Chapitre 1.

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Je sors de ma poche mon téléphone rayé, la lumière de l'écran m'explose les yeux. L'heure affiche 22h54. Merde! J'étais sensé revenir au village pour 16h30. Mais je suis là, dans cette forêt, à la recherche de la bête. Qu'est-ce que je fous là? J'en ai aucune idée. Ce monstre m'attire tout simplement. J'adore le fait qu'il puisse effrayer tous les villageois. Sauf moi.

J'ouvre mon sac à dos et retire un sac de couchage vert kaki. Je compte dormir ici cette nuit. Je me suis levé à l'aube pour tenter de trouver l'endroit où se cache la bête donc je suis crevé. Je n'ai pas l'habitude de me réveiller aussi tôt. Une lampe torche à la main, je rassemble un tas de feuilles de la longueur de mon sac pour former une sorte de matelas. Je glisse mon corps à l'intérieur et dépose mon téléphone près de moi. J'observe le ciel et ses milliers d'étoiles. Quelques minutes plus tard, mes yeux se ferment.
J'étais sur le point de m'endormir quand soudain, j'entends un bruit, comme si des branches se craquaient. Je me redresse et regarde d'où pourrait provenir ce bruit et je vois que mon téléphone vibre. C'est sûrement ma mère qui m'appelle. J'hésite à vérifier mais le fais tout de même.
C'est bien elle. Je décroche.

"Allô?" dis-je.

"Harry, tout va bien? Tu étais censé rentr-"

"Oui maman, je vais bien. Très bien même." la coupais-je.

"Tu rentres quand?" me demande-t-elle.

"Je ne rentre pas. Je dors dans la forêt."

"Quoi?" sa voix se fend.

"Tu as bien entendu maman. Je passe la nuit ici et tu ne parviendras pas à me faire changer d'avis. Tu sais comment je suis. Têtu, comme papa."

"Harry, ce n'est pas raisonnable et c'est trop dangereux. Je veux que tu rentres."

"Je me suis déjà installé. Je suis fatigué maman. Je suis de retour demain, c'est promis. Bonne nuit."

Je raccroche. J'ai bien fais de répondre, ça la rassurer un minimum d'entendre ma voix. Elle sait que je suis toujours en vie pour le moment.
J'éteins mon téléphone. Je ne veux plus être dérangé. Mes paupières se referment toutes seules, la fatigue prend le dessus. Je tire la fermeture éclair du sac et m'endors.

**

Je suis réveillé quelques heures plus tard, par un bruit étrange. Je ne sais même pas l'heure qu'il est puisque mon téléphone est éteint et je ne prends pas la peine de l'allumer. Je sors du sac de couchage, étire mes bras et lâche un léger bâillement. J'allume ma lampe torche et éclaire les environs à la recherche de la source du bruit.
Je ne vois rien mais continue de l'entendre. J'attrape au sol un bout de bois et pivote sur moi-même à la recherche de la bête, ça ne peut être qu'elle.

"Allez. Sors de ta cachette. Si tu ne sors pas, je vais finir par croire que c'est toi qui a peur de moi alors que ça devrait être le contraire." dis-je en rigolant.

Je reste immobile, écoutant attentivement. Bon Dieu, quand va-t-elle apparaître? Un peu d'action, s'il vous plaît.
Je me demandais si ce n'était pas mon imagination qui me jouait des tours quand soudain, une main se pose sur mon épaule tandis qu'une autre m'arrache le bâton que j'avais attrapé quelque minutes auparavant. Je me retourne et puis, plus rien. Trou noir.

**

Mes yeux s'ouvrent petit à petit, ma vision est flou et j'ai affreusement mal à la tête. J'amène ma main à la zone de douleur et frotte, remarquant une bosse.
Il me faut quelques secondes de répit pour comprendre que je suis allongé dans un lit qui m'est inconnu. Je me relève doucement afin de ne pas empirer la douleur et jette un coup d'oeil à la pièce dans laquelle je me trouve.
Il fait sombre, froid. Je me retourne et me retrouve face à un homme, il se tient dos à moi. Je me frotte les yeux et l'examine de très près. Il est assez grand, a les cheveux lisses et bruns en bataille. Serait-ce lui la bête? Non, sûrement pas. Il se retourne et me regarde droit dans les yeux. Il est jeune, il a sûrement la vingtaine. Ses prunelles sont bleues et son visage comporte un bon nombre de griffures.

"Ça va pas trop mal?" dit-il en ricanant.

"Non, ça va. Qui êtes-vous?" demandais-je.

"Qui es-tu. S'il te plaît, je ne suis pas si vieux que ça pour être vouvoyé." répondit-il, un sourire narquois aux lèvres.

"Très bien. Qui es-tu?" lâchais-je dans un soupire.

"Tu devrais le savoir."

"Si je vous, te demande" me rattrapais-je. "C'est que je ne sais pas." dis-je agacé.

"Quel était ton but en venant ici? Je veux dire, dans la forêt, en pleine nuit?" me questionne-t-il.

"Je suis venu pour capturer la bête."

"La bête?"

"Oui. Tu sais, celle qui tue et mange les gens de mon village."

"Es-tu certain que ce soit une sorte d'animal?"

"Qui d'autre à part un animal tuerait et mangerait des humains?"

"Je ne les mange pas." répond-t-il en appuyant sur le "je."

Quoi? Ai-je bien entendu ce qu'il vient de me dire? Je ne rêve pas. Il m'a bien dis "Je ne les mange pas." Si j'assemble bien tous les morceaux, cela voudrait dire que la bête que tout le monde craint, n'est qu'au final qu'un simple humain?

The Creature.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant