Chapitre 9.

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On approche de plus en plus de la forêt, toujours main dans la main.

"Louis?" dis-je coupant le silence qui devenait pesant.

"Oui?"

"Euh..je..j'aimerai récupérer quelque chose dans ma chambre juste avant de partir pour je ne sais combien de temps."

"De quoi as-tu besoin?"

"De mon..journal intime." répondais-je gêné.

"Un journal intime? Je pensais que ce n'était que les filles qui en avaient!" s'exclame-t-il en rigolant.

"Ne te moque pas de moi s'il te plaît, j'en ai un depuis l'âge de mes huit ans. Et depuis, je n'arrive plus à m'en séparer. Il me le faut vraiment." rétorquais-je.

"Pour quoi faire?"

"Normalement, j'écris chaque jour ou presque dessus mais depuis que je te connais, je n'y ai pas touché simplement parce qu'en partant de chez moi cette nuit-là je n'avais pas penser y rester autant de temps. Et là, mon besoin d'écrire ce que je vis ou ressens en ce moment-même s'intensifie. J'ai vraiment besoin de m'exprimer, tu comprends? Alors il me le faut vraiment."

"Pourquoi tu ne me dis pas tout ce que tu ressens au lieu de l'écrire, c'est pas mieux de parler avec quelqu'un plutôt que de l'écrire sur du papier?"

"Non. Pas pour moi. Je t'en supplie Louis, laisses moi aller le chercher."

"Non." dit-il. J'espérais qu'il comprendrait mais apparemment ce n'est pas le cas. "Je vais y aller, moi." Mon sourire apparaît instantanément.

"Merci beaucoup."

J'ai envie de le prendre dans mes bras mais, je n'ose pas. C'est frustrant de vouloir serrer quelqu'un dans ses bras mais ne pas oser le faire parce que la personne en question est un homme. Je ne sais même pas, si lui aussi en a envie.

"Si. J'en ai envie. Viens." me dit Louis, ouvrant ses bras.

Je suis légèrement gêné mais m'approche de lui, enfouis ma tête dans son cou et, serre mes bras autour de sa taille.

Après un court instant très agréable, il desserre notre étreinte m'en laissant seul, sur place et lui, partant dans la direction opposée de celle que nous avions pris pour revenir chez Louis. Je fais quelques pas quand je me retourne, il n'est plus là.

"Louis! Où es-tu?"

"Reviens!"

"J'ai peur sans toi."

Je me mets à crier et m'inquiète. Je ne sais pas où je suis et pas non plus, comment rentrer. Je suis perdu. Il n'y a plus qu'à l'attendre, espérant qu'il reprenne le même chemin que nous avions pris, celui qui mène à moi. Je m'assois par terre en tailleur et attends impatiemment son retour. Je tente de faire passer le temps par tous les moyens, je chante, je joue avec la terre, je compte les arbres qui m'entourent quand soudain, j'entends des crépitements. Je me redresse et cherche d'où provient le bruit.

"Ce n'est que moi, Harry."

"Louis?"

"Oui."

Je l'aperçois enfin. Il me restitue mon journal intime.

"Tiens, j'espère que c'est ça."

"Oui, c'est ça."

Je le saisis. Il n'est pas fermé.

"Il manque la clé."

"Elle n'y était pas quand je l'ai trouvé. Il était même ouvert, je pense que tu étais entrain d'écrire quand tu es partis à ma recherche."

"Tu n'as pas tord. Je devais en plus, le prendre avec pour retranscrire mes escapades nocturnes. Mais la clé n'était pas à côté?"

"Non. Il n'y avait que ton journal."

"Sûrement. Et personne n'a remarqué ta présence?"

"Non. La maison était vide."

"Tu es sûre qu'il n'y avait personne."

"J'en suis certain."

"Et bien, merci."

Je sens sa main frôler la mienne. Il la prend et la relève à la hauteur de son regard.

"Pourquoi ta main est remplie de terre?"

"Je m'ennuyais à t'attendre, alors, je me suis mis à jouer avec la terre."

Il me la caresse, laissant tomber des grains de terreau et finit par déposer une lignée de baiser, partant du dos de ma main et descendant jusqu'à la phalange de mon majeur. Il me lance un regard chaleureux. Je détourne le regard, rougis subitement et retire ma main.

"Je crois qu'on devrait rentrer."

Il a l'air déçu mais je ne peux pas faire autrement, c'est gênant. Qu'on se câline, ça passe mais malgré que j'aime son geste, je suis mal à l'aise. J'espère qu'il le comprendra.

Le reste du trajet se déroule dans le plus grand des silences. Un silence assez embarrassant. Louis n'a pas l'air fâché, il a l'air..je ne sais pas. Je n'arrive pas à décoder ce qu'il est possiblement en train de ressentir. C'est frustrant, d'habitude j'arrive à savoir ce qu'il ressent, parfois je me dis que j'aimerais avoir son don, si on peut appeler ça ainsi, ça doit être cool de pouvoir savoir les pensées des gens autour de toi. Savoir ce qu'ils ressentent même si se sont de banals inconnus doit être amusant. D'ailleurs, je me demande, est-ce qu'il a appris à lire dans les pensées ou alors c'est venu tout seul et c'est une sorte de pouvoir qu'on les personnes de son espèce? Je n'aime pas ce mot "espèce." On dirait que je parle d'un animal, tandis que moi, je trouve Louis complètement normal. Mais je n'ai pas d'autre mot, après tout ce n'est pas un humain..ou peut-être l'a-t-il déjà été? Je ne pense pas. Faudrait que je lui pose la question un de ces jours. Mais bon, pas maintenant. Je n'ai pas le courage de rompre ce pesant silence.

Par chance ou pas c'est Louis qui le fend :

"Oh Harry, tu penses trop! Cesse. J'ai affreusement mal à la tête. Tu penses tellement, que tout résonne dans ma tête et, je ne comprends rien. Tout reste un brouhaha incessant. C'est frustrant." dit-il l'air grognon.

"Excuses-moi." déclarais-je. "Pourquoi c'est frustrant? Ce genre de choses doivent t'arriver souvent non?" finis-je par rajouter. Il est hors de question que je laisse de nouveau ce foutu silence revenir faire surface.

"Justement. C'est la première fois que ça m'arrive. C'est comme-ci..tu supprimais mes pouvoirs."

"Mais pourquoi cela arrive-t-il maintenant? Si je supprimais tes pouvoirs, tu n'aurais jamais lis ne serait-ce une seule fois dans mes pensées."

"C'est vrai. Je ne comprends pas et, ça me frustre encore plus!" crit-il.

"Tu n'as pas besoin de t'énerver bon sang. J'y suis pour rien moi."

J'essaye d'adopter un ton assez calme.

"Bien sûr, tu n'y es pour rien. Allez. Bref, arrête de parler, de penser car ça m'agace." finit-il par lâcher avec fermeté.

Je décide de ne pas répondre. Ça m'a blessé. Énormément. Qu'est-ce qu'il lui prend pour me crier dessus ainsi? Je ne comprends pas comment je peux stopper ces pouvoirs comme il dit comme ça, du jour au lendemain. Et, si c'est le cas, je ne le fais pas exprès. Je ne comprends pas son changement de comportement soudain. Je ne comprends rien non plus. Et il a raison, quand tu ne comprends rien c'est putain de frustrant.

Nous rentrons enfin chez lui après ce trajet extrêmement embarrassant. Aucun de nous deux ne s'adresse la parole. Je passe le seuil de la porte et prends directement la direction de la chambre, lui, empreinte la direction inverse, menant à un lac. Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil par la fenêtre. Mais que fait-il? Il se dévêtît. Mais pourquoi? Ne me dites pas qu'il va se laver dans le lac. Mais Harry, retourne toi, il risque de t'apercevoir. Trop tard. Il se retourne et nos regards se croisent mais il baisse la tête, faisant mine de ne pas m'avoir vu. Mais c'est quoi son problème à lui, je suis déçu. Pendant que Louis prend sa douche, je vaque à mon occupation favorite, l'écriture de mes ressentis dans mon journal intime.

The Creature.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant