Omega

Chapitre 6

« Deux. »

Ivan retira la sécurité et posa son doigt sur la gâchette, prêt à tirer, sans voir qu'Ayen s'extirpait du tronc en silence. Alors qu'il ouvrait la bouche pour prononcer le « trois », le bouc fonça sur Ivan et l'envoya contre un arbre. Ayen se précipita sur le pistolet qui avait valdinguer plus loin, et le pointa aussitôt sur le bandit. Celui-ci se figea net.

« Je savais bien que tu étais caché par ici, souffla Ivan.

—Laissez-moi tranquille, murmura Ayen en tremblant, des larmes aux yeux. Je vous en prit, je ne veux pas de tout ça. Laissez-moi.

—...merde. Comment tu veux que je résiste si tu me fais une tête pareil ! Il est hors de question que je laisse tomber, chaton ! Si tu veux que j'abandonne l'idée de t'avoir, il va falloir tirer... mais je tiens à te signaler que tu le tiens à l'envers. »

Ayen grimaça et retourna rapidement l'arme pour pointer le canon dans la direction d'Ivan. L'Alpha se mit à rire. Il n'était pas effrayé pour un sous. Il n'avait pas chargé son pistolet. Il ne voulait pas blesser les animaux de son Omega. Il avait juste voulu lui faire peur pour le faire sortir de sa cachette.

Ayen hésitait. A part des infectés, en défense, il n'avait jamais tué personne. Et il n'en avait aucune envie. Il sentait ses mains devenir moites et trembler. Il se mordit la lèvre et posa son doigt sur la gâchette quand un cri, mêlé à un grognement, retentit sur sa droite. Plusieurs grondements. Des infectés. Ivan se leva d'un bond et se jeta sur Ayen pour reprendre son arme qu'il entreprit de charger. Une majorité d'Aveugle s'approchaient, mais aussi deux Rampants, trois Pleureurs et un Crieur. Les Crieurs ressemblaient aux Pleureurs. Les fleurs leurs sortaient à différent endroits du corps et une racine en particulier leur maintenait la bouche grande ouverte. Leur nom venaient du fait qu'ils avaient tendance à pousser des cris suraiguës qui attiraient les autres infectés. Ivan poussa Ayen derrière lui et tira, touchant les deux Rampants directement à la tête. Leur vitesse les rendait plus dangereux que les autres. Mais ils étaient nombreux. Trop nombreux. Ivan jura entre ses dents et jeta un œil à son Omega.

« Fiche le camp ! Gronda t-il.

—Quoi ? S'étonna Ayen.

—Part ! Dépêche-toi ! Mais t'inquiète pas, chaton, je te retrouverais. Je ne laisserais pas tomber ! Aller, dégage ! »

Ayen hésita l'espace d'une seconde. Ivan était en train de lui sauver la vie, est-ce qu'il devait vraiment partir et le laisser ici ? Il appela finalement Charlotte et grimpa rapidement sur son dos. La vache se mit à courir, suivit par les autres animaux, en direction du nord.

Ivan tira sur quelques infectés et se jeta sur sa moto, allumant le moteur. Il fit autant de bruit qu'il put pour dissimuler le son des sabots. Dès que les infectés furent trop près, il démarra, mais s'arrêta à quelques mètres.

« Aller, essayez un peu de m'attraper ! »

Il refit la manœuvre plusieurs fois, jusqu'à être sûr que le blond était assez loin, puis démarra pour de bon et poussa la vitesse de son véhicule au maximum, dans la même direction qu'Ayen. Oh non. Il n'allait pas laisser tomber.

La vache avait finit par s'arrêter. Elle avait bifurquer trois fois pour éviter des infectés sur sa route, mais elle était épuisée.

« Désolé Charlotte, souffla Ayen en descendant de son dos. Ça va aller maintenant, je vais marcher. »

Il lui caressa le museau avant de vérifier sa boussole. Ils allaient bien vers le nord, il lui suffisait de continuer tout droit. La végétation était particulièrement dense. Par endroit, du goudron brisait le paysage, mais les vieilles routes avaient été cassées par les plantes depuis longtemps. Ayen devait se frayer un chemin dans les ronces. Heureusement, ses compagnons de routes y étaient plus habituer, et l'aidait régulièrement à dégager la voie. Au bout d'un moment, Ayen, toujours perplexe, regarda la vache.