Chapitre 8

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Ayen guérissait bien. Il vivait avec Maeral et Naexi depuis un mois déjà et s'y était presque habitué, même si certaines questions restaient sans réponses.

« Encore quelques semaines de convalescence et tu pourra marcher sans aide, annonça l'Alpha en refaisant son bandage. Cette crème que tu utilise est incroyable. C'est de l'alchimie ?

—Oui. Papa m'a appris à en faire.

—Une rareté de plus à ajouter à ton portrait.

—N'exagère pas... Maeral, je peux te poser une question ? Je n'arrive pas à me sortir ça de la tête depuis que je suis arrivé ici.

—A ce point ? Et bien vas-y, j'ai sûrement une réponse.

—Pourquoi la porte, dans le couloir, est condamnée par des chaînes et de la mousse isolante ? »

L'adulte jeta un œil au couloir. Depuis le salon, il pouvait parfaitement voir cette porte. Une plaque de mousse isolante avait été posée par-dessus, et il avait fixé le tout avec des chaînes, des clous et des planches.

« C'est la porte de la cave, marmonna Maeral. Il y a un Dormeur en bas. »

Ayen n'en croyait pas ses oreilles. Les Dormeurs représentaient le stade le plus avancé de l'infection. La fleur rouge, devenue énorme, l'empêchait de se déplacer correctement. L'hôte était donc dans un état de sommeil permanent, et la plante avait enfoncé ses racines dans le sol, s'assurant de maintenir l'humain en vie en allant y chercher tout les nutriments nécessaires à sa survie. Les Dormeurs étaient donc immobiles et incapables de bouger. Mais si l'hôte dormait profondément, la fleur, elle, était parfaitement éveillée. Elle émanait une odeur qui attirait les autres infectés, afin de s'assurer une protection efficace. Et si jamais cela ne suffisait pas, elle était parfaitement capable de contrôler les bras de son hôte. Ceux-ci étaient recouverts de racines. Des racines qui pouvaient s'allonger, se rétracter, et surtout, attaquer les possibles menaces jusqu'à une très grande distance. Contrairement aux autres infectés, le Dormeur n'avait pas pour but de mordre et de polliniser un nouvel hôte. Son seul but était de tuer. Cela les rendaient terriblement dangereux car même les animaux les craignaient.

« Mais... bégaya Ayen. Qu...qu'est-ce qu'il fait là ?

—Il y était déjà quand Naexi et moi nous sommes installés ici. Assura Maeral. J'ai fouillé la maison pour m'assurer qu'il n'y avait pas de problèmes, j'ai tué quelques infectés qui s'y trouvaient et quand je suis arrivé dans la cave, je l'ai vu. Je l'aurais bien tué, mais j'ai besoin d'être à une certaine distance pour tirer au fusil à pompe. Je ne pouvais pas poser un pied au bas des escaliers sans me faire attaqué, alors j'ai juste barricadé la cave. Avec cette mousse, l'odeur ne passe pas. Et il n'y a pas d'autre entrée. J'imagine que c'était le propriétaire. »

C'était terrible. Ayen n'osait pas imaginer la souffrance que devaient endurer les infectés. Et si ils étaient toujours là, quelque part ? Ceux qui n'étaient pas infectés les tuaient à vu, mais si il y avait un moyen ? Un remède ?

« Mais, remarqua Ayen. Si ses racines s'enfoncent dans le sol, est-ce qu'elles ne risque pas de ressortir par l'extérieur et répandre l'odeur ?

—Je n'y ai pas pensé, mais je ne suis pas sûr qu'il en soit capable. Le sol est en béton et la cave est à un niveau bien plus bas que celui du sol.

—Le béton n'a jamais arrêté les plantes. Il y en a qui poussent sur les immeubles.

—Ne me fais pas regretter de m'être installé ici, s'il te plais. »

Maeral se contenta d'en rire, mais Ayen put facilement déceler de l'inquiétude dans ses yeux. Il n'avait pas pensé à ça. Et si les racines ressortaient ? Et si l'odeur se répandait, attirant des centaines d'infectés dans cette maison ? Ils vivaient là depuis plusieurs années, mais même les racines de la Nimue mettaient du temps à pousser. Elles pouvaient parfaitement avoir mis plusieurs années à faire leur chemin jusqu'à l'extérieur. Maeral se mordit le bout du pouce. Ayen avait remarqué qu'il faisait toujours ça lorsqu'il réfléchissait, ou qu'il s'inquiétait. L'Alpha fut cependant sorti de ses pensées, humant l'air autour de lui.

« Oh... Ayen, appela t-il. Dépêche-toi de prendre trois cachets supplémentaires avant que je ne perde le contrôle. »

Le blond rougit et se jeta presque sur sa sacoche pour avaler ses médicaments. Il en avait fabriqué de nouveaux pour remplir son stock. Maeral et Naexi l'avaient même aidé à récolter les ingrédients. Heureusement, il avait encore une fiole pleine du sang de son père, et Maeral lui avait remplit la deuxième.

L'Alpha se leva en s'étirant.

« Je vais jeter un œil dehors, lança t-il. Le temps que tes médocs fassent effets et pour m'assurer qu'aucune racine ne dépasse. Naexi devrait bientôt revenir de la chasse avec les loups. Reste tranquille en attendant. »

Ayen acquiesça en soupirant. Il ne pouvait toujours pas beaucoup bouger de toute façon. Tout les animaux étaient restés autour de la maison et certains avaient même eu le droit d'entrer puisque l'habitation était largement assez grande.

Il ne se passa que peu de temps avant qu'Ayen entende l'adolescente revenir. Elle ouvrit la porte et laissa les loups rentrer avec elle. Les deux mâles avaient traînés une biche et la jeune fille tenait deux lièvres.

« Salut Ayen ! Lança-t-elle. Regarde, la chasse à été vraiment bonne !

—Je vois ça, souffla l'Omega en plaignant mentalement ces pauvres créatures. Tu veux que je t'aide à les préparer ?

—On a encore de la viande, je vais juste les poser. Où est papa ?

—Il est... »

Ayen n'eût pas le temps de finir sa phrase, qu'ils entendirent des coups de feu provenant de l'extérieur. Il échangea un regard paniqué avec Naexi, et lorsque d'autres coups se firent entendre, plus proches, ils se précipitèrent à la porte. Celle-ci s'ouvrit à la volée, sur Maeral. L'adulte jurait tout en rechargeant son arme.

Du sang coulait sur son bras, provenant d'une profonde morsure à son épaule. Il claqua la porte et cala un vieux meuble cassé devant.

« Ça devrait tenir. Marmonna-t-il en grimaçant. Vous allez devoir sortir par derrière. Des racines sont sorties, elles se mêlent au lierre, c'est pour ça que je ne les avaient pas vu !

—Papa... appela Naexi, les yeux fixés sur la blessure. Papa tu es... ils t'ont... »

La jeune fille avait les larmes aux yeux. Maeral resta silencieux. Les animaux restant étaient tous rentrés avec lui et jetaient des regards paniqués vers les fenêtres où les infectés commençaient à frapper. Les loups grognaient, menaçants, prêt à se jeter sur leurs attaquants. Ayen eu l'impression de revivre la même scène qu'auparavant. Il savait à quel point Naexi devait souffrir, juste en voyant cette marque sur le bras de son père.

Maeral termina de recharger son pistolet et se tourna vers son unique enfant pour lui tendre l'arme.

« Vise la tête. Lança-t-il simplement. »

Naexi écarquilla les yeux. C'était beaucoup trop lui demander. Elle commença à pleurer. Maeral la serra dans ses bras une dernière fois.

« Naexi, murmura-t-il. S'il te plait. J'ai peur que cette fichue plante en moi m'en empêche si j'essaye par moi-même. Après, Ayen et toi, partez, très loin. Sois forte, ma chérie. »

Il s'écarta et essuya les larmes de sa fille, avant de lui mettre l'arme dans les mains. Il mit les siennes par-dessus pour la guider et positionner le canon dans sa direction. Naexi sanglotait, et ce fut lorsqu'elle entendit la baie vitrée se briser qu'elle se décida à presser son doigt contre la gâchette. L'adolescente poussa un cri déchirant en regardant son père s'effondrer. Ayen lui attrapa aussitôt le bras et l'entraîna vers l'arrière de la maison.

« On ne dois pas rester là ! Lança-t-il d'une voix tremblante. Dépêche-toi ! »

Naexi hocha la tête en silence et le suivit. Elle grimpa sur le dos d'un cerf, tandis que l'Omega se hissait sur Charlotte, et les animaux partirent aussitôt en courant. Ils durent bifurquer à plusieurs reprises pour éviter les infectés qui affluaient vers la maison, à l'appel du Dormeur.

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