Chapitre 8.

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L'alarme de mon réveil sonne. Je l'avais programmé pour cinq heures car je devais rejoindre Louis à l'aube.

J'émerge tranquillement. Au moment où je veux me lever pour m'habiller, je sens un poids sur mon ventre. Louis. Putain, mais qu'est-ce qu'il fout encore là? Il avait dit qu'il partirait bordel! Et moi je l'ai cru, comme un idiot.

Je saute hors du lit et secoue Louis dans tous les sens. En vain, il finit par se réveiller en rogne, bien évidemment.

"Oh! Ça ne va pas de m'agiter comme ça!" hurle-t-il.

"Moins fort! Qu'est-ce que tu fous encore là?"

"Je dormais."

"Merci, j'ai bien vu mais, t'avais dit que tu partirais. Si ma mère te voit elle va poser un nombre incalculable de questions et-"

"J'ai oublié de me réveiller. C'est bon." me coupe-t-il.

"Dépêches toi de sortir! Je n'ai pas envie que ma mère nous surprenne tous les deux, dans ma chambre, avec toi dans mon lit."

"T'as honte?" me demande-t-il.

"Honte de?"

"D'avoir dormir avec un garçon." réplique-t-il.

"Pour la troisième fois." finit-il par rajouter.

"C'est pas le moment de parler de ça, Louis. Lèves toi et sors en vitesse, je t'en supplie."

"Très bien. Je t'attends toujours au bout de ta rue. À toute."

Il enfile ses vêtements, ébouriffe ses cheveux et saute par la fenêtre. Je jette un coup d'oeil dans le jardin pour voir s'il n'a rien de cassé. Il me regarde, je n'arrive pas à lire l'émotion qui ressort de son regard. On dirait qu'il est triste et à la fois.. Enervé. Il s'en va. Après seulement une dizaine de pas, je ne l'aperçois plus. J'ouvre mon armoire et cherche un pantalon noir que j'enfile avec un t-shirt noir et un chapeau, encore noir. Je descends et ne prends pas la peine de déjeuner pour ne pas retarder Louis. Je sors de la maison, passe le portail et me dirige vers lui.

"Tu as pris 15 minutes." dit il, faisant mine de regarder sa montre d'ailleurs, inexistante.

"Puis-je me permettre de te dire que tu n'as pas de montre?"

"Ah oui."

Je rigole de sa bêtise.

"Tu es un petit marrant, toi."

Il sourit. Je crois qu'il aime bien quand je le complimente.

"Tu veux faire quoi aujourd'hui?" rajoutais je pour couper l'instant de silence qui venait de s'interposer.

"Je voudrais bien que tu me fasses visiter ta ville."

"Elle n'a rien d'exceptionnel."

"Elle a pourtant l'air de renfermer des tonnes de secrets."

"Sûrement."

"S'il te plait. Je ne demande qu'à voir ce que cette ville a à nous faire découvrir."

J'acquiesce de la tête.

"C'est parti. Mais si quelqu'un nous demande qui tu es-"

"Je dis que je suis un ami à toi."

"Alors là, tu m'épates."

Louis décide de vouloir voir toute la ville entière. Après être passés dans toutes les rues, lui avoir montrer la bibliothèque, la mairie et même avoir pris des croissants à la boulangerie, nous nous asseyons sur un banc dans le parc du centre-ville.

Je lui raconte que je venais tous les soirs après l'école, jouer ici avec mes amis. Et que, même au lycée, je continuais à venir. Je lui dis que ce parc c'est comme une partie de mon enfance, de moi. Il m'écoute mais ne dis rien à part quelques gémissements du style "mh" "d'accord." Il a l'air contrarié.

"Qu'est-ce que j'ai fais?" l'interrogeais-je tout en mâchant mon croissant.

"On rentre. Il se fait tard."

Il se lève et ignore ma question. Je l'attrape par le poignet et le force à se rassoir. Il s'exécuta.

"Putain Louis. Dis moi!"

"Rien, Harry. Absolument rien."

"Alors pourquoi tu laisses paraître que tu t'en fous complètement de ce que je te raconte?"

"C'est pas ça. Laisse tomber."

"Non je ne laisse pas tomber. Qu'est-ce qui te tracasse?"

"T'as honte d'être aussi proche d'un gars, c'est ça?"

Il se positionne debout en face de moi et me fixe.

"Tu vas pas remettre ça sur le tapis? Pas avec la superbe journée qu'on a passé ensemble!"

Je ne comprends pas, on était bien et, il a tout gâché.

"Non. C'est pas moi qui aie tout gâché, Harry. C'est toi."

Et, il s'en va. Me laissant seul sur le banc. Je ne sais même plus ce que je dois faire. Le retenir? Lui courir après en lui disant que je suis désolé? Ou le laisser partir et peut-être ne plus jamais avoir la chance d'un jour le revoir? Je décide de lui courir après. Je ne peux quand même pas le laisser partir. Pas après tous les bons moments passés avec lui. Toutes ces fois où à l'heure de dormir, il glissait ses bras sur ma taille. Toutes ces fois où je l'ai fait sourire et inversement. Il y'a tellement de raisons de ne pas le quitter. Et puis, il n'a peut-être pas tord, j'ai honte de dormir avec un garçon mais ce qu'il ne comprend pas, ce que c'est différent avec lui. Je lui ai demandé de sortir de ma chambre par peur que ma mère nous surprenne mais je n'aurai sûrement pas dû le faire, elle ne monte jamais me voir. Je le retiens par le poignet. Il se retourne subitement.

"Qu'est-ce qu'il y'a encore?"

"Je suis désolé.."

"Tu as de quoi l'être."

Il est mal. Et par ma faute.

"Je veux rester avec toi, dans la forêt."

Il ne transmet aucune émotion. Il reste indifférent à tout ce que je lui dis. Il s'en fout même.

"Je veux qu'on soit seuls, tous les deux."

Il lève son regard vers mes yeux et je crois apercevoir un sourire. Pas celui que je désirais voir. Juste un léger sourire.

"Juste toi et moi, Louis." rajoutais-je espérant voir apparaître ce fameux sourire que j'aime plus que tout au monde depuis que je l'ai vu pour la première fois et c'est ce qu'il fait.

Je lui retourne le geste et souris. On reste un bon moment comme ça souriant, tous les deux en plein milieu du chemin du parc. On a peut-être l'air de deux imbéciles mais, franchement je m'en fiche totalement. Tout ce qui compte c'est lui et ses yeux bleus, lui et ses cheveux ébouriffés, lui et son petit nez retroussé, lui et son sourire tellement mignon, lui et moi. Il finir par rompre le silence.

"Viens." il me tend la main pour que je.. La prenne?

"Je-"

"Oui, tu peux."

J'approche ma main de la sienne et enlace mes doigts aux siens. Il sert la poigne plus fort. Et me tire pour que j'avance. La nuit est en train de tomber. On commence à marcher dans le plus grand des silences, tous les deux en direction de la forêt, main dans la main en se foutant de ce que pourraient penser les gens. Pour une fois dans ma vie, je n'ai pas honte de tenir la main d'un homme. La main de Louis. Juste Louis.

The Creature.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant