de vous avoir. Murmura-t-elle en posant timidement sa main abîmée sur son épaule.
- Non, c'est moi qui ai de la chance. Renchérit-il.
Il s'avança, hésitant et lui vola un baiser qu'elle lui rendit presque aussitôt. Sans parler, ils s'embrassèrent de nouveau, doucement, profitant de chaque seconde.
- Alors tu l'as trouvé... Oh... Fit la voix de Nicky en entrant dans la pièce. Mais les deux policiers ne semblaient pas l'avoir entendue puisqu'ils ne détournèrent même pas le regard. Nicky sourit et referma silencieusement la porte.
Il y avait plus romantique comme premier baiser mais il était... parfait. Il était arrivé au bon moment. Était-ce un baiser pour se rassurer ? D'amitié ? Ou était-ce plus que cela ? En tout cas il faisait du bien. C'était un secret, leur secret. Du moins, le croyaient-ils.

Cassandre~OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant