Os n•6

3.3K 38 22
                                    

Annecy est une ville de presque cent trente mille habitants. Ses paysages sont magnifiques, envoûtants, presque paradisiaques. La vie là-bas est agréable, pas toujours simple, mais très agréable. Surtout ces derniers temps. Florence et Pascal qui travaillaient ensemble depuis près de cinq ans maintenant, s'étaient beaucoup rapprochés. Ils étaient amis, de vrais amis, mais ni l'un ni l'autre ne croyaient vraiment à l'amitié homme-femme. Tout le monde savait qu'il y avait autre chose entre eux, de plus fort. Il ne s'était encore rien passé, pourtant, il se dégageait d'eux un lien du style à la vie à la mort. C'était sûrement dû à leur travail qui exigeait une telle relation. Mais non, c'était différent, cela allait au-delà de leur travail. Cet état quasi fusionnel rendait l'ambiance du commissariat très particulière.
Mais cette tranquillité fut malheureusement de courte durée. Un soir, alors que tout le monde était partit sauf Cassandre, une jeune femme arriva, et chercha désespérément quelqu'un qui visiblement n'était pas là. La commissaire attirée par le bruit sortit de son bureau et s'avança vers la femme blonde, prête à l'aider. Son air compatissant la quitta bien vite quand la personne se retourna. Elle eu même un mouvement de recul. Comment était-ce possible ? Elle était en prison depuis quatre ans.
- Commissaire ? Vous n'êtes pas heureuse de me revoir ? Demanda, faussement étonnée la jeune femme.
- Joséphine ? Qu'est-ce que vous foutez là ? Rétorqua Florence sur un tout autre ton.
- Je suis en permission. Répondit-elle fièrement.
- Bah voyons. Elle se dirigea vers son bureau pour téléphoner mais Joséphine l'en empêcha. Lâchez moi.
- C'est pas vous que je veux voir, restez en dehors de ça.
- Pascal n'est pas là.
- J'avais remarqué. Mais c'est pas grave, je sais encore où il habite. Expliqua-t-elle en allant vers la porte, cette fois c'est Florence qui la retint.
- Je vous interdis d'aller le voir.
- Ah bon ? Et pourquoi ? C'est interdit d'aller rendre visite à un vieil ami ?
- Il est hors de question que vous refassiez votre cinéma comme il y a quatre ans. Il a mis des semaines à s'en remettre.
- C'est vous qui l'avez attendrit comme ça ? Avec moi, il était beaucoup plus... Enfin vous voyez.
- Vous êtes toxique, égoïste. Vous l'utilisez, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien et vous repartez. Et c'est moi qui le récupère et dans un sale état.
- Je savais pas que vous étiez sa mère. J'en déduis que ça n'a pas bougé entre vous depuis tout ce temps. En même temps ça ne m'étonne pas. La provoqua-t-elle en la regardant de bas en haut. Bien, c'était très agréable de discuter avec vous mais j'ai des choses à faire.
- Vous n'irez nulle part tant que je n'ai pas appeler la prison.
Joséphine finit par sortir un papier qu'elle lui tendit. Un papier d'autorisation de sortie.
- Les prisons sont pleines, c'est pas à vous que je vais l'apprendre. Vous pensez que la direction à le temps de répondre au téléphone, surtout quand c'est pour remettre en cause une de leur décision.
Elle reprit le chemin de la sortie mais Florence s'interposa à nouveau.
- Joséphine. Attendez, s'il vous plaît. Si vous tenez à lui, laisser le en dehors de vos histoires.
- Je ne ferai rien qui puisse lui causer de problème. Quoi que vous pensiez, Pascal je fais tout pour le protéger.
- Si c'était vrai, vous le laisseriez tranquille.
- Je peux y aller commissaire ?

Elle soupira et finit par s'écarta. Joséphine quitta le commissariat sans prêter attention à Florence qui la suppliait encore de ne rien faire. Celle-ci ne comprenait pas pourquoi elle s'entêtait à ce point. Ou plutôt si. Et justement cela l'énervait. Depuis quatre ans, Joséphine n'était plus là, et elle si, elle avait toujours été là quand il le fallait. Et sous prétexte que son ex refaisait surface, il fallait tout lui céder. Non, hors de question. Était-ce de la jalousie ? Peut-être un peu, mais Florence préférait dire que c'était de la prudence. Elle se rassied, devait-elle prévenir Pascal avant que Joséphine n'arrive ? Elle avait raison sur un point. Pascal n'était plus un enfant et encore moins le sien. Et puis elle avait confiance en lui. On ne fait pas deux fois la même erreur. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher d'être inquiète.
- Et merde. S'énerva-t-elle en fermant son ordinateur qui lui faisait de l'œil.
Du côté de chez Pascal, le capitaine était en pleine préparation d'un repas dont il a le secret. Sa concentration fut perturbée par son interrupteur. Il baissa le feu de sa plaque et alla ouvrir. Sa réaction était assez similaire à celle de Cassandre. Aucun mot ne sortirent, ses yeux étaient ronds.
- Tu me fais pas rentrer ? Fit Jo de sa petite voix.
- Si, si rentre. Acquiesça Pascal incapable de dire autre chose.
- Toujours aussi sympa chez toi. Commença-t-elle en regardant le lieu sous l'œil interrogateur de Pascal. Ça aussi c'était sympa. Rappela-t-elle en montrant le lit.
- Qu'est ce que tu fous là ?
- Mais qu'est ce que vous avez tous avec cette question !
- Qui ça tous ?
- Toi et ta commissaire.
- T'as parlé à Florence ? Demanda-t-il en lui prenant le bras.
- Oui. Elle est toujours aussi coincée. Tu l'aurais vu là « je vous interdis d'aller le voir » « na na ni na na na ». Elle me faisait presque pitié. Elle est toujours aussi mordue. C'est sûrement pour ça que ça lui faisait pas plaisir de me voir. Expliqua-t-elle en souriant.
- Qu'est ce que tu veux Jo ?
- Ma parole mais elle déteint sur toi. Ça te fais rien de me voir ?
- Réponds, tu veux quoi ?
- Pfff. Bon, j'ai besoin d'un petit coup de main pour régler un truc.
- Quel truc ?
- Avant d'aller en tôle, y a un type qui m'a piqué un truc et j'aimerai bien le récupérer.
- Et c'est quoi ? Et le type c'est qui ?
- Ho ça va, j'ai pas besoin du flic.
- Alors casse toi. Rétorqua-t-il en retournant à ses fourneaux
Elle continua son tour du propriétaire et tomba sur des photos du commissariat. Ils avaient l'air heureux. Roche et Cassandre étaient souvent l'un à côté de l'autre, de quoi suffisamment agacer Joséphine pour qu'elle accepte d'en dire plus.
- C'est un bijou qui était à ma sœur. Il me l'a piqué en prison. C'est là que je l'ai rencontré.
- Son nom ?
- Non, ça je peux pas. C'est trop dangereux. Bon je vais pas te supplier non plus ! Soit tu m'aide soit tu m'aide pas !
- D'abord on va manger. On verra après. Finit-il par dire pour calmer le jeu. Il voulait en savoir plus et ce n'était pas en la braquant qu'il y arriverait. Et ces plats avaient réputation de délier les langues.
Florence tournait toujours en rond, il était trop tard pour appeler la prison. Elle devait parler à Pascal d'abord. Elle se décida à lui envoyer un message et resta à attendre sa réponse, une minute, cinq minutes puis dix, puis elle arrêta d'attendre. Pascal n'entendait pas son portable. Il était trop occupé à écouter l'histoire de Joséphine.

Cassandre~OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant